_: A la piscine , la majesté du jazz Pour sa 8e édition le festival du Crescent Jazz Club , à Mâcon , s' est déplacé à la piscine municipale . A quelques mètres des bassins découverts , presque les pieds dans la Saône , sur une belle étendue herbeuse et arborée . Le terrain , légèrement pentu permet de s' allonger , la buvette affiche tartes aux pommes et verres de blanc . Le site est mis en lumières sans chichis , le système d' écoute rend la pleine réalité des instruments . D' autant plus impeccable que la musique ne sert pas d' illustration sonore au décor . Les musiciens programmés du 24 au 26 juillet sont ceux qui oeuvrent aux destinées du Crescent depuis sa fondation , au milieu des années 1990 , ceux qui gravitent dans la région ou ont conquis le public du lieu . Dans l' après-midi des stagiaires - haut niveau , esprit général au diapason - épatent leurs aînés , dans la nuit tout le monde est au sous-sol du club . Pour autant , le propos n' est pas de jouer entre soi , et encore moins pour soi , ce risque des festivals modestes - budget des trois jours de celui du Crescent , 30 000 euros , le cachet pour une vedette moyenne du jazz - organisés par des musiciens sur leur lieu de vie ou de travail . Jeudi 24 juillet , cela démarre très fort . Pour tous donc avec le quintette du pianiste David Bressat puis le quartette du saxophoniste Eric Prost et du pianiste Emmanuel Duprey . Ce qu' on y entend , son d' ensemble et référence esthétique , relève du jazz afro-américain affirmé , du post-bop au milieu des années 1960 . Un territoire que les années qui passent confirment en âge d' or . Les compositions nourries à cette sève sont d' aujourd'hui , les quelques reprises sélectives ( Hancock , Coltrane , pas dans leur plus connu ) . Tout cela est vivifiant , sans poses passéistes , dans la connaissance de la nature résistante du jazz . Les arrangements de vents chez Bressat ( François Chassagnite à la trompette , David Sauzay aux saxophones ) ont de la fluidité , du mordant . Des thèmes au tempo moyen ou lent se suivent avec Duprey et Prost , réponse à une époque rapide . Les rythmiques ont la superbe des plus réputés des couples contrebasse / batterie : Gil Lachenal et Laurent Sarrien ( prise de baguettes dans la manière des fondateurs ) pour le quintette , Michel Zenino ( précision d' attaque des cordes ) et Dré Pallemaerts dans le quartette . Vendredi 25 juillet , deux formations à nouveau . Sytmetys d' abord , un septette , avec des idées qui s' agrègent , venues d' un peu tous les membres du groupe . C' est encore vert , prometteur , mais trop de directions nuisent à l' unité , la forme à deux saxophones , guitare / voix , claviers , percussions batterie et basse pas vraiment exploitée . Joe Lee Wilson qui leur succède sait , lui , d' où il vient et où il va . Gospel , blues et jazz . Dans tous les ordres qui lui viennent . Pour situer , il débute par Feelin'Good , je me sens bien . Dans l' après-midi , Joe Lee Wilson a demandé à François Chassagnite et Eric Prost de se joindre à son quartette ( François Gallix est à la batterie , un jeu de finesse mélodique ) . Pour avoir le souffle des vents avec sa voix de " shouter " , grondante , qui a encore confiance en la possible humanité de l' homme , qui phrase le mot liberté sur tous les tons , la majesté suprême du blues et du jazz . Wilson a chanté avec Jackie Mclean , Sonny Rollins , Archie Shepp . Ses confrères en puissance et en vélocité ont pour nom Leon Thomas ou Eddie Jefferson . Il réinvente le goût pour les paroles cucul de My Favorite Things , devenu l' un des hymnes de John Coltrane . Il est âgé de 68 ans . Son infinie jeunesse donne envie de vieillir vite . 8e Festival de jazz du Crescent , piscine municipale de Mâcon , route nationale 6 , quartier Nord , les 24 et 25 juillet . Final le 26 juillet avec concert des stagiaires et le collectif Mu ; rencontres après concert au Crescent , 83 , rue Rambuteau . Tél. : 03 - 85 - 39 - 08 - 45 .