_: Chômage . Une opinion inquiète et critique Quatre Français sur cinq s' attendent à une hausse du nombre de sans-emploi et une majorité juge inefficace la baisse des charges sociales . En dépit des efforts du gouvernement pour faire croire que l' emploi est sa " priorité " , les Français affichent leur pessimisme quant à l' évolution de la situation dans la prochaine période . Ils sont quatre sur cinq à prévoir une augmentation du nombre de sans-emploi dans les mois à venir , contre seulement un sur deux il y a un an , nous apprend une récente étude réalisée par l' IFOP pour la direction de l' animation de la recherche , des études et des statistiques ( DARES ) , du ministère des Affaires sociales . Le pessimisme de nos concitoyens n' avait jamais atteint un aussi haut niveau depuis 1993 . Rien d' étonnant en vérité : l' opinion publique accompagne les réalités , celle d' un chômage qui continue sa progression selon les dernières statistiques de l' INSEE sur le mois de juin , celles des plans de suppressions d' emplois qui continuent de défrayer la chronique . Les Français ne se montrent pas plus confiants sur le long terme puisqu' un tiers d' entre eux seulement ( 8 % de moins qu' en 2002 ) jugent probable une réduction à 5 % du taux de chômage d' ici 2010 . Autre signe de leur inquiétude , " le sentiment d' être menacé par le chômage s' accroît de nouveau pour approcher 30 % " , indique la DARES . Pour autant , dans un apparent paradoxe , plus de quatre personnes sondées sur dix pensent que les difficultés de recrutement vont augmenter dans les prochains mois . Pour quelles raisons ? Avant tout parce que " les salaires proposés sont trop faibles " : 46 % des Français placent ce motif en tête d' une liste d' explications qui leur sont proposées , devant " l' inadéquation entre la qualification des candidats et les compétences requises " . Instructives sont également les réponses fournies dans un autre chapitre de l' enquête , portant sur les raisons de la hausse du chômage et la politique de l' emploi . Interrogés sur les principaux freins à l' embauche , les sondés citent en premier la faiblesse de l' activité économique ( 37 % ) , avant le niveau des cotisations sur les salaires ( 34 % ) . Il y a dix ans , dans la même enquête , l' ordre des facteurs était inversé . Et lorsqu' on leur demande si , comme le proclament les gouvernements successifs , l' allégement des cotisations sociales pour les employeurs est efficace pour créer des emplois , une minorité seulement ( 40 % ) répondent par l' affirmative , 55 % pensant le contraire . En revanche , ils sont une large majorité ( 55 % , en hausse nette de 6 % sur l' an dernier ) à considérer que cette mesure " provoque avant tout un effet d' aubaine pour les entreprises " . Et , ajoute la DARES , " l' idée d' une nécessaire contrepartie à de telles exonérations progresse et se trouve désormais partagée par sept interviewés sur dix ( plus 5 points ) " . Les allégements de charges plus ciblés , accordés dans les cadre des contrats-jeunes mis en place par François Fillon ( exonération totale de cotisations pour l' embauche de jeunes peu diplômés en CDI ) , sont presque aussi mal notés ( 42 % d' appréciations favorables , et 51 % qui y voient un effet d' aubaine ) . Un autre volet phare de la politique de l' emploi , introduit par le précédent gouvernement en 2001 , poursuivi par l' actuel , reçoit un jugement négatif : il concerne la prime pour l' emploi versée par l' État aux salariés à faible rémunération . Près de la moitié des Français ( 44 % ) pensent que cette mesure n' aura pas d' effet sur l' emploi , et ce scepticisme gagne du terrain ( 24 % seulement avaient cet avis en 2001 ) . Cette prime serait -elle malgré tout " une bonne solution pour réduire les inégalités sociales " ? Pas plus d' un Français sur cinq répond " oui " . En revanche , une très forte majorité ( 63 % ) pensent qu' il vaudrait mieux , pour atteindre cet objectif de justice , augmenter le salaire minimum . Enfin , on relèvera que six Français sur dix considèrent que les minima sociaux apportent " une aide trop faible pour faire face aux difficultés que le chômage entraîne " . Et , autre désaveu de l' idéologie libérale chère à MM. Raffarin , Fillon , Mer et Cie , seuls un quart des sondés estiment que ces minima " dissuadent les gens de chercher un emploi parce qu' ils permettent de vivre sans travailler " . En revanche , pour un sur deux ( 48 % ) , l' effet " désincitatif " vient de la faiblesse des salaires . Autant d' éléments qui plaident , à l' heure où les nuages noirs s' amoncellent sur le front l' emploi , pour une mise à plat de la politique à l' oeuvre depuis des années , un bilan contradictoire des divers dispositifs , plutôt que la fuite en avant dans la voie des cadeaux sans contrepartie offerts au patronat .