_: Le film d' horreur joue avec ses ficelles " Arac Attack " et " Jason X " détournent les conventions LES DEUX FILMS de terreur Arac Attack et Jason X , sortis dans le cadre des grandes braderies cinématographiques de l' été , se rattachent à une tradition bien établie , quoique légèrement désuète , qui ne manque pas d' être perçue aujourd'hui avec une violente ironie . Conscients de l' usure des conventions , ces deux films les mettent en jeu consciemment et tout est dans la manière dont les clichés sont présentés et éventuellement moqués . Le plus lucide est aussi le moins passionnant : dans Arac Attack , une petite ville de l' Arizona est victime d' une invasion d' araignées devenues gigantesques à la suite d' un accident écologique , et la terreur fonctionne sur la répulsion classique que ne manquent pas de susciter les arachnides , d' un réalisme amplifié par les trucages numériques . Mais loin de se contenter de prolonger le genre des films à créatures géantes - une des grandes tendances de la science- fiction hollywoodienne des années 1950 - , le film d' Ellory Elkayem bascule très vite dans la comédie et une démesure proche du dessin animé . Ainsi , on pense moins à Jack Arnold , l' auteur du magnifique Tarentula ( qui savait , lui , filmer le désert de l' Arizona ) auquel le film d' Ellory Elkayem tente d' offrir une descendance , qu' à la relecture rigolarde de cette préhistoire telle qu' elle fut tentée , avec un certain succès , par Tim Burton . Il reste que l' auteur d' Arac Attack n' a pas l' imagination visuelle et le sens du rythme de celui de Mars Attacks ! et qu' on se lasse assez vite de l' humour de petit malin qui sert de carburant au film . Jason X est , comme son titre l' indique , le dixième épisode d' une série commencée il y a plus de vingt ans avec Vendredi 13 , de Sean Cuningham . Au plus fort de la vogue du film d' horreur gore , Vendredi 13 réduisait un genre déjà modeste , le slasher , à sa plus simple expression . Un tueur masqué et invisible trucidait avec un sens certain du raffinement les adolescents inévitablement malchanceux , maladroits ou imprudents qu' il croisait sur son chemin . Les meurtres se suivaient rigoureusement jusqu'à la neutralisation - temporaire - de l' assassin . Au fur et à mesure de la production des diverses suites , Jason Vorhees , le meurtrier est devenu une créature indestructible , surnaturelle . LA DESINCARNATION DES CORPS Le plaisir que peut procurer un tel cinéma est celui de la répétition , de la programmation , du sens des variations infimes qu' il faut inventer sans détruire la jouissance qu' il y a à se retrouver , très vite , en terrain connu , avec toujours une longueur d' avance sur les péripéties . Ici le monstre , qui a été cryogénisé , est retrouvé dans un futur lointain et emmené dans une station spatiale . Il se réveille et élimine , évidemment , tous les habitants du lieu . Derrière l' aspect grand-guignolesque de cette bande au budget que l' on devine assez modeste , il y a pourtant le sentiment d' une évolution qui fut celle du cinéma au cours des vingt dernières années . Il y a en effet une différence importante entre le premier Vendredi 13 et cette dixième variation . L' horreur gore des origines était la conséquence d' un certain sens du réalisme . Les corps étaient maltraités , torturés et saignaient comme preuve d' une résistance concrète de la chair . Aujourd'hui , les corps des victimes de Jason sont essentiellement des motifs plastiques , des effigies cybernétiques , auxquelles on peut faire subir toutes sortes d' altérations pour le simple plaisir d' inventer des figures inédites . Dont celle -ci : un visage congelé instantanément à l' oxygène liquide se brise comme de la porcelaine . C' est ainsi que Jason , confronté à un androïde qui n' a de l' humain que l' enveloppe corporelle , ressuscite transformé lui-même en créature de chair et de métal . D' une certaine façon , cette évolution du cinéma d' horreur qui déshumanise les corps est assez proche de celle du cinéma pornographique contemporain . Arac attack . Film américain d' Ellory Elkayem . Avec David Arquette , Kari Wuhrer , Scott Terra . ( 1 h 40 . ) jason x . Film américain de Jim Isaac . Avec Kane Hodder , Lexa Doig , Lisa Ryder . ( 1 h 30 . )