_: Laïcité . Les convictions des lycéens Derniers auditionnés de la commission Stasi , les élèves du lycée Joliot-Curie de Dammarie-les-Lys ont planché sur la laïcité pendant trois mois . Retour sur les lieux . Ils se sont promis de passer à autre chose , de tourner la page , histoire de " décompresser " un peu . De l' aveu même de leurs professeurs , les élèves du lycée Joliot-Curie de Dammarie-les-Lys ( Seine-et-Marne ) sont arrivés à " saturation " . On les comprend . Depuis trois mois , une bonne partie des 1 600 écoliers de cet établissement ont planché sur le thème redoutable de la laïcité . Vendredi dernier , quelques dizaines d' entre eux - tous volontaires - ont eu la lourde tâche de présenter leurs réflexions à la commission Stasi , qui avait choisi de clôturer ainsi ses auditions . Un travail salué par Bernard Stasi lui-même : " Bravo pour la précision et la clarté de vos interventions ! " s' est exclamé le médiateur de la République . Avant d' ajouter que leur contribution représentait l' une des " meilleures réflexions " que les " sages " aient entendues . Joli hommage à cette idée lancée , voici quelques mois , par la proviseure du lycée . Invitée , en juillet , à siéger parmi la commission Stasi , Ghislaine Hudson a souhaité faire rebondir le débat dans l' enceinte de son école . Dès la rentrée de septembre , le thème de la laïcité a donc été , chaque semaine , soupesé , disséqué , abordé sous tous les angles dans le cadre des cours d' éducation civique . Avec toujours le même principe : un débat libre , basé sur l' actualité ou des rappels historiques . Le tout en correspondance avec le lycée voisin de Melun et les lycées français d' Ankara , Rome , Vienne , Prague , Tunis et Beyrouth . Quelques jours après avoir arpenté le palais du Luxembourg , où siège la commission Stasi , on retrouve la trentaine d' élèves de la première L dans le huis clos de leur salle de classe . Max Fraysse , professeur d' histoire géographie , esquisse un bilan : " Au Sénat , devant les sages , j' ai eu un peu l' impression que l' on représentait le peuple dans cette affaire , sourit -il . Mais , au fond , je crois que le jeu en valait la chandelle . La solennité de l' endroit forçait à un minimum de sérieux ... " Outre les trois quarts d' heure d' attente dans un couloir , les élèves , eux , regrettent surtout le débat dans la salle , focalisé sur le seul problème du foulard islamique , trop " réducteur " et " stigmatisant " . En trois mois , à défaut de certitudes , les élèves de la première L se sont forgé quelques solides convictions sur la laïcité . Les signes religieux " ostentatoires " , par exemple , n' ont pas leur place en classe . Comme le souligne Marion , qui se dit " croyante mais pas pratiquante " , rien ne justifie que l' on porte des signes religieux sur les bancs de l' école : " La croyance est quelque chose de personnel , qui se passe juste entre Dieu et nous-mêmes . " Une loi ? La plupart sont pour , désormais . Mais prône la discussion avant la sanction . Une femme voilée dans la rue ? " Cela ne me choque pas , assure Laetitia . Mais c' est vrai qu' il s' agit d' un signe de soumission . " " Cela détruit les femmes " , lâche une élève . " Ça dépend , reprend Marie-Gaëlle , si elles le portent de leur propre volonté , ce n' est pas pareil . Ça peut être juste une affirmation de sa religion . " Au premier rang , Jérôme glisse une autre idée : aménager le calendrier afin d' y faire apparaître les fêtes religieuses non chrétiennes . Ce qui a le don d' agacer : " On ne peut pas modifier le calendrier , rétorque une jeune fille , c' est un peu une partie du patrimoine français ... " Comme le rappelle , finalement , Max Fraysse , " le but de l' éducation civique est de fuir les opinions faciles et d' apprendre à construire un raisonnement , argumenter tout en respectant l' opinion de l' autre " . Avec la laïcité , il ne pouvait rêver mieux .