_: Rugby . Coupe du monde . Les Bleus chassent leurs doutes Arrivés en Australie avec un jeu flou , les Français se sont donné des repères grâce au 61 - 18 infligé au Fidji . Comme un clin d' oeil involontaire , c' est une ritournelle d' Édith Piaf que les organisateurs de la Coupe du monde avaient choisie pour présenter l' équipe de France , face aux Fidji . Un Non , rien de rien qui a si bien reflété l' état d' esprit des Bleus pour leur premier match de Coupe du monde , samedi soir à Brisbane . Arrivés il y a onze jours en Australie avec des résultats en berne ( Tournoi terne achevé à une modeste troisième place , trois défaites en tournée de printemps , une victoire de peu contre une correction face aux Anglais ) et un jeu à l' état d' ébauche , ils se sont lancés dans ce premier grand rendez -vous à la recherche de réponses . Sur ce qu' ils étaient capables de produire . Sur eux aussi . Pour ne rien regretter de leur aventure . C' est Tony Marsh , leader revenu des lignes arrière après un an de blessures , dont un cancer , qui a symbolisé cet élan . Une fois le haka des Fidjiens effectué , l' originaire de Nouvelle-Zélande a applaudi ces gestes de défi . L' air de dire : que les débats commencent . Cela tombait bien . Les Français affichaient le même état d' esprit . " J' ai hâte d' entendre le coup de sifflet de l' arbitre . Donner tout ce que je peux pour ne pas avoir de regret " , affirmait Imanol Harinordoquy avant le match . Histoire de mettre en pratique les deux mois de préparation et les intenses entraînements effectués au stade Ballymore . Face à des hommes du Pacifique aussi costauds que rapides , si désireux d' effacer leurs six défaites face aux Tricolores , il fallait se sortir les tripes et conserver la tête froide . " Se faire plaquer par eux ne fait jamais du bien " , reconnaît Serge Betsen . Le troisième ligne aile en a pourtant vu d' autres . À voir Harinordoquy , puis Pelous et Ibanez se relever difficilement de deux temps de jeu fidjiens vers la vingtième minute de jeu , puis Michalak et Jauzion faire passer par-dessus bord l' ouvreur adverse , chacune des deux équipes voulait montrer qui était le patron . Mais là n' est pas l' essentiel pour les Français . Pas même ce début de bagarre qui valut à Olivier Magne un " traumatisme maxillaire droit " , selon le médecin . Pour les amateurs de bourre-pif : un bon gros direct , asséné avec élan , à la pommette gauche ( carton jaune pour Magne et Caucaunibuca , 62e , cité à comparaître devant une commission de discipline ) . Après avoir subi lors des dix premières minutes de chaque mi-temps , encaissant deux essais d' ailiers venus d' ailleurs , les Tricolores sont à chaque fois revenus tranquillement dans le match , montrant pour la première fois depuis bien longtemps leurs qualités offensives . Alternance des courses , des mauls et du jeu au large . Tout ce que l' on n' avait plus vu depuis France-Angleterre du Grand chelem 2002 . " C' est la première fois depuis deux ans que l' on a mis en place ce que l' on veut . Que nous avons réalisé ce que nous mettons travaillons à l' entraînement , se réjouit Bernard Laporte . Nous avons réussi à tenir plus longtemps le ballon , à être dangereux sur quatre ou cinq lancements de jeu à nous . Même à Marseille ( 17 - 16 face aux Anglais en match de préparation fin août - NDLR ) , nous n' avions pas su enchaîner trois temps de jeu . " Si le pack avait des allures de tortue béglaise ( essai en force d' Harinordoquy , 34e ; groupé qui emmène Ibanez dans l' en-but , 77e ) , avec une deuxième ligne Pelous - Thion très efficace , les lignes arrière ont trouvé un duo de trois-quarts centre très joueur et perforant . Yannick Jauzion ( trois essais ) a pu faire apprécier sa technique et sa pointe de vitesse . Quant à Tony Marsh , le voilà rassuré : " Tout n' a pas été parfait . Je manquais de gaz . Mais on a eu de la chance , avec tous ces espaces et ces ballons à jouer . " Il est bien le métronome qui manquait pour stabiliser et rassurer les arrières ( 2 essais de Dominici ) . Après bien des moments de doute à ressasser dans les chambres de l' hôtel cosy de Brisbane , les mines étaient réjouies samedi soir . Les corps ont souffert . Mais la large victoire ( 43 points d' écart ) possède des vertus apaisantes . Au moins les Bleus ne font -ils pas fausse route . Ce que relève le sélectionneur des Fidjiens , Mac McCallion : " Si les Français jouent toujours comme ils l' ont fait samedi soir , en retouchant quelques petites choses , ils peuvent aller au bout . " Loin de cette perspective , les Bleus préfèrent parler d' élan retrouver , même si l' édifice est fragile . " On a montré patience , détermination et envie collective de bien faire , analyse Raphaël Ibanez . Mais aussi la volonté de chacun de prendre des initiatives , de ne pas tout attendre des leaders . Il faut préserver cette volonté commune . Chacun des trente apporte quelque chose à l' équipe . C' est dans ce sens -là qu' il faut construire . " En bon observateur du groupe , Jo Maso donne les clés de ce premier succès . " Nous avons un paquet de leaders qui savent qu' ils participent à leur dernière Coupe du monde . Ils sont remontés pour ne pas avoir de regrets . Ils servent de moteur aux gamins , en affichant bonne humeur et sérieux quand il le faut . Ces Galthié , Pelous ou Brouzet et Magne n' avaient pas conscience en 1999 qu' ils jouaient la Coupe du monde . Maintenant , ils savent faire passer le message à ceux qui en sont à leur première édition . " Dans ce magnifique écrin sportif du Suncorp Stadium ( 46 795 spectateurs ) , les Français se sont offerts un peu de calme et de confiance . Au diapason du soleil radieux qui baigne Brisbane , ils ont , avec quatre points au classement ( trois pour la victoire , un pour avoir marqué au moins quatre essais ) toute latitude pour préparer le futur quart de finale . Tout en se répétant tous que " ce n' était que le premier match . Il ne faut pas s' enflammer " .