_: Culture et politique Jacques Chirac et les deuxièmes Rencontres internationales des professionnels de la culture , dimanche 2 février 2003 : " la culture n' est pas à vendre " JACQUES CHIRAC a rappelé avec force , dimanche 2 février , l' attachement de la France à la diversité culturelle . Il l' a fait à l' Elysée devant nombre d' artistes réunis à l' occasion des deuxièmes Rencontres internationales des professionnels de la culture . Ces Rencontres rassemblent des gens de cinéma , de télévision , de la musique , de l' édition , des arts visuels . Ils s' étaient mobilisés en 1997 contre l' AMI , ce projet d' accord multilatéral libéralisant l' investissement dans le domaine culturel . La bannière des Rencontres proclame : « La culture n' est pas à vendre. » Et Jacques Chirac , fidèle à un propos qu' il tient depuis longtemps , leur a donné raison : « La culture ne doit pas plier devant le commerce. » Dans le champ des oeuvres de l' esprit , le marché ne doit pas être le seul et unique principe organisateur , sauf à laminer la diversité . Le président propose que l' Unesco prépare une convention érigeant la diversité culturelle en principe du droit international . Il entend que la Commission de Bruxelles garde soigneusement la culture hors des prochaines négociations de l' Organisation mondiale du commerce . La France n' est pas un pays culturellement protectionniste , loin de là . Ses frontières sont ouvertes aux autres . Son « industrie de la culture » n' a pas peur de la compétition . Mais , pour ne prendre qu' un exemple illustrant la justesse de sa position , on relèvera , une fois de plus , que sans son système d' aide à la production et à la distribution , des oeuvres cinématographiques qui ont trouvé leur public , comme le cinéma iranien , n' auraient jamais vu le jour ... On pourrait n' entendre là qu' un discours convenu , tenu à l' Elysée pour satisfaire un public conquis à l' avance . On pourrait n' y trouver que la répétition d' une orientation que la France défend , à raison , depuis longtemps . On aurait tort . Le propos du président tenu à ce moment de crispation internationale prend une résonance particulière . Il a un écho singulier . Il paraît être en phase avec un positionnement diplomatique qui , dans la crise irakienne , manifeste les réserves de la France à l' égard des intentions américaines . Sans doute ne faut -il pas tout amalgamer . Mais il y a bel et bien un souci très français , que l' on pourrait résumer ainsi : faire que le monde de l' après-guerre- froide , et celui de l' après- 11 septembre 2001 , donne tort à ceux qui prédisent un affrontement de civilisations ; faire qu' il ne soit pas celui d' incessantes mini- guerres entre le Nord et le Sud ; faire que la lutte contre le terrorisme ne prenne pas l' allure , de Kaboul à Bagdad , d' un combat de l' Occident contre l' Islam . La deuxième lecture du discours de M. Chirac est plus terre à terre . Elle tient aux charmes et aux particularités du théâtre franco-français . Quand le gouvernement affiche de plus en plus volontiers un profil droitier - en matière fiscale , notamment - , il a à coeur , parallèlement , de tenir un discours que la gauche ne peut renier . Et il arrive ainsi que ce qui fait la politique internationale peut aussi constituer une pertinente tactique sur le front intérieur .