_: L' Europe et Kyoto QUI n' avance pas s' arrête : ce truisme définit assez bien ce qui s' est passé à New Delhi cette semaine , lors de la négociation sur le changement climatique . Le résultat : une déclaration qui rappelle le protocole de Kyoto , sans aller au-delà . Pouvait- on en attendre plus ? Au fond , non . L' agenda diplomatique est surdéterminé depuis plusieurs mois par l' affaire irakienne , et rien ne peut réellement avancer tant qu' elle n' aura pas été dénouée . Cela est particulièrement vrai de la négociation climatique , qui apparaît en quelque sorte comme le revers de la focalisation américaine sur l' Irak : celle -ci s' explique aussi par la volonté de s' assurer un flot régulier de ressources pétrolières pour faire face à une consommation inextinguible . Le traité sur le climat appelle au contraire à diminuer la consommation . Il y a antinomie des objectifs , que la communauté internationale ne peut résoudre sans la volonté des Etats-Unis . Celle -ci est claire , du moins sous l' administration Bush : Washington ne veut pas du protocole de Kyoto . Signé en décembre 1997 , ce traité fixe aux pays industrialisés l' objectif de réduire de 5 % en 2010 par rapport à 1990 leurs émissions de gaz à effet de serre - dont majoritairement le gaz carbonique , émis par la combustion du pétrole , du gaz et du charbon . La Maison Blanche mène une politique assidue pour tenter de détruire le protocole de Kyoto , en l' opposant au développement économique . Elle a pour l' instant échoué , la communauté internationale confirmant la validité de l' accord en juillet 2001 à Bonn , puis à Marrakech en novembre . A New Delhi , les Etats-Unis ont joué , avec habileté , un jeu négatif . M. Bush avait dit qu' il rejetait le protocole de Kyoto du fait qu' il ne comporte pas d' obligation pour les grands pays du Sud . Il aurait donc logiquement dû soutenir l' effort européen pour amener ces pays à accepter de dialoguer sur d' éventuels engagements futurs . En fait , la délégation américaine a encouragé les pays producteurs de pétrole - Arabie saoudite , mais aussi Venezuela et Nigeria - à contrer cette possibilité . L' affaire ne pouvait dès lors pas avancer , les vrais joueurs - Chine , Inde , Brésil - restant réticents à tout engagement au regard du laxisme américain ( les Etats-Unis ont accrû de 17 % depuis 1990 leurs émissions de gaz carbonique ) . L' Union européenne , cependant , ne semble pas perdre de terrain . Malgré la crise politique qu' elle traverse en ce moment , sa position sur le climat reste cohérente et tenace . Et les Européens semblent avoir fait rentrer durablement dans leur façon de voir les choses sur ce sujet le Japon , le Canada , les pays d' Europe de l' Est et d' une bonne partie des nations " les moins avancées " , notamment en Afrique . Elle ne doit pas faiblir dans cette détermination , essentielle pour l' avenir du monde et , indirectement , pour la paix . Après tout , M. Bush n' est pas éternel , et aucune loi naturelle n' impose aux Etats-Unis de poursuivre ad nauseam un gaspillage énergétique déraisonnable .