_: Agée de vingt ans , la Foire de Bruxelles se métamorphose La 20e Foire d' art contemporain de Bruxelles a été inaugurée mercredi 1er mai par le prince Laurent de Belgique . Elle regroupe jusqu'au 6 mai 145 exposants , galeries ou revues d' art , et attend quelque 25 000 visiteurs . Orientée vers l' art le plus actuel , elle a longtemps cherché son style , traversé une crise d' adolescence , avant d' apparaître aujourd'hui dans tout l' éclat de ses 20 ans . Certes , on y trouvera peu de ces vieux messieurs qui font la sortie des écoles d' art : les ténors de la profession , les Gagosian , Jay Jopling ou Métro Picture . Toutes ces grosses galeries leaders sur le marché se réservent pour aller courtiser le mois prochain les vieilles fortunes de la Foire de Bâle . Seules exceptions , Hauser & Wirth , de Zurich , et Thaddaeus Ropac , de Paris , sont venus ici , comme ils viendront à Bâle , montrant qu' ils ont assez d' énergie et de moyens pour faire la foire plusieurs mois de suite . Cela ne veut pas dire qu' on trouvera à Bruxelles uniquement de belles inconnues ou des talents montants . Il y en a , bien sûr . Mais ce qui attire les collectionneurs belges ou allemands , venus nombreux le jour du vernissage , et qui sont parmi les amateurs les mieux informés du monde , ce sont ces starlettes de l' art contemporain qui , pensent -ils , seront les vedettes de demain . Pas les débutantes , mais des jeunes gloires du milieu , déjà vieilles routières des centres d' art , des biennales et des musées d' art contemporain . L' un des jeunes marchands à avoir compris ce désir de sage fraîcheur est le Genevois Guy Bartschi . Les collectionneurs avisés ont mis son stand au pillage dès le premier jour . Pour ne pas rater qui un Jan Fabre , qui des Ghada Amer première période , qui les délicieuses oeuvres sur verre de Philippe Favier Favier . Des artistes depuis longtemps reconnus par les instances légitimantes de l' art contemporain et que le marché - et plus particulièrement des ventes publiques - devrait , pense -t-on , propulser vers des sommets . Un savant dosage Cette politique permet à Guy Bartschi de proposer dans un espace attenant à son stand une exposition personnelle du jeune peintre Paul Raguenes , bien moins connu mais tout aussi prometteur : attirés par ses aînés , les collectionneurs auront aussi un oeil gourmand pour le cadet . Les galeristes qui n' ont pas pris la précaution d' effectuer ce savant dosage risquent d' en être pour leurs frais , tant il est vrai que les collectionneurs aujourd'hui comme hier achètent moins souvent avec leur yeux qu' avec leurs oreilles . Les deux organes seront sollicités à Bruxelles . Les pieds aussi , comme dans toute manifestation artistique . Il faut arpenter longuement et souvent les deux halls de l' exposition pour apprécier la richesse et le foisonnement de l' endroit . Avec souvent de vraies surprises . C' est ainsi que , dans le minuscule stand de la fondation Saint-Luc , une émanation de l' école supérieure néerlandophone de Bruxelles , on pourra voir , pour la première fois en Europe , une des dernières vidéos du Suisse Olaf Breuning , intitulée Group , qui avait épaté les visiteurs de la galerie Métro Picture en novembre 2001 à New York . Ou que l' on s' inclinera devant la sereine grand-mère , dénudée par Gilles Barbier et alanguie sur son sofa , que présente la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois . Une des oeuvres les plus fortes de la Foire , qui témoigne de l' évolution et de l' approfondissement remarquable du travail de Barbier . Il y a une autre évolution qui mérite le détour . Elle s' intitule Morphothèque VII . C' est l' oeuvre d' Erwin Driessens et de Maria Verstappen . Elle est présentée par la galerie Le Sous-Sol . Dix-huit éléments de bronze qui racontent une merveilleuse métamorphose . Métamorphose , c' est le mot qui désigne le mieux la Foire de Bruxelles cette année . Elle a su gommer ses imperfections , celles qui lui avaient fait séparer par exemple , l' an passé , les galeries émergentes des autres mieux installées , les gamins des adultes . Aujourd'hui , tous mangent à la même table , et , à entendre teinter les tiroirs-caisses , force est de constater que la soupe est bonne .