_: La première phase des éliminatoires de la Coupe de l' America s' est achevée ce week-end en Nouvelle-Zélande . Le Défi Areva se qualifie d' un souffleVoile . Avec deux victoires seulement contre douze défaites , le syndicat français a décroché in extremis son billet pour les quarts de finale . Récit . " La Coupe de l' America se gagne à terre . Il faut s' y prendre au moins trois ans à l' avance car sur l' eau il n' y a pas de miracle . " La voix posée , le regard déterminé , Albert Jacobsoone , ex-navigant de l' aventure française 6e -Sens d' il y a trois ans et aujourd'hui équipier ( piano ) chez Prada , lâche ces quelques mots comme une évidence , sûr de ces six participations à la plus vieille épreuve sportive du monde . Mais la glorieuse incertitude du sport , flanquée d' un règlement alambiqué choisi par les concurrents eux-mêmes , en a décidé autrement ce week-end dans la baie de Hauraki ( Nouvelle-Zélande ) . Le Défi français Areva , que tout le monde voyait échouer ( douze défaites pour deux victoires seulement en un mois contre les Américains de One World et les Italiens de Mascalzone Latino ) , a arraché in extremis samedi sa qualification pour les quarts de finale de la Coupe Louis-Vuitton , les éliminatoires de la Coupe de l' America . Doté du plus petit budget des neuf challengers , avec 25 millions d' euros ( le plus gros budget est celui d' Alinghi 90 millions d' euros ) , le Défi français croit en sa bonne étoile en débarquant fin août sur les quais du Viaduct Bassin d' Auckland . Une place chanceuse de semi-finaliste malgré un maigre budget lors de la campagne 1999 - 2000 et les compliments de nombre de participants , dont le Defender néo-zélandais , ont donné de l' assurance à une équipe tricolore pourtant trop longtemps retranchée depuis à Lorient ( Morbihan ) faute de financement suffisant . Il faut dire que le trio Xavier de Lesquen ( directeur général ) - Luc Gellusseau ( directeur technique ) - Pierre Mas ( directeur sportif ) est spécialiste des retournements de situation en période de crise . L' arrivée plus que tardive du sponsor principal Areva ( holding " nucléaire " regroupant Framatome , Cogema et FCI pour la connectique ) un an avant la compétition alors que tout le monde les donne pour morts , témoigne une nouvelle fois de leurs ressources . Et qu' importe si la Nouvelle-Zélande , qui est " nuclear free " , n' autorise même pas les bâtiments de guerre étrangers à propulsion nucléaire à accoster dans ses ports , le " Défi atomique " , comme le surnomme la presse locale , s' installe à moins de 200 mètres de l' endroit où le Rainbow-Warrior a été coulé et se glisse dans la peau de l' outsider . Mais le golfe d' Hauraki n' a pas grand-chose à voir avec la baie de Lorient et le syndicat français réalise peu à peu à ses dépens qu' " il n' y a pas de miracle " dans les éliminatoires de la Coupe de l' America . Après plus de trois semaines de labeur acharné pour inverser la tendance , les premiers résultats commencent à poindre au bout de l' étrave du Class America français et le vent de la victoire semble vouloir tourner . " Le Défi français n' est pas aussi lent qu' on le dit . Leur bateau a certes un déficit de vitesse au portant ( vent arrière ) , mais c' est surtout le manque d' entraînement qui les a plombés " , analyse Albert Jacobsoone . Les statistiques parlent d' elles-mêmes , le bateau français a souvent fait de bons départs grâce à la qualité de sa cellule météo et prit la tête dans le premier bord au près ( contre le vent ) , mais un manque de connaissance des phénomènes climatiques du plan d' eau à moyen et long terme ( au-delà d' une heure de course ) et surtout trop d' erreurs techniques de la part de l' équipage ( mauvais réglages des voiles , spi qui tombe à l' eau au passage de la bouée , etc. ) , accompagnées de maladresses tactiques ( mauvais choix dans le côté du plan d' eau et options météos suicidaires ) ont à chaque fois donné un avantage au concurrent du jour , que le navire jaune fluo ne pouvait remonter ensuite faute de vitesse suffisante . " Pour rentrer le génois nous sommes six contre seulement deux personnes chez Areva , explique Christian Carcher , wincher de 6e -Sens il y a trois ans et aujourd'hui au service du Défi suisse Alinghi , grand favori de l' épreuve . Les Français sont arrivés à Auckland un mois avant les régates sans pratiquement aucune préparation ni mise au point . Je suis embêté pour Luc Pillot ( barreur d' Areva ) et les autres car il y a de bons marins dans cette équipe , mais quand on voit que Oracle ( Défi américain du milliardaire informatique Larry Ellisson , un des favoris ) a passé , par exemple , six mois dans la baie d' Hauraki à ne faire que des manoeuvres et que les Français débarquent comme ça juste quelques semaines avant , leurs résultats sont logiques . " Philippe Presti , barreur du Défi Areva lors des premières régates d' octobre et aujourd'hui à quai où il s' occupe de l' analyse des images des régates retransmises quotidiennement en direct par TNZ ( Television New-Zealand ) , reconnaît d' ailleurs qu' il y a des raisons mais pas d' excuses . " Sept secondes pour Prada pour rentrer son génois et vingt-deux pour Areva , on voit vite qu' il y a une différence de niveau . On a analysé ces images avec les équipiers d' avant et aujourd'hui on a rattrapé ce handicap , mais l' accumulation de ces manques de préparation a causé la série de défaites . Nous sommes seize sur un bateau , si chacun commet des erreurs , la sanction est immédiate . " Débarqué après trois défaites , et remplacé par Luc Pillot à la barre alors que ce dernier occupait le rôle de tacticien qui n' est pourtant pas sa spécialité , la gestion sportive a également sa part de responsabilité dans les performances françaises . À vouloir trop attendre ( la liste des navigants a été dévoilée quinze jours avant le début de compétition - NDLR ) et faire évoluer les trente-deux membres d' équipage à chaque poste pour créer une émulation , Pierre Mas a probablement freiné la mise en place d' automatismes à bord . " On a trop tourné et , à force , cela crée une situation de compétition , voire de conflit . On s' est trompés de politique sportive , confie Philippe Presti . Avec les moyens dont on disposait , il fallait que chacun se concentre très tôt sur une tâche bien précise . " Le manque de moyens financiers , malgré un budget pourtant deux fois supérieur à celui de 1999 - 2000 , n' a évidemment pas arrangé les choses et la qualification ce week-end pour les quarts de finale est due autant à la volonté qu' à un règlement qui offre plus d' importance aux dernières régates qu' aux premières . Alors que la plupart des syndicats s' entraînent à deux bateaux depuis le début , les Français n' ont fait leur première sortie avec leur lièvre que jeudi dernier en raison de leur manque de moyens , soit près d' un mois après le début des hostilités . Leurs deux mâts comparés aux douze de Prada , qui possède également 150 voiles et six bateaux , la taille de leur équipe ( 80 personnes contre près de 150 pour les favoris ) et un team presque franco-français contre la réunion de talents internationaux dans la plupart des défis ( 14 nationalités à bord d' Alinghi ) , illustrent également l' écart qui existe entre les meilleurs armés pour aller défier Team New Zealand et Areva , dont l' objectif est de faire au moins aussi bien qu' il y a trois ans . Un deuxième miracle peut -il avoir lieu ?