_: Amiens donne un coup de pouce aux cinéastes du Sud Un festival , c' est une fête et c' est aussi une foire paysanne , comme le constataient en plaisantant deux membres du jury des bourses d' aide au développement du scénario qui se retrouvaient là pour la première fois depuis un an . Du 8 au 17 novembre , le public est venu dans les salles de cinéma d' Amiens pour redécouvrir des pans d' histoire du cinéma ( les studios Churubusco de Mexico , les films d' Edgar G. Ulmer ) et se tenir au courant de ce qui se fait de par le monde , avec une petite faiblesse pour l' Afrique ( le festival est jumelé avec le Fespaco de Ouagadougou ) . Mais d' autres font le voyage de Picardie avec d' autres espoirs ou d' autres appréhensions . Cette année , dix-neuf cinéastes , dans le rôle des paysans venus à la ville vendre leurs produits , étaient là pour défendre un projet en gestation , afin d' obtenir une aide à l' écriture d' un scénario . Devant un jury composé de producteurs , d' agents artistiques ou de responsables de chaînes de télévision , ces créateurs devaient faire vivre , par le seul pouvoir de leur parole , un projet de film . A la clé , cinq bourses de 7 600 euros , destinées à faire passer ces idées , livrées à l' état de synopsis ( moins de cinq pages ) ou de traitement ( deux ou trois fois plus long ) au stade du scénario prêt à tourner . Parmi les lauréats de cette opération , organisée pour la septième fois , Rachida , de Yamina Bachir Chouikh , qui a obtenu cette année le Grand Prix et le Prix du jury du festival . Venus de Palestine , du Mozambique , de France ou d' Argentine , ils ont planché en public . Comparés aux Anglo-Saxons , qui s' inquiètent de la structure du récit , les Français se préoccupent surtout de démarche intellectuelle , remarquait Philippe Aractingi , qui proposait un road-movie musical à travers le Liban d' aujourd'hui . Entre eux , les cinéastes ont fait le point sur cet itinéraire de démarcheurs qui les conduit à proposer encore et encore la même histoire au fonds Hubert-Bals du Festival de Rotterdam , aux chaînes de télévision publique comme Arte ou aux agences de coopération gouvernementales , tous ces organismes financiers éparpillés à travers l' Europe et dont la réunion permet aux films du Sud ( et à bien d' autres ) d' exister . 19 bourses attribuées , 4 films tournés Rashid Mashrawi , Palestinien de Ramallah ( il a déjà réalisé Couvre-feu et Haïfa ) , présentait l' histoire d' un homme parti faire le tour des camps de réfugiés des territoires , de Jordanie et du Liban pour y recruter la troupe du nouveau centre d' art dramatique de Ramallah . Quand la réoccupation de la Cisjordanie et de Gaza fait capoter le projet , l' homme poursuit son périple en demandant à ses interlocuteurs d' interpréter L' Attente . Même s' il n' a pas obtenu de bourse , Rachid Mashrawi n' a pas fait le déplacement pour rien . Nour-Eddine Saïl , patron de la chaîne de télévision marocaine 2M , membre du jury , va participer à la production de L' Attente . Juste après avoir défendu ce projet , Mashrawi a présenté au public Ticket to Jerusalem , son dernier film , qui sera bientôt diffusé sur Arte . Au final , les cinq lauréats sont : l' Argentin Ulises Rosell , qui proposait sa première fiction après le très remarqué documentaire Bonanza , le Français Rabah Ameur Zaimeche , auteur de Wesh Wesh , le Serbe Michko Netchak , le Marocain Daoud Aoulad-Sayad , dont on a récemment vu Le Cheval de vent , et le Mozambicain Sol Carvalho , qui fait vivre à Maputo une société de production cinématographique depuis l' indépendance et qui , à 49 ans , s' apprête à réaliser sa première fiction . Mais l' attribution des bourses n' est pas tout , comme en témoigne la lecture des précédents palmarès . Pour l' instant , seuls quatre films - sur dix-neuf primés - ont été terminés . Certains , comme La Nuit de la vérité , de la de la Burkinabé Fanta Regina Nacro , distingué en 1996 , ne sera tourné qu' en 2003 . Indispensable pour mettre en branle la machinerie d' une production , les coups de pouce d' Amiens ne suffisent pas toujours à pallier la déshérence du financement des films du Sud .