_: Patinage artistique . " Notre sport est le plus prisé des Français " À l' occasion des championnats de France , entretien avec Didier Gailhaguet , président de la Fédération des sports de glace . Les championnats de France , qui se déroulent ce week-end , à Briançon , donneront l' occasion aux patineurs français de dévoiler leurs ambitions pour les JO de Turin , en 2006 . De nouveaux chefs de file émergent , avec Brian Joubert et les danseurs Isabelle Delobel et Olivier Schoenfelder . Une génération qui aura pour mission de redorer le blason d' un patinage tricolore dont l' image a été écornée par le scandale de Salt Lake City . Didier Gailhaguet , président de la Fédération française des sports de glace , mis en cause dans cette affaire , fait le point sur la situation du patinage français . Depuis les jeux Olympiques de Salt Lake City , la Fédération française des sports de glace défraye plus les chroniques économiques et juridiques que l' actualité sportive . Quelles ont été les conclusions de la Cour de comptes et de l' inspection générale du ministère des Sports sur sa gestion ? Didier Gailhaguet . Le rapport de la Cour des comptes s' est soldé par un résultat extrêmement encourageant pour la Fédération dans le sens où les quarante-neuf réserves émises au départ sont devenues six , puis quatre . Quant au rapport de l' inspection générale du ministère des Sports qui portait sur les cadres techniques de l' État , il est évident que nous avions des choses à revoir . Nous avons remis en place un certain nombre de choses qui ne l' étaient pas mais qu' on a largement exagérées . J' aimerais d' ailleurs que la remise en ordre qui a eu lieu au sein de la fédération soit autant médiatisée que l' ont été les difficultés qu' éventuellement nous pouvions rencontrer . La Fédération vient également de faire l' objet d' un contrôle fiscal ... Didier Gailhaguet . Effectivement , nous avons été les personnes les plus contrôlées de France en six mois . Le contrôle fiscal qui vient d' intervenir porte sur l' ensemble des activités et concerne près de 100 millions de francs . Il ne s' est soldé que par un redressement de l' ordre de 20 000 francs . Tout cela prouve que la fédération est bien gérée . Votre présidence a été rudement mise à mal par votre suspension de toutes fonctions au sein de la fédération internationale à la suite du scandale des jeux Olympiques 2002 et de la tricherie au bénéfice des danseurs français que vous avez été accusé de fomenter . Didier Gailhaguet . Je pense que seuls les gens qui ne font rien sont toujours absous des choses qu' ils n' ont pas faites . Nous , on s' est battu pour la France , pour notre pays . Nous n' avons rien fait de grave , nous n' avons pas mis de fusil sur la tempe des juges pour qu' ils jugent différemment . On a simplement voulu gagner . Comme les présidents de fédérations de la terre entière . Peut-être que nous l' avons fait avec un petit peu plus de talent que d' autres . En tout cas , avec plus de résultat . Est -ce un tort ? Moi , je ne le considère pas . Aujourd'hui , en l' absence de preuves , nous acceptons les sanctions car nous sommes des gens responsables . Le titre olympique conquis par Marina Anissina et Gwendal Peizerat valait -il que votre intégrité soit remise en cause ? Didier Gailhaguet . Jamais la probité du président de la fédération n' a été mise en cause . Quand je dis tout mettre en oeuvre pour gagner , c' est donner à chacun tous les moyens de réussir dans le système dans lequel nous vivons . Ça signifie faire du lobbying comme tout le monde pour que Paris obtienne les jeux Olympiques de 2012 . Cela veut dire faire la promotion de nos athlètes . Oui , nous l' avons fait . Oui , on dit que nous faisons des choses bien car personne ne le dira à notre place . Donc nous continuerons à le faire . La France a -t-elle échangé un titre olympique avec l' équipe russe ? Didier Gailhaguet . Échanger des médailles ? On n' a pas besoin d' échanger des médailles quand on est les meilleurs . Mais expliquer à tout le monde que nos athlètes étaient les meilleurs , oui , on l' a fait . Et si je ne l' avais pas fait , ils n' auraient sans doute pas gagné . France Télévisions vient de reconduire son contrat avec la Fédération française des sports de glace mais en divisant son montant par trois , soit 450 000 euros annuels . L' image dégradée du patinage comme le peu de résultats des patineurs français y sont pour beaucoup . Didier Gailhaguet . Frédéric Chevit dit ce qu' il veut . Moi , je vous dis ce qui est . Le directeur des sports de France Télévisions , pour lequel j' ai le plus grand respect , dit ce qu' il veut dans l' objectif probablement non avoué de faire descendre ses droits de télévision . C' est de bonne guerre . La réalité est simple . Elle est économique . Quand le Comité international fait passer les JO de 1 , 4 milliard à 2 , 2 milliards de dollars , c' est une augmentation colossale pour les portefeuilles des chaînes qui ne sont pas extensibles . Les fédérations internationales sont déjà en train d' en sentir le contrecoup . Lorsqu' en troisième rideau , les fédérations nationales arrivent pour essayer d' avoir les miettes du gâteau en vendant des événements sans commune mesure avec un mondial comme les championnats de France , elles en pâtissent en termes de droits . L' âge d' or du patinage tricolore n' est donc pas pour vous révolu ? Didier Gailhaguet . D' abord , moi je ne raisonne pas qu' en termes d' images mais en termes de résultats . Ce qui intéresse les Français et , on l' a bien vu encore ce week-end avec le handball , ce sont les performances des sportifs français . À partir du moment où nous avons une chance d' être champion du monde ou olympique , le public se rapproche . Aujourd'hui , des enquêtes extrêmement précises apportent deux preuves . La première , c' est que le patinage est le sport le plus prisé des Françaises , tous sports confondus , et le quatrième des Français . Deuxième preuve , la chaîne avec laquelle nous sommes contents d' être associés a gagné plus d' argent grâce aux partenariats qu' elle a réalisés lors des événements de patinage . Elle a très bien vendu le patinage , quasiment à hauteur des droits qui nous ont été accordés pour cette période -là . Sportivement vous ne vous estimez pas non plus moins performants ? Didier Gailhaguet . Quand les patineurs français sont en très grande forme comme au mondial de Nice , en l'an 2000 , ce n' est pas si loin , ils permettent à la France de se classer deuxième nation mondiale . Quand cela n' est pas le cas , la France se hisse malgré tout au cinquième rang . Je me dis que bien des sports seraient fiers d' obtenir des résultats aussi négatifs . Les Audimat dont parle Frédéric Chevit Chevit , qui sont incontestablement un peu moins bons , sont quand même très largement suffisants par rapport à la moyenne que France Télévisions obtient sur les mêmes créneaux horaires . Il est pourtant incontestable que le meilleur Français , Brian Joubert , vice-champion d' Europe , est inconnu du grand public , alors que Philippe Candeloro bénéficiait d' un énorme capital de sympathie . Didier Gailhaguet . Il faut comparer ce qui est comparable . À dix-neuf ans , Philippe Candeloro était encore un inconnu dans le monde du patinage mondial . Et pour cause ! Il n' avait pas encore obtenu les résultats qui firent plus tard sa notoriété , notamment aux jeux Olympiques de Nagano . Nous parlerons de Brian Joubert dans quelques années et nous regarderons alors son coefficient de popularité . On verra s' il suffit exclusivement de faire le clown ou si les résultats comptent sans avoir à être obligé de se montrer torse nu sur la glace . Vous êtes donc confiant pour l' avenir du patinage français ? Didier Gailhaguet . Depuis dix ans , même plus , le patinage français a su rebondir d' année en année . On a dit : " Le patinage français est terminé " après Surya Bonaly et Candeloro , c' est faux . Depuis il y a eu Anissina-Peizerat . Vous verrez qu' on aura demain des très , très bons patineurs en France du plus haut niveau international . La France est en tout cas gravement sinistrée dans le domaine du patinage féminin ... Didier Gailhaguet . Certes . Probablement car nous n' avons pas su nous adapter à la psychologie féminine . Peut-être que nous avons entraîné les filles de manière trop proche des garçons . Il faut être capable de considérer que la spécificité féminine doit être davantage considérée dans le travail . Il y a effectivement des questions à se poser . Mais , même si cela prendra un certain temps , il y a de toutes jeunes filles qui arrivent . Un gros travail de détection a été fait par les entraîneurs nationaux , on va trouver les oiseaux rares . Depuis Salt Lake City vous donnez le sentiment de vouloir rationaliser le secteur du haut niveau et d' en finir avec les querelles d' entraîneurs et de chapelles ? Didier Gailhaguet . C' est le rôle d' une fédération de tisser un maillage tout autour de France pour essayer de tirer la quintessence du travail indiscutablement bon des clubs . C' est vrai qu' on a établi une réflexion précise sur les échecs que nous avons connus sur le haut niveau , notamment chez les filles . L' objectif est la réussite des individus concernés . J' attends que l' école française demeure aussi brillante qu' elle l' a été pendant des années . Avec 150 patinoires en France , dont une trentaine seulement sont dédiées à l' entraînement , et des moyens financiers comme humains limités , l' école française est mondialement reconnue . Il ne faut pas s' endormir et il faut arrêter de rêver mais je suis extrêmement confiant pour l' avenir du patinage français .