_: Assemblée . Un appel aux citoyens contre le charcutage électoral Les députés commençaient hier l' examen de la réforme des modes de scrutin régional et européen . Les partis de gauche et des personnalités ont lancé un appel commun , à l' appui de leur bataille d' amendements . Un record dans les annales de la République : pas moins de 12 000 amendements ont été déposés sur le projet de réforme des modes de scrutin . Un nombre à la mesure du tollé que suscite le texte de loi du côté de la totalité des formations politiques ( hors UMP ) . Sur la forme , le texte peut paraître anodin , voire simplement technique : il relève les seuils de voix nécessaires aux régionales pour permettre la fusion de listes entre les deux tours , ou le maintien de l' une d' entre elles au second . Cela dans le but avoué de renforcer les dispositions existantes pour doter les exécutifs régionaux de majorités stables . " Seuls ceux qui n' ont pas connu les difficultés rencontrées par les régions peuvent être hostiles à ce texte " , affirmait ainsi lundi Jean-Claude Gaudin , vice-président de l' UMP , attribuant l' opposition au texte à " une méconnaissance totale du fonctionnement " des régions . Quant aux européennes , la modification porte sur la constitution des listes , qui seront désormais établies à l' échelle régionale , selon un découpage de la France en huit super régions disposant chacune d' un quota de sièges à Strasbourg . Le gouvernement assure qu' il s' agit , ce faisant , de rapprocher les élus des citoyens . Sur le fond , l' affaire est autrement grave . Suffisamment pour que de nombreuses personnalités de la société civile se trouvent à l' initiative , aux côtés de la quasi-totalité des partis de gauche , d' un appel destiné à alerter et mobiliser leurs concitoyens . D' un côté le découpage envisagé pour les européennes conduira immanquablement " à une situation où , dans une partie des régions , les voix des communistes , des verts , de l' extrême gauche , des radicaux de gauche et de l' UDF n' auront plus aucun poids " , tandis que , de l' autre , le relèvement des seuils aux régionales aboutira à " enfermer , de force , la représentation du peuple français dans un bipartisme institutionnel " , affirme le texte de l' appel . C' est donc ni plus ni moins que le pluralisme de la vie politique et , avec lui , " le droit de suffrage issu de la Révolution " , dont on est en train de " priver les Français " , indiquait Noël Mamère lors d' une réunion de ses signataires convoquée hier pour rendre public l' appel . Cela " va aggraver la crise de la politique " , a lancé de son côté Marie George Buffet , estimant que " le gouvernement apporte la mauvaise réponse à ce qui nous a été dit le 21 avril " . À l' origine du projet , une volonté d' " imposer le bipartisme aux forceps " , a poursuivi la secrétaire nationale du PCF , qui dénonce un " coup d' État électoral " . Une appréciation confirmée par François Fillon lui-même , qui a affirmé dimanche sur RTL que " la bipolarisation était nécessaire " . De son côté Gilles Lemaire Lemaire , secrétaire national des Verts , a dénoncé le caractère " indécent de voir s' opérer ce tripatouillage électoral dont ne sortiront vainqueurs que les partis majoritaires et le FN " . Pour le PS , pas question non plus de céder à une " logique mise en place pour renforcer le kit électoral de l' UMP " , a affirmé Bruno Leroux . Pour ce dernier , même le PS n' y gagnerait rien : " À gauche , les accords et regroupements politiques sont l' affaire de débats et de projet . Ça prend du temps , mais la culture de ce pays n' est pas à la bipolarisation . " Pour les initiateurs , l' enjeu dépasse donc bien le cadre du débat entre partis politiques . L' appel ne se résume pas à un " cartel de partis " , a souligné Marie-George Buffet , " il s' adresse aux citoyens " . La présence , aux côtés des autres signataires , de Jean-Pierre Kahane , mathématicien et académicien des sciences , entendait en témoigner . " Je ne suis pas un technicien " des questions électorales , a -t-il prévenu , mais " la politico-diversité s' impose dans le monde où nous vivons " . La bataille d' amendements s' inscrit dans ce combat . " L' objectif de ce mouvement est le retrait du projet " , a indiqué Bruno Leroux , tandis que Noël Mamère expliquait : " Il sera très difficile d' amender ce texte , car nous sommes face à des gens déterminés . Notre travail est de se battre pour expliquer que cette loi est une véritable atteinte à la démocratie . " De son côté , Roger-Gérard Schwartzenberg ( PRG ) n' a pas exclu un recours devant le Conseil constitutionnel si le texte devait être néanmoins adopté , à l' issue d' un examen qui pourrait se prolonger , au vu du nombre d' amendements déposés , au moins jusqu'au 25 février , date de la reprise des travaux parlementaires après la semaine de congés .