_: Chasse aux sorcières ? A chaque changement de gouvernement , la haute fonction publique entre dans un vaste mouvement de va-et-vient au cours duquel duquel les postes les plus importants sont attribués à des personnalités proches du pouvoir politique . Ce système des dépouilles remonte en France aux années 1970 , lorsque Valéry Giscard d' Estaing , nouvel élu à la présidence de la République , a voulu rompre avec la période gaulliste et installer une génération plus jeune , de centre droit , à la direction des rouages de l' Etat . François Mitterrand a amplifié ces changements de postes après 1981 , là encore pour marquer la rupture avec la période précédente . La cohabitation a ensuite freiné ce phénomène , les choix des deux têtes de l' exécutif s' annihilant . Mais , en 1995 , la volonté de contrôle des fonctionnaires par Jacques Chirac et ses hommes a repris le dessus , mêlée au goût de la revanche . En 2002 , le système des dépouilles est en partie légitime . Il l' est lorsque le gouvernement nouveau veut transformer la politique qu' il conduit dans tel ou tel domaine . Ainsi , en matière de sécurité , la nouvelle logique de répression peut expliquer les remplacements qui ont eu lieu depuis mai à la direction de la police ou dans l' administration préfectorale . Ainsi pour d' autres hauts fonctionnaires à la charnière du politique et de l' administration dans les ministères de la justice , de l' éducation ou des affaires étrangères . Les gouvernements sont appelés à gérer des situations de plus en plus complexes , il n' est pas critiquable qu' ils veuillent s' entourer non plus de personnes " aux ordres " , mais de gens compétents qui partagent les mêmes idées . Les remplacements sont moins légitimes lorsqu' il s' agit de placer des amis ou de limoger des adversaires politiques . On ne peut donc que regretter , dans les nominations préfectorales faites cet été , qu' il s' agisse surtout de " remerciements " adressés à des personnalités proches de Jacques Chirac . Comment qualifier les mouvements qui s' amorcent à la tête des grandes entreprises publiques ? Sont sur la sellette , suivant des rumeurs savamment fabriquées , les présidences de La Poste , de France Télécom , d' Areva et d' EDF . On peut critiquer certains aspects de la gestion de Martin Vial , Michel Bon , Anne Lauvergeon et François Roussely . La Poste a des résultats en baisse . France Télécom s' est considérablement endettée dans la période de la bulle Internet et s' est mise en Allemagne dans l' impasse . Areva , société récemment constituée par regroupement des participations du CEA , fait l' objet de deux rapports critiques de la Cour des comptes . EDF a mené une politique volontariste de conquêtes internationales qui suscite certaines contestations . Or , comme trois de ces dirigeants sont proches des socialistes , on voit poindre non pas une critique " professionnelle " mais une chasse aux sorcières . On doit craindre la nomination d' " amis " à la tête d' entreprises de premier plan qui ont besoin de compétence et de stabilité .