_: Les premiers pas photogéniques du daguerréotype Scientifiques et historiens s' opposent sur la paternité de la photographie LE DAGUERRÉOTYPE est au coeur de l' invention de la photographie , qui divise encore les partisans de Niépce , Daguerre ou Bayard . Des textes du catalogue qui accompagne l' exposition évoquent le débat . Mais les douze auteurs sont historiens d' art , « aucun n' est scientifique » , s' étonne Jacques Roquencourt , ingénieur , ancien chef de laboratoire chez Thomson , qui fait autorité sur Daguerre . « On ne peut analyser un daguerréotype sans maîtriser les techniques . L' historien Helmut Gernsheim a écrit que le procédé de Daguerre nécessitait une prise de vue de 20 minutes , ce qui interdit le portrait . J' ai ensuite prouvé que Daguerre pouvait réaliser un portrait en une à deux minutes ; Gernsheim a eu l' honnêteté de reconnaître son erreur. » Deux signataires du catalogue , Françoise Raynaud et Sylvie Aubenas , rendent un hommage appuyé à Jacques Roquencourt , qui a patiemment reconstitué les protocoles de Daguerre et vérifié la littérature sur l' invention de la photographie . Certains se sont fait expliquer par ce scientifique la chimie et l' optique de Daguerre ; d' autres lui ont soumis leur texte . Le scientifique n' a pourtant pas été invité à participer au livre . « Manque de place » , dit Quentin Bajac , du Musée d' Orsay et coresponsable du projet . Voyons plutôt une coutume française : les conservateurs de musée et historiens d' art répugnent à faire appel à des spécialistes qui , même plus érudits , échappent à leur caste . Ainsi le texte d' ouverture du catalogue est -il confié à Stephen Pinson , universitaire américain , qui a rédigé une thèse consacrée surtout à Daguerre peintre et non au Daguerréotype . « un bon paquet d' erreurs » Jacques Roquencourt demande comment Quentin Bajac peut assurer la « responsabilité scientifique » du catalogue , alors même qu' il a commis « une grossière erreur » dans la définition du daguerréotype dans deux ouvrages précédents . « Tout le monde fait des erreurs , reconnaît ce dernier . Mais Roquencourt pourrait aussi saluer des informations nouvelles dans le catalogue. » Après lecture , Roquencourt , tout en saluant l' analyse de Paul-Louis Roubert sur l' écho du daguerréotype dans le mouvement moderne , pointe « un bon paquet d' erreurs » chez des auteurs « qui reprennent sans les vérifier les informations souvent erronées que l' on trouve dans les livres sur l' invention . Ils n' ont pas les connaissances techniques qui leur permettraient de faire des vérifications . Et ils ne connaissent pas certains documents. » Jacques Roquencourt est sévère avec le texte de Dominique Planchon-de Font-Réaulx Planchon-de Font-Réaulx , qui reprend la thèse d' un Bayard photographe et inventeur , « rival malheureux » de Daguerre , inventeur d' un procédé antérieur au daguerréotype . « Bayard est un menteur , un récupérateur des inventions des autres . Je le prouve à qui le souhaite. » La conservatrice , elle , « ne voit pas Bayard en escroc ; mais sans doute faudra -t-il revoir ce que chacun a apporté à l' invention de la photographie. » Pour Jacques Roquencourt , ce livre a un objectif inavoué : « Nier le rôle d' inventeur de Daguerre. » Il cite Stephen Pinson , qui , au-delà de « nombreuses erreurs factuelles » et « des contresens sur le peintre » , étale des documents « anti-Daguerre » mais « passe sous silence ses positions . C' est un texte non contradictoire » . Quentin Bajac , il est vrai , est convaincu que « l' invention de Daguerre se situe dans la suite des travaux de Niépce » . Pour Roquencourt , au contraire , « le principe physico-chimique de Daguerre est différent de celui de Niépce , il est même à la base du contrat qu' ils ont passé . Je peux le prouver à M. Bajac . Mais , pour un historien d' art , c' est difficile à comprendre . Ou à accepter . Pour eux , il faut un bon inventeur , Niépce , et un méchant , Daguerre. »