1: PHOTOGRAPHIE Patrick Faigenbaum aux racines du portrait
2: « Le tirage peut changer le sens de l' image » , Patrick Faigenbaum , photographe
3: Vos photographies sont remarquablement tirées .
4: Que représente pour vous le laboratoire ?
5: Le travail en chambre noire puis sur le tirage est le prolongement de la prise de vue .
6: Il peut changer le sens de l' image .
7: C' est la concrétisation d' une idée .
8: Ce travail est donc déterminant .
9: C' est un moyen de sculpter l' image , de lui donner du volume .
10: J' ai toujours pensé la photographie en trois dimensions , et non en deux .
11: La densité que j' essaie de mettre dans un portrait provient en partie du tirage .
12: » Le portrait de l' homme sur le banc n' est pas grand-chose quand il est une reproduction .
13: Au mur , dans son tirage et son format tels que je les souhaite , il devient tableau .
14: Il n' existe vraiment que dans sa forme d' exposition .
15: Mes portraits réalisés à Naples , par exemple , ont une texture mate , sombre , poudrée , cendrée même .
16: C' est le résultat d' un long travail , au crayon et au pinceau , sur l' épreuve disposée sur un chevalet :
17: je comble certains vides entre deux grains du tirage .
18: Mais ces préoccupations vont bien au-delà du tirage .
19: Je réfléchis autant à la forme et à la couleur de l' encadrement des images - pour une exposition à la galerie Barbara Gladstone , à New York , j' ai ainsi opté pour une poudre graphite cirée .
20: La question du format est également fondamentale .
21: Ce soin porté au tirage vient -il de votre formation de peintre ?
22: J' ai arrêté la peinture parce que la fabrication du tableau me devenait pénible .
23: Je voulais voir rapidement une image .
24: Dès que j' ai commencé la photographie , en 1973 , j' ai possédé un laboratoire , chez ma mère .
25: Toute ma vie était là .
26: Le paradoxe est que j' ai passé plus de temps dans le laboratoire à tirer une image que , auparavant , à peindre un tableau .
27: Le laboratoire était une façon de retrouver une pratique proche du pictural - volumes , plans , lumière ...
28: Longtemps aussi , je ne suis pas passé par l' étape de la planche-contact .
29: Je tirais toutes mes photographies pour ensuite les choisir .
30: » J' ai aussi compris l' importance du tirage en regardant beaucoup d' épreuves originales , dans les années 1970 , à la Bibliothèque nationale .
31: Je fréquentais aussi la Photo Galerie , rue Christine , qui était à la fois un salon de thé , un lieu d' exposition et une librairie .
32: C' est là que j' ai découvert Ombres du Nil , le livre de Bill Brandt .
33: J' étais si bouleversé que je n' ai pas pu l' acheter sur le moment .
34: J' ai alors compris , aussi , l' importance du livre comme objet pour monter et montrer des photographies .
35: Vous dirigez , en collaboration avec Marc Pataut , un atelier à l' Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris .
36: Quel importance donnez -vous à ces questions techniques , qui sont le plus souvent évacuées par beaucoup d' artistes qui utilisent la photographie ?
37: J' invite les étudiants à regarder beaucoup d' images , à réfléchir à leur sens , à découvrir des expositions et des livres .
38: Pour leur travail , nous avons de longues discussions sur l' appareil de prise de vue qui leur convient le mieux , la pellicule à utiliser , la façon de la développer , le choix du papier , les produits de tirage ...
39: Je leur explique que le travail en laboratoire nécessite de multiples essais , qu' il faut réfléchir au format .
40: Faut -il aussi présenter des images isolées ou articulées avec d' autres ?
41: La finalité de tout ce travail est que l' image doit « tenir » le mur .