_: ART PARIS , une anti-FIAC qui propose des goûts et des odeurs oubliés Une foire d' art contemporain jusqu'au 29 septembre au Carrousel du Louvre ET SI , après cinq ans , Art Paris était en train de réussir son défi ? Petite soeur hâtivement jugée indigne de la Foire internationale d' art contemporain ( FIAC ) , elle s' affirmait , à sa naissance , comme une réaction aux excès supposés de l' art contemporain international . Péché de jeunesse qui l' a fait passer un temps pour le purgatoire des refusés de la FIAC . Seulement voilà , le concept , si restrictif soit -il , devient attirant quand sa grande soeur se révèle incapable d' en présenter aucun , sa volonté de se concentrer sur les plus échevelés de nos artistes étant cette année sérieusement concurrencée par plus « hype » qu' elle , à savoir la nouvelle foire de Londres , Frieze , qui ouvrira le 17 octobre . On trouvera donc à Art Paris les « refusés » . Mais le refus vient d' eux-mêmes plus que des autres . Roger Edgar Gillet ( Galerie Guigon ) , par exemple , un des plus grands peintres méconnus de ce monde de brutes , couillu comme Goya , humain comme Daumier , et réciproquement . Gillet n' est pas à la mode . La blanquette de veau non plus : il n' est pourtant pas interdit de la préférer aux sushis . Un goût français ? Eh bien oui . Tous les marchands savent que , dans ce pays , la majorité des collectionneurs hésitent à dépenser plus de 15 000 euros pour une oeuvre , et ont tendance à préférer la peinture à la vidéo . DES GRANDS DE LA PROFESSION Et c' est cela , Art Paris : un salon nourrissant , roboratif , où on peut retrouver des goûts disparus ( celui de la pâte ) , des odeurs oubliées ( celle de l' huile ) et des jeunes chefs séduisants : Fadia Haddad , chez Sabine Puget , Fabian Cerredo ( chez Koralewski ) ou encore Charles Belle , autre exemple significatif : une des peintures les plus généreuses produite à ce jour en France , exposée naguère par Bernard Jordan , puis par la galerie Alice Mogabgab de Beyrouth de Beyrouth , lors de Fiac 2000 : c' est une galerie new-yorkaise , Denise Cadé , qui nous permet de la revoir aujourd'hui . Ce doit être l' avis de Sonia Zannettacci , une des très bonnes galeries de Genève dont la programmation n' avait pas l' heur de plaire aux censeurs du comité d' organisation de la Fiac . Et pour cause , elle est spécialisée dans la figuration narrative , un des rares mouvements importants survenus en France depuis 1960 . Donc , Peter Stämpfli , c' est ici . Et Christian Jaccard , qui poursuit depuis des années une quête janséniste mêlant entrelacs et autodafé ? C' est là aussi , chez Pascal Vanhoecke . Et ces fous d' Allemands , de Lüperz à Middendorf en passant par Penck ? Chez Suzanne Tarasiève . Et Hartung , et Tal Coat Coat ? Chez Sapone . On en oublie , mais rares sont , parmi les 85 exposants , ceux qui ne méritent pas d' être là : la sélection s' est diablement affinée . Sans doute parce qu' elle est tirée vers le haut par la présence de quelques grands de la profession , comme Liliane et Michel Durand-Dessert ou Farideh Cadot . Leur galerie n' est plus ouverte aux badauds mais reçoit les amateurs , tranquillement , calmement . Leurs stands recèlent quelques raretés , qu' ils n' ont pas nécessairement envie de vendre à tout prix , mais dont ils aiment parler . Comme le Belge Willy D' Huysser , ils ont délaissé une FIAC jugée trop directive pour venir faire ici leur métier comme ils l' aiment . Et puis , il y a les clients . Dans quelle autre foire peut rencontrer tel ou telle ami ( e ) , peu habitué ( e ) de ces messes folles , qui vous entraîne tranquillement discuter de ses coups de coeur , lesquels , s' ils n' ont pas grand-chose à voir avec les stars du marché de l' art , n' en sont pas moins profonds ? On remerciera donc MM. de nous avoir signalé ici le galbe d' une jambe ( Schneider , chez Sabine Puget ) , et là les dessins hors du temps de Margherita Del Balzo ( Guislain - Etats d' art ) . Dans quelle autre foire peut -on rencontrer des gens qui collectionnent avec leurs yeux et pas avec leurs oreilles ? Art Paris , Carrousel du Louvre , 99 , rue de Rivoli , Paris , 1er . Tél. : 01 - 43 - 16 - 48 - 41 . De 11 heures à 20 heures . Nocturne samedi , jusqu'à 22 heures . Jusqu'au 29 septembre .