_: A l' assaut du théâtre public avec Molière comme bouclier humain Baron de Jean-Marie Besset s' inspire de la vie privée de Jean-Baptiste Poquelin BARON , la nouvelle pièce de Jean-Marie Besset , a été inspirée à son auteur par Michel Baron , un jeune comédien avec qui Molière aurait eu une histoire d' amour , à la fin de sa vie . Ont -ils été amants , comme le laissent entendre les pamphlets de l' époque ? Quoi qu' il en fût , cette découverte de l' homosexualité supposée de Molière a visiblement beaucoup impressionné Jean-Marie Besset . Il y voit le secret de famille du théâtre français , bien gardé , comme il se doit , pour ne pas écorner une image véhiculée par la République et le génie officiel . Comme il ne voulait pas tomber dans le travers , dont il se moque dans Baron , des pièces tissées autour de personnages célèbres , Jean-Marie Besset a transposé l' histoire aujourd'hui . Blanche ( Christine Gagnieux ) , une comédienne connue , vit avec son mari , Jean ( Maxime Leroux ) , un auteur dramatique à succès , tendance petits mots . La pièce s' ouvre au moment où elle décide de donner une nouvelle allure à sa carrière en allant travailler avec Knaben ( Pierre Aussedat ) , un metteur en scène considéré comme le nec plus ultra de l' avant-garde . Dans le même temps , Jean , qui est obsédé par l' histoire entre Armande , Molière et Baron , rencontre Michel ( Stéphan Guérin-Tillié ) , un jeune comédien , lancé par Knaben , qui bouleverse ses projets d' écriture et de vie . Soit donc une actrice qui couche avec son metteur en scène , et un homme qui découvre son homosexualité . Le théâtre français en a vu d' autres . Jean-Marie Besset le sait bien . Il tente une percée vers le contemporain , en jouant sur plusieurs tableaux . Il ne se contente pas de servir le sujet amoureux , ce qu' il fait d' ailleurs d' une manière tout à fait conventionnelle . Il s' en sert , à la fois pour parler de Molière , sur lequel on n' apprendra rien , Dieu merci , et pour donner son point de vue sur une polémique à ses yeux essentielle : celle qui oppose le théâtre public et le théâtre privé . Jean reproche à Blanche de changer de camp en allant jouer avec Knaben parce que Knaben travaille dans le circuit du théâtre public . Sa femme veut inscrire à son palmarès les salles noires , celles où se donnent les spectacles présentés à Avignon , puis au Festival d' automne , à Paris , alors qu' elle a toujours travaillé dans les salles rouges , associées au théâtre de Guitry et confrères . Pour Jean , Blanche se trahit , trahit son art et son amour - rien que cela - en choisissant Knaben . Par carriérisme , elle cède au snobisme de l' avant-garde , un mot qui pèse , dans la bouche dépitée de Jean . Une scène de Baron nous montre ce qu' est l' avant-garde . Knaben fait répéter Blanche , qui doit traverser le plateau nu , en diagonale , pour s' approcher d' une coupe . Elle ne doit pas marcher , non , c' est bourgeois , dit Knaben dans son costume de clergyman , elle doit glisser , lentement . Et surtout ne pas dire le texte , Knaben a tout coupé , ya ( il est suisse allemand , bien sûr ) , pour ne garder que les indications , nein , les didascalies . Et surtout , que Blanche n' essaye pas de donner un sens à ce qu' elle fait : Knaben hait les idées , il veut que le théâtre , nein , le spectacle vivant , soit une expérience . Cette scène pourrait être drôle si elle se contentait de pointer ironiquement un travers . Elle est pénible parce qu' elle témoigne d' un mépris pour le théâtre public , sensible dans toute la pièce de Jean-Marie Besset . Qu' est -il arrivé à l' auteur , qui n' était pas dépourvu de finesse , à ses débuts dans le métier ? Faut -il lire le programme pour comprendre qu' il a très mal vécu , comme il le raconte , le fait que l' Etat lui ait refusé la direction d' un centre dramatique national , la Comédie de Reims , au motif qu' il avait travaillé avec Hirsch et Girardot ? Quand bien même , serait -ce une raison pour verser dans la démagogie ? Quoi qu' il en soit , ce Baron est une pierre poreuse lancée dans le jardin de l' ennemi supposé .