_: Maxi procès . Franck Perletto , arrêté alors qu' il était en cavale , devrait rejoindre son frère Pascal dans le box des accusés de la cour d' assises spéciale des Bouches-du-Rhône . Drogue , banditisme et politique Repris vendredi dernier après un petit mois de cavale en compagnie de trois autres pointures de la pègre , Frank Perletto devrait retrouver dès ce matin son frère , Pascal , dans le box des accusés de la cour d' assises spéciale ( sans jury populaire ) des Bouches-du-Rhône . Le clan Perletto , formé de sept Varois et qui comprend aussi Antoine Cossu , alias l' Anguille , un parent par alliance de feu le parrain marseillais Francis le Belge , est soupçonné d' avoir organisé l' importation illégale , le plus souvent par yachts privés , d' importantes quantités de résine de cannabis depuis le Maroc et de cocaïne depuis l' Amérique du Sud . La première semaine de ce maxi procès , qui devrait se dérouler jusqu'à fin juin , s' est plutôt bien passée pour les accusés . Les transporteurs de la drogue ont affirmé que le commanditaire du trafic était Michel Daumas , un truand d' origine lyonnaise qui a eu l' élégance de disparaître à jamais , abattu en décembre 1996 devant son pied-à-terre varois . Du coup , dans le box , on a protesté de son innocence , Antoine Cossu prononçant à l' occasion cette phrase qui restera dans les annales de la PJ : " Honnêtement , je me demande ce que je fais ici ! " La deuxième semaine d' audience qui commence aujourd'hui leur sera peut-être moins favorable puisqu' il devrait être question des relations intéressées entre grand banditisme et certains politiciens , avec la comparution comme témoins de membres de la bande du Macama condamnés pour l' assassinat , en février 1994 , de la députée UDF du Var Yann Piat . Alors que , malgré les moyens considérables engagés à l' époque , l' enquête sur cette tragédie s' enlisait dans les méandres glauques du conseil général du Var , ce sont les frères Perletto , incarcérés à l' époque à la prison de Grasse , qui fournirent l' une des clés de l' énigme . Lors du procès à Draguignan de l' affaire Piat , il fut , en effet , révélé que , par l' intermédiaire d' un responsable départemental du RPR en contact étroit avec les Perletto , une réunion fut organisée par le ministère de l' Intérieur avec le patron du SRPJ de Marseille qui aboutit à l' arrestation rapide des " bébés-tueurs " à moto . Ces jeunes désoeuvrés fréquentaient le Macama , un bar florissant sur le port d' Hyères-les-Palmiers , dont le patron Gérard Finale , reconnu , malgré ses dénégations , comme le commanditaire de l' assassinat , fut ensuite condamné , lui aussi , à la réclusion à perpétuité . Yann Piat , pour des raisons très personnelles , s' était lancée dans une sorte de croisade contre les trafiquants de drogue . Cela alors que l' assassinat en mars 1993 à Vallecrosia , ( Italie ) où il s' était mis au vert , de Jean-Louis Fargette , ce patron de la pègre toulonnaise très proche de Maurice Arreckx , l' inoxydable président ( UDF ) du conseil général du Var , laissait un grand vide au royaume sudiste de la truanderie . La thèse policière s' appuyant sur les dires des frères Perletto veut que l' ancien rugbyman Finale ait lancé ses gars dans différents règlements de comptes sanglants et coups de main pour venger Fargette . Allant aussi jusqu'à l' exécution d' une parlementaire , une première en France qui lui aurait permis , en prime , de s' affirmer comme le nouveau grand caïd du Var , département des plus prometteurs pour les mafieux . Mais lors du procès de Draguignan , c' est un Finale bien falot qui est apparu , manifestement plus apte , selon la plupart des journalistes présents , à prendre les commandes au comptoir qu' à commanditer un tel crime . Les bébés-tueurs avaient , eux , reconnus du bout des lèvres leur participation au guet-apens du Mont-des-Oiseaux où résidait Yann Piat . Pour le reste , et notamment à propos du ou des donneurs d' ordre , ils étaient restés muets comme la tombe .