L'Humanité

1: Des jeunes se mobilisent pour une banlieue sympa

2: Délinquance

3: Trois jeunes adolescents , interpellés parce qu' ils discutaient en bas de leur immeuble , risquent deux mois d' emprisonnement et 3 750 euros d' amende .

4: Le réseau Banlieue sympa dénonce la criminalisation anti-jeunes .

5: Bagneux ( Hauts-de-Seine ) .

6: Une banlieue dite sensible .

7: Jeudi 24 juillet , le réseau Banlieue sympa a organisé sur la place des Brugnauts , dans un des quartiers de la ville , un " barbecue sono " en soutien à Kelly , Claudie et Sultan , âgés respectivement de 15 , 18 et 16 ans .

8: Une occasion de faire la fête , mais surtout de rassembler des fonds pour la défense des victimes .

9: En effet , le 8 juillet , après une partie de basket au stade municipal , les trois jeunes gens échangent quelques mots en bas de chez eux avant de se quitter .

10: Il est 23 heures .

11: Tout ira alors très vite .

12: Ils se font interpeller par une patrouille de police qui passait par là , et seront placés pendant 17 heures en garde à vue .

13: En juin dernier , c' est Abdelaziz , trente ans , qui fut , quant à lui , roué de coups " pour avoir protesté alors qu' une voiture de police obstruait le passage du brancard transportant son père " .

14: Il est inculpé pour " outrage , rébellion et menaces de mort " .

15: Pour Cédric , jeune Balnéolais de vingt et un ans , la sanction est lourde de conséquences .

16: " Voilà comment mettre du désordre dans un quartier , s' indigne -t-il . Il n' y a pas de quoi réprimer parce que tu discutes en bas de chez toi . Les autorités s' y prennent mal pour faire passer le message . Il n' y a jamais eu de problèmes aux Brugnauts . Et voilà qu' en l' espace de trois mois , il y a deux affaires de ce type . C' est à se poser des questions . "

17: Prévention abusive ?

18: Provocation policière ?

19: " Dans quel pays , sous quel régime serions -nous ? " , s' interroge l' association Banlieue sympa , avant d' ajouter : " Les exemples se multiplient à Saint-Denis , à Gennevilliers ... "

20: " Les médias ont contribué à la stigmatisation des jeunes des banlieues , et plus particulièrement ceux de Bagneux . C' est un tort " , dénoncent Mehdi et Steve , tous deux âgés de vingt et un ans .

21: " J' aime ma ville , je m' y sens bien , j' ai grandi dans ces quartiers , continue Mehdi . Ce qui est arrivé à ces trois jeunes aurait très bien pu nous arriver aussi . Ça nous concerne tous autant que nous sommes . Mais je suis déçu qu' il y ait aussi peu de monde à cette initiative . "

22: Si l' objectif était d' affirmer " haut et fort " que les jeunes ne sont " ni des casseurs ni des criminels " , et d' " exprimer notre sympathie aux familles concernées " , l' événement a été boudé par la mairie qui a tout de même lancé un tract de soutien , quelque peu ambigu .

23: Si elle y dénonce une loi " ouvertement et exclusivement répressive " , elle n' en poursuit pas moins par : " Des Balnéolais sont confrontés aux problèmes de squat des halls et doivent faire face à de lourdes nuisances ; de tels comportements doivent être sanctionnés . "

24: " Ce qui importe , c' est que les jeunes soient avec nous comme nous sommes avec eux " , rassure un des animateurs de la soirée .

25: Pour Isabelle Lorand , chirurgienne , animatrice de la commission de bioéthique du Parti communiste français et élue à Bagneux , les responsables ne sont pas ceux que l' on croit .

26: " Nous traversons une crise profonde de notre société . Dans un monde où règne la loi de la jungle , où le tout-sécuritaire est la règle . Un monde à notre image , en somme . C' est pour cela que la spirale sécuritaire n' arrêtera pas la délinquance . La crise de notre société n' est pas simplement économique et financière , elle a aussi modifié nos valeurs et notre relation à autrui . Si nous voulons être cohérents avec nous-mêmes , commençons par lutter contre la délinquance en col blanc . "