_: SECURITE . Délinquance à Paris : des chiffres contrastés Le statisticien et sociologue Bruno Aubusson de Cavarlay analyse les chiffres de la délinquance dans la capitale pour l' année 2001 . Quelques jours après s' être fait griller la politesse par le procureur Jean-Pierre Dintilhac , Jean-Paul Proust , le préfet de police de Paris a rendu publics vendredi les chiffres définitifs de la délinquance pour la capitale Pour le détail des chiffres : www . prefecture-police-paris.interieur.gouv.fr , confirmant la hausse globale de 5 , 39 % par rapport à l' an dernier ; tout en la relativisant , soulignant une " physionomie particulièrement contrastée " tant dans le temps que dans le type de faits . Ainsi , " le premier semestre a été caractérisé par une hausse soudaine et marquée de la délinquance " , puis " un infléchissement sensible s' est manifesté " . Le préfet fait le distinguo entre les différents types d' infractions . En effet , sur les 311 604 infractions constatées , plus de 173 000 sont des délits de voie publique , soit " plus de la moitié " . Et de jouer encore le contraste : si les vols à la tire et ceux avec violence ont progressé ( + 14 et + 30 , 9 % ) , les vols à main armée ont baissé ( - 7 , 1 % ) , à l' instar des hold-up ( - 27 , 1 % ) et des vols d' automobile ( - 5 , 8 % ) , ont , eux , régressé . Jean-Paul Proust a rappelé également que 40 % des vols avec violence sont des vols de portables , pointant du doigt au passage les délits économiques et financiers - vols et arnaques à la carte bancaire - qui , avec 33 447 infractions , " continuent de peser lourdement dans la comptabilité des statistiques " . Le préfet de police tire néanmoins un satisfecit de l' activité des services de police , notant une augmentation des faits élucidés ( + 9 , 86 % ) , des personnes mises en cause ( + 4 , 8 % ) et des gardes à vue ( + 1 , 48 % ) . Mieux ! " Le nombre des délits révélés , dont l' évolution permet de mesurer le travail d' initiative , a augmenté de 13 , 5 % " , s' enorgueillit -il , espérant " inverser la tendance et faire reculer la délinquance " . Face à cette course aux chiffres , le statisticien Bruno Aubusson de Cavarlay , directeur de recherche au CNRS et membre du CESDIP ( Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales ) , reste circonspect : " Désormais , on ne publie plus les chiffres une fois l' an mais tous les trois mois , avec deux décimales après la virgule . A part pour se rassurer , je n' en vois pas l' intérêt . A moins de les inscrire dans le moyen terme et de les comparer aux enquêtes de victimation " , assène -t-il . En effet , " ces chiffres ne recensent que les faits constatés par la police . Et ils montrent l' orientation de leurs missions . Qui plus est , ils ne sont significatifs qu' à moyen terme . Ainsi , l' explosion des chiffres depuis les années soixante-dix et quatre-vingt tient aux vols , qui pèsent très lourds dans les statistiques et dont l' évolution est désormais cyclique " , précise le chercheur . Ajoutant : " On constate aussi que les délits évoluent avec leur époque . D' où ces vols de portables . " Le chercheur réclame aussi " le détail des faits élucidés . Parce que , si vous voulez faire monter le taux d' élucidation , c' est très simple . Il suffit d' arrêter des possesseurs de cannabis . Là , en même temps que l' infraction est constatée , l' affaire est élucidée . Autre chose est de répondre aux faits rapportés par les victimes " . Commentant au passage les chiffres nationaux - qui montrent une plus forte augmentation en zone gendarmerie qu' en zone police - , Bruno Aubusson de Cavarlay y voit plusieurs tendances : " Non seulement , il y a un déplacement de certains faits des zones police vers les zones gendarmerie . Mais , dans le cadre de la répartition entre police et gendarmerie , les gendarmes , pour ne pas être en reste , ont peut-être mis un coup de collier . " Ces chiffres sont en effet à double tranchant : " Ils servent à la fois à apprécier la réussite de la police - dans ce cas , de " bons chiffres " , ce sont des chiffres en baisse - mais aussi à apprécier l' activité de la police - dans ce cas , de " bons chiffres " , ce sont des chiffres en hausse " . Et , en attendant les chiffres définitifs , face au + 7 , 7 % annoncés par avance au niveau national , le chercheur rappelle le vrai-faux " théorème de Demonque " , diffusé par l' association Pénombre Et pour en savoir plus sur l' analyse des statistiques : www.penombre.org , " espace de réflexion et d' échange sur l' usage du nombre dans les débats de société " : " Sur une courte période , les statistiques de la délinquance varient en proportion inverse de la popularité du ministère de l' Intérieur auprès de ses troupes ... "