_: REPRESSION . LA COUR DE CASSATION A REJETE LE POURVOI DU SYNDICALISTE PAYSAN . Bové à nouveau embastilléLa justice française a confirmé les condamnations qui pesaient sur le porte-parole de la Confédération paysanne . José Bové devrait donc retourner en prison pour quatorze mois . Millau . 14 heures Une guillotine devant les marches du palais . Derrière les bois de justice , des policiers , sous une banderole sur laquelle on peut lire : " Syndicaliste en prison . Démocratie en danger " . Le condamné : José Bové . La colère et l' émotion , aussi vives l' une que l' autre , se mêlent dans l' assistance dès les premiers mots prononcés par le porte-parole de la Confédération paysanne . Il vient , via un mobile , d' être informé par son avocat , Me François Roux , du rejet par la Cour de cassation du pourvoi formulé après les lourdes condamnations de la cour d' appel de Montpellier . Le lutteur paysan , opposant farouche aux OGM , à la malbouffe , à la gestion capitaliste d' un monde qui relègue le plus souvent l' humain au dernier rang , bien après les intérêts des marchés financiers et des multinationales , devrait une nouvelle fois franchir les portes du pénitencier . Entourant le porte-parole de la Confédération paysanne , une centaine d' amis sont rassemblés dès 14 heures , en ce début d' après-midi éclairé d' un chaud soleil automnal , devant le palais de justice . Celui -là même où les dix du Larzac , pour la plupart éleveurs et militants du syndicat paysan , avaient été déjà sévèrement condamnés en correctionnelle pour le démontage du McDo en août 1999 . José Bové a déjà été placé près de trois mois derrière les barreaux pour cette action . José Bové , René Rissel et Dominique Souiller , les trois responsables de la Confédération paysanne qui s' étaient pourvus en Cassation après le jugement de la cour d' appel de Montpellier , devront exécuter leur peine et , en outre , verser 1 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles . La Cour de cassation n' a donc entendu que l' avocat général qui , le 5 novembre dernier , mettait en cause " l' état de nécessité " défendu par François Roux , l' avocat de José Bové , et a retenu la qualification de " dégradation et destruction du bien d' autrui en réunion " , lors de l' intervention des militants dans les serres de riz expérimental du SIRAD , en Camargue . La cour valide aussi la décision de la cour de Montpellier de révoquer le sursis de 8 mois obtenu par José Bové à Agen , en 1998 , dans une autre affaire de destruction d' organismes génétiquement modifiés . Le leader paysan devra donc effectuer quatorze mois de prison ferme , qui lui seront notifiés soit par courrier en lui demandant de se rendre en prison , soit par des gendarmes venant l' arrêter . À l' issue du rendu de l' arrêt de la cour , les militants de la Confédération présents remarquaient qu' une fois de plus les juges refusaient de se prononcer sur le fond du dossier . Avis partagé par Me François Roux : " Nous ne sommes pas très surpris par cette décision . Nous avons encore du chemin à faire pour convaincre les magistrats de l' état de nécessité de ces interventions . Nous allons continuer à poser cette question devant la Cour européenne des droits de l' homme , en en ajoutant une autre : peut -on faire des essais d' OGM en plein champ ? Les plants détruits au SIRAD étaient destinés , je le rappelle avec insistance , à être replantés en plein champ en Camargue . C' est pour cela qu' il était urgent d' agir . La Cour de cassation ne reconnaît pas non plus la validité de l' article 8 de la convention européenne des droits de l' homme sur l' environnement . Là-dessus , nous demanderons aussi l' arbitrage de la Cour européenne . Nous considérons qu' à partir du moment où il y a risque pour l' environnement reconnu par des scientifiques et où les essais ne sont pas assurés l' État français ne prend pas les mesures de protection nécessaires vis-à-vis de ses citoyens pour assurer un environnement sain . " L' avocat va aussi demander par une requête le maintien du sursis de huit mois " pour que la peine reste de six mois ferme , telle qu' elle avait été décidée la première fois " . Réagissant immédiatement après l' annonce du rejet , José Bové dénonce fermement cette décision qui porte atteinte de manière inadmissible au droit syndical . " Si on accepte cela , c' est alors la fin de l' action syndicale , des mouvements citoyens , de leurs droits à contester l' ordre établi . " Il rappelle le sens de l' action menée par la Confédération paysanne contre les OGM . " Les paysans vont être victimes d' une privatisation des semences par quelques multinationales qui veulent dominer ; les citoyens aussi avec les risques sur l' environnement et la santé . " Il constate aussi , pour le regretter vivement , que les magistrats de la Cour de cassation n' ont pas voulu retenir l' état de légitime intervention , alors que la convention européenne des droits de l' homme reconnaît le droit de chacun à un environnement sain . Le syndicaliste lance ensuite un appel à amplifier la mobilisation contre les OGM . Il propose qu' un référendum national soit lancé publiquement sur cet enjeu . Il annonce qu' un recours va être déposé devant la Cour européenne de justice . Un recours non suspensif , faut -il préciser . Pour la première fois depuis 1945 , un militant syndicaliste va devoir purger en France une peine de quatorze mois d' emprisonnement pour avoir tout simplement participé à des actions revendicatives . Quelles soient soutenues majoritairement ou non par le plus grand nombre , là n' est pas la question . En s' en prenant avant tout à un syndicaliste , la décision des magistrats est extrêmement lourde de conséquences . L' acharnement contre le leader paysan redouble de vigueur depuis l' arrivée de la droite au pouvoir . En condamnant José Bové , de la manière la plus sévère qu' il soit , comment ne pas voir que ce sont , avant tout , les militants , individuellement et collectivement , ainsi que les mouvements sociaux et revendicatifs qui sont aujourd'hui menacés . Beaucoup de personnes , ici à Millau , n' oublient pas que le saccage du bureau de la ministre de l' Environnement en 1999 ou plus récemment la destruction de la porte de l' An 2000 à Montauban par des manifestants d' une autre organisation agricole que la Confédération paysanne restent toujours impunis .