_: Armstrong , Texan peur mais pas sans reproches Malgré Richard Virenque au Ventoux , Laurent Jalabert partout et la présence de l' équipe ONCE-Eroski , la supériorité de Lance Armstrong a étouffé un Tour banal et ennuyeux . Le vélo , toujours secoué par ses inconséquences , a besoin d' autre chose . C' est curieux comme les nouvelles les plus intéressantes sont parfois les plus lointaines . Les monts du Beaujolais samedi , les Champs-Élysées hier , et pourtant c' est d' Allemagne , en cette fin de Tour , que vient peut-être la seule info capable d' éclairer la lanterne de la petite reine . Andreas Klöden , vainqueur prometteur du Paris-Nice 2000 , va habiter dans la même ville que Jan Ullrich . On voit d' ici la stratégie : favoriser la réinsertion sportive du dépressif qui a fini déjà quatre fois deuxième du Tour ( ceci expliquant peut-être cela ) , vainqueur en 1997 , en lui mettant dans les pattes un collègue coureur de l' ex-Allemagne de l' Est . C' est sans doute bon pour le moral . Pour les entraînements . Et pour le Tour 2003 , même si Jean-Marie Leblanc déclarait hier que Jan Ullrich n' avait pas manqué à cette édition . Banni par la fédération allemande ( six mois de suspension suite à son contrôle positif aux amphétamines du 12 juin dernier ) , mis à l' amende par sa propre équipe ( sans salaire d' ici à ce qu' il purge la sanction ) , l' ancien vainqueur du Tour 1997 reste , au fond , la seule force capable de créer une vraie bagarre , le seul coureur à même de contester le boss . Et même tout simplement le seul espoir pour l' amateur de pouvoir sportivement s' intéresser un peu à la plus grande course du monde . Rien de mieux en fait que d' être au fond du trou , comme l' ex-futur leader de Telekom , pour puiser la force de revenir enfin en conquérant . Dans cette épreuve où pour la quatrième année consécutive le méthodisme a tenu lieu de geste , le besoin vital de baston s' est fait sentir . L' ennui est sans doute le pire ennemi du show sportif , et Ullrich , énigmatique personnage autant que coureur classieux , a manqué au scénario du Tour d' avant centenaire . Une édition , bien menée . Et surtout vite menée . Une fois de plus les moyennes font l' actualité . On en était déjà avant-hier , sans que l' étape forcément rapide des Champs ait eu lieu , à flirter , en 39 , 872 kilomètres à l' heure , avec la quatrième moyenne de l' histoire derrière celles de 1999 ( 39 , 983 , remportée par Marco Pantani ) , de 2000 ( 40 , 070 ) et de 2001 ( 40 , 276 ) . Armstrong , vainqueur de trois de ces Tours menés au pas de charge , n' y a rien fait de plus que ce qu' on pouvait attendre . D' où l' ennui . L' intérêt devait venir d' autres horizons . Or il ne s' est ouvert que l' espace de trente mètres quand Joseba Beloki a enfin tenté le tout pour le Tour . Distant , cassant et efficace , il a fallu que le jeu des circonstances réserve à l' Américain la deuxième place d' un contre-la-montre pour que les spéculations s' échappent et qu' un embryon de suspens , un frémissement d' incertitude s' emparent de l' observateur . La " surprise de Lorient " reposait sur onze petites secondes de différence entre lui et Botero . Finalement trop court , pour influer sur le sort de la course et booster , au-delà d' une curiosité trop passagère , l' intérêt du spectateur . Évidemment inopérant pour déstabiliser un ballet postal réglé au millimètre et exécuté à la perfection . Et ce ne sont pas les équipes italiennes qui ont , ne serait -ce qu' un instant , tenté d' enrayer l' exécution du livret de l' opéra Armstrong . Alessio , l' équipe d' Ivan Gotti ( 23e à plus de 40 minutes ) , a été d' une discrétion remarquable . Tout comme Fassa Bortolo sauvée par le maillot blanc du meilleur jeune , Ivan Basso ( 11e à 19 minutes ) , ou Tacconi , repêchée d' entre l' anonymat par son vieux Dario Frigo ( 25e à 43 minutes ) , vainqueur à Cluses , sans parler de la MAPEI , quasi uniquement présente , hormis le sprint vainqueur de Freire , par la douce inconscience de son néo-coursier Miguel Martinez , attaquant dans l' âme , ce qui , pour un premier Tour , lorsque l' on vient du VTT , n' est pas anodin . Le naufrage italien est bien sûr maquillé par le podium du ressortissant de la Lampre , Rumsas . Trente ans , Lituanien , première participation au Tour . Une découverte , autant qu' une surprise , ce Raimondas ! L' oubli , suspect , dès l' an prochain ? Il faut dire qu' avec les groupes et les coureurs italiens on passe systématiquement d' un extrême à l' autre . Stefano Garzelli , le coureur de MAPEI exclu du dernier Giro pour dopage au probénécide , a finalement été suspendu deux ans par la commission de discipline du comité olympique suisse , tandis que Gilberto Simoni a , lui , été innocenté samedi après-midi par la fédération italienne de son double contrôle à la cocaïne du printemps dernier . Une décision bien dans le style peu recommandable de l' athlétisme . Genre Merlène Ottey ou Javier Sotomayor absous par les fédérations jamaïcaines et cubaines . Est -ce parce que tout se mélange que les dérapages verbaux s' invitent sur le Barnum du Tour ? Jeudi dernier , Santiago Botero confiait au quotidien colombien El Tiempo qu' il ne comprenait pas " comment Armstrong ne tirait jamais la langue " . Une semaine auparavant , le public du Ventoux avait accueilli le maillot jaune aux cris de " Dopé ! Dopé ! " Le Tour , et tout le vélo avec lui , a plus besoin de sang et de larmes que n' importe quel autre sport . Dopage ou pas . La netteté des victoires d' étape d' Armstrong ( quatre ) et les écarts que peu à peu il a construits cette année ( le deuxième , Beloki , est à 7 minutes et 17 secondes ) ont réduit ce Tour à une compétition sans émotion . C' est peut-être pour ça que le public a pris à parti le dorénavant quadruple vainqueur : plus par lassitude que par accusation . Quel est le Tour qui a nourri la légende de l' épreuve en proposant un scénario où , par exemple , un Jalabert met la touche finale à sa gloire personnelle en calculant comment passer des cols en marge de la bataille absolue , pour emporter un accessit ? " C' est dommage , mais qu' est -ce qu' on peut faire ! " disait le directeur sportif d' US Postal , Johan Bruyneel , en commentant les invectives du public à l' écart de son Texan de champion . Espérons que Klöden permettra à Ullrich de trouver la réponse .