_: Retraites . À l' Assemblée nationale , François Fillon esquive le débat sur la proposition de loi communiste . Forcés à travailler plus de quarante années Le gouvernement passe en force pour refuser la proposition communiste , pourtant reconnue légitime , de départ à taux plein avant soixante ans pour ceux qui ont quarante annuités de cotisation . C' est rien de moins que la Constitution qui est venue au secours du gouvernement pour rejeter la proposition de loi communiste tendant à permettre le départ à la retraite à taux plein pour plus de huit cent mille salariés ayant atteint avant soixante ans les quarante annuités . Ainsi son article 40 stipule que les parlementaires ne peuvent proposer de mesures qui auraient pour conséquence " l' aggravation d' une charge publique " . C' est cette arme que le gouvernement a employé hier pour couper court au débat . En 2001 , Élisabeth Guigou , alors ministre de l' Emploi , avait recouru au même artifice pour contrer , déjà , une proposition identique du PCF . Le gouvernement avait auparavant témoigné de son peu d' intérêt pour cette proposition de loi . En lieu et place de François Fillon , c' est Nicole Ameline , ministre déléguée à la Parité et l' Égalité professionnelle , que le gouvernement a dépêchée . L' absence du ministre concerné au premier chef a suscité la mauvaise humeur sur les bancs de la gauche . " Dérobade , désertion honteuse " , dira même le député socialiste de l' Ardèche Pascal Terrasse . Peu encline à vouloir improviser sur le sujet , Nicole Ameline signifia d' un geste désespéré de l' index à la présidente de séance son refus d' user de son droit d' expression lors d' un " rappel au règlement " exigeant la présence en personne du ministre des Affaires sociales . C' est pourtant une proposition largement partagée sur les bancs de l' Assemblée nationale que celle des députés communistes d' ouvrir le droit à la retraite à taux plein avant soixante ans , pour les salariés qui ont leur quarante annuités de cotisation . La mesure pourrait bénéficier à ceux qui " ont commencé à travailler très jeunes , dès l' âge de 14 - 15 ans " , " parfois confrontés aux semaines de quarante-huit heures au début des années soixante " , la plupart du temps abonnés au travaux pénibles , devait souligner Alain Bocquet , rapporteur du projet de loi pour la commission des Affaires culturelles , familiales et sociales . " On nous oppose que ce n' est pas le moment , hier à cause des travaux du Conseil d' orientation des retraites , aujourd'hui au nom du débat engagé sur les retraites . Quand est -ce donc le bon moment , alors que les victimes sont toujours les mêmes , appartenant pour l' essentiel au monde ouvrier dont " l' espérance de retraite " est de 6 , 5 années moins élevée que celle des cadres ? " , a souligné le député du Nord . L' UDF a de son côté défendu une mesure apparemment similaire , sans se ranger à la proposition de loi communiste . Chacun reconnaît en somme la mesure légitime , mais aucun gouvernement ne l' a encore prise , se retranchant derrière le coût de la mesure . François Fillon l' avait balayée d' un revers de la main fin février , invoquant un coût de " 13 , 6 milliards d' euros " . Le deuxième examen de cette proposition , hier , n' a , pas plus qu' en 2001 , passé le stade de la discussion générale . Jean-Michel Dubernard ( UMP ) , président de la commission des Affaires sociales de l' Assemblée , avait certes en commission évoqué le " caractère parfaitement légitime et largement compréhensible " de la mesure , et témoigné de sa " compassion " . Pour mieux renvoyer l' examen éventuel de la mesure à la " réforme globale des retraites " que le gouvernement entend présenter avant la fin de la session . " La compassion n' est pas suffisante " , a expliqué le communiste Maxime Gremetz , pour qui il s' agit plutôt de justice , en l' occurrence . Le député communiste a défendu une mesure qui aurait également " des effets bénéfiques sur l' emploi " , en procurant aux régimes de retraite de nouveaux cotisants . Manifestement hors sujet , le député de l' Aisne Xavier Bertrand ( UMP ) a , au détour de son intervention , vanté la possibilité de " seconde carrière " entamée à la retraite . " Vous voulez proposer une seconde carrière à celui qui a , dès l' âge de quatorze ans , tourné à la main une bétonnière ? " , s' est emporté le socialiste Alain Néri . L' usage de l' article 40 clôt aussitôt la discussion . " Les gouvernements changent , les discours demeurent " , a constaté , désabusé , Maxime Gremetz .