_: Mémoire et création imbriquées au Grand Hornu Un rêve industriel né à la fin de l' Empire La statue d' Henri Degorge ( 1774 - 1832 ) trône au centre du complexe du Grand Hornu . L' homme de bronze , d' ailleurs enterré dans une crypte surmontée d' un énorme crucifix , à l' extrémité du terrain , est le père du centre industriel . Né dans le nord de la France , ce fils de commerçant lillois fut amené à reprendre la direction d' un charbonnage en difficulté , celui du Grand Hornu , déjà exploité depuis quelques années . Nous sommes en 1810 . L' Empire est à son zénith , et Mons est le chef- lieu du département français de Jemmapes . Le Lillois fait entreprendre des recherches : un nouveau filon charbonnier est trouvé , l' exploitation devient bénéficiaire . Il ouvre un atelier de construction de machines à vapeur , lance la première ligne de chemin de fer de la région pour évacuer son minerai vers le canal de Mons . En 1817 , deux ans après la fin de l' Empire et le rattachement de la province du Hainaut au royaume des Pays-Bas , il met au point une nouvelle stratégie de développement économique . Il lui faut d' abord attirer la main-d'oeuvre qui lui manque . Pour cela , il va créer des logements , confortables , selon les normes de l' époque , pour ses futurs ouvriers . Il s' adresse à un architecte lillois , Obin , qui entame les travaux avant de mourir . Il est remplacé par Bruno Renard , élève de Percier et Fontaine , les promoteurs du style Empire . Lorsqu' il intervient au Grand Hornu , Renard est donc marqué par l' idéal néoclassique . De plus , il a pris connaissance , lors de son séjour à Paris , des réalisations de Ledoux et notamment des Salines royales d' Arc-et-Senans , la " cité idéale " construite entre 1775 et 1779 . Pour le projet d' Henri Degorge , Bruno Renard va mettre en oeuvre certains de ces principes : monumentalité , organisation spatiale des bâtiments , formes géométriques . Mais la révolution industrielle , venue d' Angleterre , a touché le continent , Renard emploie donc des matériaux manufacturés et bon marché - la brique crue . Fermeture en 1954 Le chantier va durer quinze ans . Peu à peu , les bâtiments que nous connaissons sortent de terre , doublés d' une ceinture de corons dont la plupart existent encore et sont toujours habités . Vers 1830 , quand la Belgique se sépare des Pays-Bas , la production du Grand Hornu , qui occupe 1 400 ouvriers , avoisine les 150 000 tonnes de houille par an . C' est l' un des plus gros charbonnages du bassin du Borinage . Degorge a le temps d' être nommé sénateur du royaume de Belgique , avant d' être emporté par une épidémie de choléra . L' affaire est reprise par sa veuve . L' urbanisme industriel du Grand Hornu est célèbre en Europe . On vient de loin pour le visiter . Les ateliers annexes et les voies ferrées se multiplient ensuite , tandis que poussent les terrils , bouleversant le paysage avoisinant . Au lendemain de la seconde guerre mondiale , le bassin houiller décline . En 1954 , le site du Grand Hornu est fermé . Les bâtiments , non entretenus , commencent à s' effondrer . Leur sort semble scellé en 1969 , quand leur démolition est actée par une ordonnance royale . Il faudra l' obstination d' un architecte , Henri Guchez , qui rachète les quasi-ruines et entreprend les premières rénovations à partir de 1971 . Dix-huit ans plus tard , alors que la région des anciens charbonnages est ravagée par la crise , la province du Hainaut reprend le Grand Hornu en vue d' y créer un pôle de développement économique et culturel . En 1991 , Laurent Busine est désigné pour piloter le projet . Il faudra plus d' une décennie pour le finaliser .