_: Le songe d' une nuit ratée , par Franz Wittenbrink ; Opéra A Aix , le pianiste et metteur en scène parodie A Summer Night's Dream de Shakespeare On nous avait promis une nuit de rêve et de poésie , touche d' humour , doigt d' érotisme . Cela ne fut qu' une triste partouze de série B , une Loft Story musicale affligeante . Avant de virer franchement au long , très très long cauchemar . En mêlant , dans A Summer Night's Dream , Shakespeare et Mozart , qui , nous dit -on , ont foultitude de points communs , le pianiste-musicien-concepteur-décorateur-éclairagiste- metteur en scène Franz Wittenbrink pensait se garantir , surtout du pire . Raté : c' était sans compter les trois méchantes fées de cette nuit interminable - l' indigence , la vulgarité et la laideur . Là où le coeur se serre , c' est que le lieu , lui , reste magique , petite cour cernée de hauts murs qui sied aux voix et offre à la musique une résonance nocturne toute particulière . Que la musique de Mozart , comme toujours , est un bonheur . Même étranglée par une instrumentation anorexique . Même servie - parfois comme un cerf aux abois - par des chanteurs en herbe , dont certains croîtront peut-être si Dieu leur prête voix et musique . Un bonheur , et donc une douleur , tant ce visage mozartien familier , soudain simiesque et lourdement grimé , s' accommode peu de l' inquiétante étrangeté qui sourd peu à peu du spectacle . Que les costumes soient un mélange du genre les Deschiens chantent Mozart , et d' un kitsch à la Rocky Horror Picture Show , n' aurait rien en soi qui dérange , si la scénographie et , surtout , le travail dramaturgique - donc musical - n' étaient à la même aune . Académisme confondant Hormis certains gags repassant comme un plat qu' il faut finir avant de quitter la table , hormis quelques trouvailles vite déflorées puis abusées jusqu'à la corde comme dans une tournante scénique , l' ensemble est d' un académisme confondant . Le triomphe repu de la fausse iconoclastie , de la pseudo-subversion . Allons / qu' on se dédouane d' avoir fait jouir Titiana , à cheval sur le sexe de l' âne Oberon , sur le nymphomaniaque Alléluia de l' Exultate jubilate KV 165 . Qu' on recouvre cette exaction du manteau jaloux d' Oberon- Figaro pestant dans les Nozze di Figaro , avant que de déverser le tombereau amoureux d' un Puck-Cherubino Voi , che sapetant . Montesquieu disait : Le ridicule jeté à propos est d' une grande puissance . Pas quand il est ainsi jeté par les fenêtres . Dommage , il y a quelques mois en février à Vienne , Wittenbrink nous avait donné , avec ses Pompes funèbres , quelques coups de pied de l' âne vraiment drôlissimes et décapants . Nina Hagen y côtoyait la romance sentimentale , le cabaret berlinois , la chanson française et le Bach des Passions . A Summer Night's Dream devait parler d' amour , et il n' y a décidément que les amours mortes pour se ramasser ainsi à la pelle .