_: Enquête . Cadavres d' animaux et matières premières à destination de la chaîne alimentaire cohabitent pour un risque sanitaire maximal . Voyage dans l' insécurité alimentaire Où l' on découvre que certaines sociétés , chargées du transport de déchets d' équarrissage à haut risque , jouent avec la santé publique . Récit d' un de ces trajets maudits , d' une petite ville du Bas-Rhin aux routes de l' Allier . Tout commence à Eckbolsheim , une petite ville de la banlieue de Strasbourg ( Bas-Rhin ) , où la colère des voisins monte contre le centre d' équarrissage local . Ici , on ne subit pourtant que l' odeur sans imaginer ce que devient l' ensemble des matières , à haut risque sanitaire , ramassées dans les abattoirs de la région auxquelles on ajoute les cadavres d' animaux recueillis dans les fermes avoisinantes . Pour Marie-Rose , riveraine , " oui , l' odeur est immonde " , malgré les 3 petits degrés enregistrés en ce mois de mars . Mais au-delà des graves problèmes d' odeur , c' est un drôle de manège qui démarre ici . Après quelques heures d' attente sur le parking d' un supermarché situé en face du centre d' équarrissage , un camion arrive . Il est 11 heures du matin . Le véhicule passe sur une bascule et se gare devant la grande porte métallique du centre . Le chauffeur ouvre légèrement la porte qui laisse entrevoir le corps partiellement dépecé d' un bovidé . Il se dirige alors vers un petit Algeco toutes fenêtres fermées . Il en ressort avec des papiers et se dirige à nouveau vers le camion . Muni d' une bombe de joint silicone , le routier répare visiblement l' étanchéité des portes arrière de son véhicule , avant de se rendre dans un restaurant situé à proximité . C' est la pause . Il est 14 heures quand un jeune homme à vélo pousse la porte de l' entreprise d' équarrissage témoignant de la reprise d' activité . Le chauffeur place alors son véhicule le long de la porte métallique . A l' ouverture de celle -ci , un paysage d' apocalypse s' offre quelques instants à nos yeux . Entrailles , tripailles et cadavres d' animaux gisent à même le sol dans un jus malodorant . Le tout est chargé dans le camion à l' aide d' une tractopelle . Une petite heure pour l' opération . Le routier nettoie ensuite consciencieusement les parois extérieures de son camion à l' aide d' un jet d' eau . C' est donc propre , en apparence , que le véhicule va entreprendre un long trajet qui le mène à Bayet ( Allier ) . Un trajet ponctué par des repos obligatoires souvent difficiles , la cohabitation avec les autres routiers étant plus que délicate . Douze heures plus tard néanmoins , en pleine nuit , à l' abri des regards indiscrets , le chauffeur décharge sa cargaison . L' opération terminée , c' est au pied d' une station d' épuration qu' un nettoyeur haute pression fera de cette benne à ordure , un camion propre comme un sou neuf . Ce voyage putride et sanguinolent aurait pu se terminer dans cette cité de l' Allier . Le chauffeur , le camion et la benne vont alors bénéficier de quelques heures de repos dans l' entrepôt de la société de transport située en Bourgogne toute proche . A 4 heures du matin , le lendemain , le camion quitte l' entrepôt et reprend ses tribulations clandestines . A travers les routes de Bourgogne , il file en direction de Montbard ( Côte-d'Or ) pour rejoindre une entreprise de stockage de céréales située à Vénarey-les-Laumes ( Côte-d'Or ) . Nous sommes vingt-quatre heures environ après le transport d' immondices en état de décomposition , classés à haut risque , qui seront transformés en farine . Le camion fait maintenant le plein de matières premières à destination de la chaîne alimentaire . Quelques heures plus tard , il franchira les portes d' un fabricant de bière à Strasbourg pour effectuer son déchargement . Et une heure et demie après , reprendra le chemin du centre d' équarrissage d' Eckbolsheim . La boucle est bouclée . Deux journées ordinaires dans la vie de transporteurs peu scrupuleux . Car le trajet est bien rôdé . Les jours suivants en effet , les expéditions reprennent , conduisant le camion depuis divers silos bourguignons vers d' autres silos situés à Ottmarsheim ou Marckolsheim , dans le Haut-Rhin , ou vers la brasserie de Strasbourg . En passant toujours , la veille , par le centre d' équarrissage d' Eckbolsheim et ses sinistres cargaisons .