_: Une finale , deux destins Chacun avait sa mine de circonstance . L' un , le visage fermé , a fait front . L' autre la tête épanouie dans sa crinière a prolongé jusque tard la discussion . Robert Nouzaret et Yvon Pouliquen ont passé , c' est sûr , une sacrée soirée samedi . Et si l' histoire d' un match n' est jamais écrite , c' est celle de l' avant-match qui aura le plus frappé l' entraîneur bastiais . Sortant des vestiaires bleus , car il fallait bien affronter la presse , il dira : " En attendant , encore une fois , c' est les sportifs qui subissent les conséquences . " L' équivalent d' un " no comment " qui en dit long sur la délicate gestion de l' avant-match . Mais Robert Nouzaret ne voudra pas épiloguer plus longtemps sur l' incident de la Marseillaise . Reconnaissant simplement " qu' il aurait fallu être sourd pour ne pas entendre les sifflets " , il zappera toute autre analyse . Pas difficile d' y deviner une consigne du staff corse , puisque Tony Vairelles , entre autres , s' en tiendra à un très improbable : " Je n' ai pas fais attention . J' étais concentré sur mon match " , qui ne trompe personne . Gênés aux entournures , les joueurs et dirigeant corses l' étaient assurément . Surtout ils étaient coincés dans cette impasse impossible où accuser l' agitation du début de match serait revenu à montrer du doigt leurs propres supporters . Autant scier la branche sur laquelle ils sont installés . Alors Nouzaret , sans cacher sa déception , s' en tiendra aux évidences . Et elles ne mettent pas du baume sur les blessures bastiaises . " On n' a pas joué . On a eu des sursauts . On a loupé notre finale . Je crois que c' est le pire . Une finale c' est précieux : tu peux la perdre , mais tu ne peux pas ne pas la jouer . C' est ce qui s' est passé . On va traîner ce regret longtemps . " Dans la salle d' interview , Yvon Pouliquen , lui , ne se fait pas prier . Pour parler . Du foot . De l' avenir . De la vie . La fête du foot est en lui ce soir et les incidents sont digérés . Peut-être abasourdi par cette première ligne qu' il vient d' inscrire au palmarès du club sud-breton , il pétille et lâche le feu qui l' anime : " Il faut profiter de la chance d' avoir joué ces deux finales . Elles représentent des rentrées économiques importantes . Il faut les utiliser pour travailler à pérenniser le club . Lorient doit prendre exemple sur ce que Troyes et Sedan ont construit . Il faut un centre de formation . " Il serait presque inarrêtable . Jusqu'à en oublier le bonheur simple d' un coup magnifiquement joué . Finalement , il avoue d' une petite phrase , sans trop se faire prier : " Je suis content . " Volubile mais modeste . Le jeune entraîneur qui , en douze mois , a réussi à gagner deux Coupes de France d' affilée avec deux clubs différents la joue passionné . Tout simplement . Salutaire en ces temps où tout aurait tendance à se confondre .