_: Justice . Pour la première fois en France , une soignante comparaît devant la justice pour actes d' euthanasie . L' infirmière qui " aidait " ses patients à mourir Jusqu'au 31 janvier , la cour d' assises de Versailles va devoir statuer sur les motivations qui ont conduit , à sept reprises , Christine Malèvre à " pousser la seringue " . Quelles ont été les motivations qui ont poussé Christine Malèvre , alors infirmière du service pneumologie-neurologie de l' hôpital François-Quesnay de Mantes-la-Jolie , à mettre fin à la vie de sept patients incurables dont elle avait la charge ? Dès aujourd'hui , et jusqu'au 31 janvier , la cour d' assises de Versailles ( Yvelines ) va devoir se pencher , pour la première fois dans les annales judiciaires , sur le cas d' un membre du corps médical accusé d' actes d' euthanasie active . En France , cette pratique étant illégale , c' est donc du chef d' inculpation d' " assassinats " que la jeune femme de trente-trois ans va devoir répondre . Précisément , le Code pénal distingue l' euthanasie active - le fait de provoquer directement la mort , qui est assimilé à un homicide - et l' euthanasie passive - considérée comme de la non-assistance à personne en danger . Celle qui travaille aujourd'hui au service achat d' une entreprise de recharge de batteries près de Laval encourt la réclusion à perpétuité . Lorsque éclate l' affaire , en mai 1998 , le débat entre partisans et opposants de l' euthanasie est relancé . Christine Malèvre est présentée comme une égérie ou une meurtrière . Quatre ans et demi plus tard , c' est plus sa personnalité et sa fragilité qui vont être questionnées . Point de départ de toute l' histoire , un courrier envoyé discrètement par la direction de l' hôpital de Mantes-la-Jolie au parquet de Versailles faisant état de soupçons sur la pratique euthanasique de l' infirmière . Convoquée par sa hiérarchie , elle nie et , de retour chez elle , tente de se suicider en avalant des tranquillisants . En juillet 1998 , elle est mise en examen pour " homicides volontaires " , après avoir déclaré aux enquêteurs qu' elle a aidé à mourir une " trentaine " de patients incurables . Lors de l' instruction , elle revient partiellement sur ses déclarations , ne reconnaissant plus que " quatre cas d' euthanasie active " , qu' elle aurait pratiquée " à la demande des patients " ou " de leur famille " . Arguments réaffirmés lors d' un numéro de la Marche du siècle en septembre 1998 et dans son livre , Mes aveux , paru en mars 1999 . Les psychiatres qui l' ont examinée estiment que , en proie à des souffrances personnelles , elle était animée " d' une fascination morbide pour la maladie " et qu' elle " s' identifiait de façon massive et sans distance à la souffrance de l' autre " , ce qui l' aurait poussée à agir de façon " préméditée " . Du fait de ce rapport , les faits sont alors requalifiés en " assassinats " . Christine Malèvre est à ce moment poursuivie pour avoir donné " volontairement la mort " à huit hommes de dix-neuf à soixante-quinze ans et à trois femmes de quarante-huit à soixante-huit ans , hospitalisés dans son service entre février 1997 et mai 1998 . Finalement , en juin 1999 , la chambre d' accusation de la cour d' appel de Versailles , sans suivre totalement les réquisitions du parquet général , renvoie la soignante pour " sept assassinats " . Pour Me Olivier Morice , représentant de trois parties civiles , Christine Malèvre " ressemble davantage à une tueuse en série qu' à une madonne de l' euthanasie " . Seul point d' accord entre la défense et les parties civiles , ce procès ne sera pas l' occasion d' un débat sur l' euthanasie . Selon Me Libmann , " le débat sera surtout de savoir si ma cliente a aidé ou pas les patients à mourir et ce qu' elle a vraiment fait " . Le conseil ne veut rien livrer de sa stratégie , refusant même d' indiquer l' actuelle position de Christine Malèvre concernant les actes qui lui sont reprochés . " Toute la lumière sur ce dossier se fera à l' audience . " Et les familles des victimes d' attendre , en effet , d' être éclairées .