_: En Pologne avec France-Culture SI , à Varsovie , le régime communiste s' est effondré , ce n' est pas le cas de son symbole architectural : du haut de ses trente étages , l' extravagant " palais de la culture " continue à dominer le coeur de la capitale polonaise . Offert au peuple polonais par Staline , au début des années 1950 , ce palais fut ironiquement baptisé " le cadeau de mariage " , explique le cinéaste Krysztof Zanussi à l' équipe de France-Culture venue réaliser en Pologne , fin mars , divers reportages et entretiens , diffusés cette semaine . La vieille ville de Varsovie a été reconstruite à l' identique . Comme avant 1944 , date à laquelle les nazis détruisirent la capitale insurgée , causant la mort de 200 000 personnes ... sous les yeux de l' armée russe , qui n' a pas bougé . Du ghetto juif qui existait avant 1943 , il ne reste qu' une grande place , vide . Un passé qu' évoque le poète polonais Czeslaw Milosz , Prix Nobel de littérature en 1980 , face à l' essayiste Alain Finkielkraut venu le rencontrer à Cracovie , où il réside désormais : " La Pologne est un pays qui a deux noeuds tragiques , toujours présents dans son subconscient , et pour longtemps . Le premier , c' est la tragédie juive , le degré de culpabilité . L' autre , c' est l' insurrection de Varsovie , en 1944 ; une insurrection héroïque , mais qui fut le fruit d' une décision erronée , contraire aux données de la situation . Tout cela reste à approfondir . " Autre rencontre , claire et passionnante , celle que propose Brice Couturier avec le philosophe Leszek Kolakowski pour l' émission " A voix nue " . Comme Milosz , ce penseur qui fut l' un des chefs de file des dissidents marxistes dans les années 1950 conte les déboires de son exil à l' étranger pour mener à bien son travail ... et devenir le grand théoricien critique de l' histoire du marxisme . " La Fabrique de l' histoire " ( comment repenser l' histoire polonaise de la seconde guerre mondiale ? ) et " Les Chemins de la connaissance " ( sur la grande revue de l' émigration polonaise anticommuniste , Kultura ) reviennent avec force sur le passé douloureux de la Pologne ( cf. programmation ci-contre et franceculture.com pour ( ré ) écouter ces émissions ) . Sa volonté de mise en perspective et d' approfondissement a incité France-Culture à s' intéresser à la scène culturelle polonaise . Littérature , théâtre , musique et cinéma ( dont un entretien avec le cinéaste Wajda ) figurent donc au programme . On ne saurait toutefois oublier le grand débat qui , jusqu'en juin , va diviser les Polonais : se mobiliseront -ils , et en nombre suffisant , pour voter par référendum sur l' entrée de leur pays dans l' Union européenne ? Bronislaw Geremek ( ex-conseiller de Lech Walesa et ex-ministre des affaires étrangères ) milite depuis toujours pour que l' Europe devienne une superpuissance , à l' égal des Etats-Unis . Certes , indique -t-il en marge d' un enregistrement , la jeunesse est consciente de l' enjeu politique de cette adhésion , mais pour le moment la campagne pour le " oui " " a surtout permis de briser un mur d' indifférence à l' égard de l' Union européenne " d' une partie de la population ... Ce dont les bulletins de la rédaction de France-Culture rendront compte , d' ici à juin . Bronislaw Geremek , comme la plupart des intellectuels polonais interrogés à Varsovie , parle français . Il n' en va plus de même pour la jeune génération . A quelques exceptions près , selon un spécialiste , le développement des échanges culturels intéresse beaucoup plus l' espace germanique que la France . Celle -ci aurait , en la matière , " tourné le dos à la culture de l' Est " . C' est donc l' Allemagne qui , majoritairement , mène des actions , appuie financièrement , expose , édite , fait tourner des artistes polonais . Avec , pour corollaire , un nombre d' étudiants en allemand qui a doublé depuis une décennie : 30 % choisissent cette langue au lycée alors que 4 , 5 % optent pour le français ... L' ouverture des ondes de France-Culture à l' espace européen , à sa culture et à ses débats , s' apparente donc aussi à un hommage à cette francophilie dont témoignent les intellectuels polonais rencontrés à Varsovie .