_: SQUASH . Thierry Lincou , premier de cordage Leader des Bleus , Thierry Lincou disputait cette semaine à Böblingen , en Allemagne , les championnats d' Europe par équipe de la discipline . C' est l' histoire d' un beau militaire parti faire son service à l' autre bout du monde , à la Réunion , histoire de voir du pays . Les charmes d' une Chinoise exilée avec ses parents le retiendront à bon port . Il troquera son fusil pour les mots , ceux qui formatent les âmes juvéniles aux turpitudes de l' existence . Monsieur Lincou père est éducateur , là-bas , sur les rives de l' océan Indien . Depuis toujours , il s' occupe des mômes à la dérive . Les siens ne se sont jamais écartés du droit chemin . Pour les divertir , il leur a bâti le premier court de squash de l' île , à Terre Rouge , à quelques encablures de Saint-Pierre . Dévoué , le paternel a appris les subtilités du jeu dans les livres . Un savoir empirique en forme d' héritage . Ses rejetons l' ont fait fructifier à la force du poignet . Thierry , le plus doué , le plus opiniâtre , campe aujourd'hui sur le toit de l' Olympe . Troisième des Mondiaux juniors en 1994 , six fois sacré roi de l' Hexagone en juniors puis chez les seniors , actuel numéro 4 au classement PSA , le tout à vingt-six printemps : jamais un Tricolore n' a fait mieux . Comme dans la chanson d' Aznavour , le surdoué " a quitté sa province à dix-huit ans , bien décidé à conquérir Paris , le coeur léger et le bagage mince " . Lui aussi se voyait en haut de l' affiche . Il y est aujourd'hui , après avoir longtemps ramé en coulisses . Car le succès , ça peut vous anéantir une graine de star gorgée de soleil . Partir , c' est mourir un peu . Le Réunionnais a tout plaqué pour renaître dans la froideur de l' INSEP . Aux Antipodes , il gagnait sans cesse mais ne progressait plus . Les plans d' entraînements envoyés par fax depuis la Métropole et appliqués en solitaire n' y suffisaient plus . Alors , le bac en poche pour seule assurance , le gamin fait ses valises pour l' usine à champions sise au Bois de Vincennes . Souvenirs : " L' internat , ça a été très dur . Partager sa chambre avec un mec que l' on ne connaît pas ... C' était difficile d' avoir une intimité . Heureusement , j' ai un caractère facile . J' ai eu une enfance irréprochable . Elle m' a appris la sociabilité . Très tôt , j' ai eu de bonnes habitudes comme celle de faire du sport avec des copains de toutes les races . " Il n' empêche , le petit génie de la raquette est d' abord un introverti porté sur la cogitation . Son pote chez les Bleus , Renan Lavigne , confirme : " Il n' est pas très expansif . Il ne se lâche pas . C' est un gars qui reste dans sa ligne de conduite , pas du genre à se livrer . Il ne se confie pas trop . " Question d' habitude , à force d' avoir été seul contre presque tous . Le sociétaire du Set Marseille a tardé à convaincre les cadres fédéraux que son talent méritait davantage de considération . Malgré des titres nationaux chez les jeunes , remportés le temps d' un aller-retour en avion . " A l' époque , ils ont misé sur d' autre têtes . Ils pensaient que je perdais du temps en restant chez moi . Aujourd'hui , la FFS a tendance à s' accaparer mes résultats . " Pourtant , elle n' y est pas pour grand-chose . Comme les trois-quarts des internationaux , l' intéressé s' est doté de coachs privés et précurseurs . " Avec eux , je bosse beaucoup les déplacements . Les séances sont basées sur la biomécanique , l' économie d' énergie et le calcul d' effets . J' effectue également un gros travail de représentation mentale , de visualisation . " Car la discipline est devenue de plus en plus exigeante : " Il n' y a pas de place pour la fantaisie . Mon point fort , c' est de ne pas être stéréotypé . J' arrive à m' adapter à tous mes adversaires . On ne peut pas rentrer sur un terrain en ne sachant pas quoi faire . Même en difficulté , il faut toujours poser un problème à l' autre . Maintenant , à moi d' être plus constant dans les grands rendez -vous , de mieux gérer mon statut de favori . " La postérité est là qui attend : " Ça me plaît de tracer la voie . Le mec qui défriche , c' est quand même autre chose . "