_: TOUR . Jaja frustré , c' est déjà demain pour le cyclisme français Laurent Jalabert a laissé passer définitivement sa chance de porter le maillot jaune et de vivre son apothéose de fin carrière . Avec lui , c' est toute une génération qui est talonnée par la relève tricolore . Il avait fait un rêve . Pas forcément un dernier rêve . Mais presque . Le Tour , pour Laurent Jalabert , c' est une histoire qui touche à sa fin . Et la magie de son maillot , une saveur qui doucement s' estompe . L' an dernier , ressuscité d' entre les coureurs , " Jaja " avait multiplié les exploits , drainé des foules de partisans et porté sa bonne parole de coureur touché à nouveau par la grâce de l' attaque de Verdun et Colmar où il gagnait , jusqu'aux Champs-Élysées où il remportait la tunique à pois en passant par sa chevauchée héroïque des Pyrénées . Alors dans cette première semaine un peu folle du Tour 2002 , la possibilité de porter le maillot de leader avait agi chez lui comme une révélation . Loupé d' un rien lors du prologue . Aperçu de si près à l' occasion de la première étape . Et presque caressé avant-hier . Le contre-la-montre par équipe n' était pas le défi le plus simple pour se parer des atours de maître du Tour . Mais une consécration à portée de secondes , quand on sait qu' on a une équipe armée pour cette bataille et que la réussite de l' exercice par définition ne dépend que de soi , ça crée quelques raisons d' y croire . L' échec pour 46 secondes amène finalement quelque ressentiment . Non parce que l' écart est réduit , mais parce qu' il résulte d' un cafouillage . " Jaja " , coureur qui fonctionne au panache et à l' inspiration , sait comprendre les aléas de la course . Les aléas dus à l' incompétence nettement moins . Quand son coéquipier Michael Stansdöd crève au kilomètre 40 , Bjarne Riis , le directeur sportif du team CSC-Tiscali , tarde apparemment à prendre la bonne décision : continuer ou attendre . Sauf que Standsdöd roulait bien et que Jalabert savait en avoir besoin dans le final . Entre ordre et contre-ordre , ralentissement et redémarrage , le train rouge et blanc décidera finalement de se passer du rouleur danois . " Il y a eu un flottement . Certains coureurs ont préféré attendre et d' autres , non . En continuant je suis persuadé que le maillot jaune était à ma portée " , déclarait hier le Mazamétain sur son site Internet . A l' arrivée ce sera encore raté . De si peu que les tergiversations sont en cause . Bonjour l' ambiance . D' autant que Jalabert en jaune , c' est maintenant plus qu' improbable . Comme il reconnaît lui-même : " Je suis trop près au classement général pour qu' on me laisse m' échapper et trop loin pour rêver encore du maillot jaune . " Car les rêves d' un coureur sont toujours empreints de réalisme . Trop surveillé sur les étapes qui mènent à Lorient ; pas suffisamment costaud pour mettre à profit le contre-la-montre individuel de Lorient-Lanester ( 55 km ) ; puis barré dans ses ambitions par la haute montagne : l' avenir en jaune de Jalabert est derrière lui . Une page assurément se tourne . Et si Jaja ( trente-quatre ans ) est proche de la sortie , ils sont quelques autres à voir poindre doucement le crépuscule de leur carrière . Les cadors qui portent les espoirs du cyclisme hexagonal sur le Tour commencent à sentir les effets du souffle d' une nouvelle génération ambitieuse sur leur nuque . Brochard , qui s' est agité en vain depuis le Luxembourg , a trente-quatre ans , Moreau , qui commence à endosser tranquillement les attributs du looser en a trente-deux et Virenque , qui reste bien au chaud pour l' instant et qui ne manquera pas de s' agiter avec sa maestria habituelle dès la Mongie lors de la première des cinq étapes de montagne , file sur ses trente-trois . Sans parler de Durand , trente-cinq ans , Simon , trente-quatre , Rous ou Robin , trente-deux . La relève existe . Elle a été annoncée avec tambours et trompettes . Et selon les spécialistes elles seraient sur le point de donner les premiers dividendes . Chez AG2R Prévoyance il y a le longiligne ex-pistard Andy Flickinger . Pragmatique au point d' en être distant . Il croit en lui mais botte en touche : " Il ne faut pas compter sur moi pour révolutionner le cyclisme français " , nous déclarait -il au Luxembourg . Sandy Casar de fdjeux.com s' inscrit dans un autre registre . Il affiche une volonté hors du commun doublée d' une envie de réussite presque maladive : " Deuxième ça sert à rien " , dit -il . Mais il y a encore chez les moins de vingt-cinq ans tricolores la dernière découverte de Jean-René Bernaudeau . Il a lancé sur ce Tour un tout jeune , le plus jeune d' ailleurs des 189 partants , avec ses vingt-deux ans à peine . Un certain Jérôme Pineau qui précède depuis le départ quelques grosses pointures , françaises et autres au général , en accusant un retard d' à peine plus de trois minutes seulement sur Igor Gonzalez de Galdeano . Et en plus , il grimpe . Ce petit gabarit nantais se définit lui-même comme un grimpeur-puncheur . Comme Virenque ? " Sportivement , oui " , répond -il sans avancer plus loin sur ce terrain . Formaté escaladeur parce qu' " il faut pas croire dans le vignoble nantais , il y a des bosses " , ce coureur qui a terminé 9e du Trophée des grimpeurs possède avant tout un mental : " J' ai peur de personne " , dit -il déjà sûr de lui . Et de ses ambitions . " Le Tour il faut le démarrer jeune pour pouvoir le gagner à 26 - 27 ans . " Son apparition , et celle des autres espoirs , apparus cette année sur le devant de la scène , il sait qu' il la doit à l' amélioration qu' il y a dans les moeurs du cyclisme national . " En Italie , ils vont finir par comprendre " , dit -il fort de ce qu' il réalise en néopro . Son discours direct laisse présager un futur bagarreur à la loyale . Rêver , à la différence de Jalabert , il peut déjà le faire .