_: 1 500 mètres . Baala s' incline face au caïd El Guerrouj Dans la foulée du Marocain , le Français décroche une médaille d' argent sur 1 500 mètres , hier soir . La troisième pour le clan tricolore . Le Stade de France n' a été longtemps qu' une clameur . L' espace de 3 ' 31 '' 77 , les 62 000 spectateurs ont retenu leur souffle , gueulé tout leur saoul . Mehdi Baala , lui , retenait ses tripes dans la foulée du caïd du 1 500 mètres , Hicham El Guerrouj . Mais il s' est finalement incliné ( 2e en 3 ' 32 '' 31 ) face au désormais quadruple champion du monde de la spécialité . Heureux quand même , le souffle coupé , Baala dit : " Je suis vraiment satisfait parce que je ne suis pas si loin d' Hicham , ce soir . L' année prochaine peut-être , aux Jeux d' Athènes , je pourrais le battre . " Car qui d' autre hier soir pouvait faire tomber le Marocain sinon lui même ? Pourtant , dans le clan vert et rouge , à l' heure où les concurrents entrent dans l' arène de Saint-Denis , on se ronge les sangs . Et on se rassure comme on peut : " Des athlètes comme El Guerrouj sont des exceptions mondiales . Le Bon Dieu a fait qu' il était Marocain " , rappelle Aziz Daouda , le directeur technique du royaume chérifien . Comme prévu , le fils d' épicier de Berkane a verrouillé la course , laissé ses adversaires dans son sillage , menant le rythme à l' entame des 800 mètres . Seul athlète à passer sous la barre des 3 '' 30 cette saison ( 3 ' 29 '' 13 à Zurich le 15 août ) , El Guerrouj n' avait pas aimé qu' on ose contester sa suprématie . Alors il a accéléré jusqu'à faire sauter tous ceux qui restaient dans sa roue . Baala sera le dernier . Fouad Chouki , l' autre Français de cette finale , un moment médaille de bronze , cédera dans les derniers cinquante mètres . La blessure qui le minait ces derniers jours s' est même réveillé et l' a jeté sur un brancard sitôt la ligne passée . Huitième en 3 ' 34 '' 05 , l' ancien footballeur rate un bronze pas si cher . Il revient à l' Ukrainien Ivan Hesko ( 3 ' 33 '' 17 ) . Mais voilà El Guerrouj qui revient dans son tour d' honneur . Le maître a décidé de rendre hommage à son dauphin . Dans les tribunes , il rejoint la compagne de Baala et leur fille Amelle . Il l' embrasse . Le baiser du Prince ... El Guerrouj aime se comporter comme le Seigneur du tartan . Il n' aime pas la critique , râle lorsqu' on l' égratigne : " Chaque fois que je vois de mauvais articles sur moi , ça m' énerve et me donne encore plus de force pour retourner à l' entraînement . " À l' entraînement , justement , dans les montagnes du Moyen Atlas , il use ses compagnons de souffrance comme il a malaxé ses adversaires hier sur la piste du Stade de France de France . Baala le sait bien : il a partagé les séances d' El Guerrouj l' an dernier . En revenant , il avait constaté : " À mon petit niveau [ sic ] , je n' ai pas encore les années de travail foncier qui me permettent d' enchaîner les gros événements d' une année sur l' autre . Mais plus on bosse comme Hicham et plus on acquiert de la " caisse " . " . Car Hicham El Guerrouj est un monomaniaque de la piste , de la souffrance . " Lorsque je monte à Ifrane , je suis là pour courir et c' est tout . Chaque fois que je vise un objectif majeur , je me réfugie là-bas loin de tout pour me concentrer . Je ne vais jamais au café , je ne sors jamais . Je ne suis pas en prison et je me sens bien . De toute manière , je suis quelqu' un de discret . " . Chaque jour aussi , encore et encore , il se repasse sur l' écran de son salon les vidéos de ses courses : " Il y a une trentaine de cassettes que je revois chaque jour pour analyser mes défauts . " . Des victoires , évidemment , mais deux échecs majeurs en finale olympique à Atlanta ( 1996 ) et Sydney ( 2000 ) . " C' était un malheur " , grimace Hicham à propos de sa défaite face au Kenyan Noah Ngeny en Australie . Superstitieux , il a carrément fui le petit chalet des Bougainvilliers qui l' abrite à Ifrane avec les siens pour en retrouver un autre à quelques mètres . " J' ai déménagé parce que cette maison était maudite " , rigole t -il . Sa nouvelle demeure répond cette fois au sobriquet " Les Géraniums " . Comme ces fleurs qu' on trouve sur les fenêtres des maisons alsaciennes . Là bas , à Strasbourg , chez Mehdi Baala .