_: Les deux visages de Le Pen Grand jury RTL-Le Monde -LCI , dimanche 2 juin 2002 JEAN-MARIE LE PEN se méfiait instinctivement de l' enquête menée en Algérie par Le Monde auprès d' Algériens qui affirment avoir été jadis torturés de ses mains ou sur ses ordres . Il a pris les devants , dimanche soir , au Grand jury RTL- Le Monde -LCI , en affirmant son intention d' attaquer notre journal en justice alors qu' il n' avait pas encore lu , et pour cause , l' article en question . Jean-Marie Le Pen craignait visiblement ce qui pouvait sortir au grand jour au moment où des survivants , qui approchent du terme de leur vie , ont envie de raconter ce qui leur est arrivé avant de disparaître . Il se doutait apparemment de ce qu' ils avaient à dire . Il a répété une fois de plus dimanche qu' il n' avait pas lui-même pratiqué la torture , lorsqu' il était lieutenant pendant la guerre d' Algérie , mais qu' il voulait défendre l' honneur de l' armée française . Il s' est souvent battu devant les tribunaux contre ceux qui l' accusaient d' avoir été un tortionnaire . La particularité de ces nombreux procès en diffamation est que ceux qui accusent Le Pen n' ont pas le droit d' apporter , devant la justice , les preuves de ce qu' ils avancent puisque les faits eux-mêmes ont été amnistiés . Ils ne sont là que pour tenter de convaincre le tribunal de leur bonne foi . La Cour de cassation a reconnu en 2000 que Michel Rocard avait poursuivi un but légitime en affirmant que Jean-Marie Le Pen avait été un tortionnaire . Elle avait dit à peu près le contraire à deux reprises les années précédentes . Comprenne qui pourra . Le Pen a eu deux visages , dimanche soir . Tantôt grave , estimant que ces révélations sur son passé étaient des appels au meurtre , tantôt badin , évoquant les dommages et intérêts qu' il ne manquera pas de demander . Mais la grande affaire de Jean-Marie Le Pen reste le premier tour de l' élection présidentielle , qu' on a un peu trop vite oublié , selon son goût . Comme personne ne lui posait de question à ce sujet , il s' est chargé lui-même de rappeler le très grand succès du candidat national d' opposition qu' il était . Il n' en finit pas d' évoquer le maigre résultat de Jacques Chirac à ce premier tour et le fait que les baudruches médiatiques du style Chevènement et Laguiller ont été remises à leur place . Une chose est sûre : il n' est pas près de préparer sa succession . L' essentiel , pour lui , est de continuer à pouvoir passer à la télévision .