_: Sécurité . Le coup des stats de Sarkozy Ce matin , le ministre de l' Intérieur réunit pour la première fois l' Observatoire national de la délinquance . Objectif : rénover le sulfureux outil statistique . Annoncé en janvier 2003 , le dossier patientait depuis sur son bureau . Ce matin , Nicolas Sarkozy va réunir pour la première fois l' Observatoire national de la délinquance . Et présenter , notamment , les vingt-sept membres du conseil d' orientation ( dont dix-sept non-administratifs : élus , maires , journalistes , etc. ) qui devront mettre sur les rails ce nouvel organisme " indépendant " , chargé de rendre plus crédible les statistiques concernant la délinquance . Le père : Lionel Jospin Cette idée , censée faire taire les rumeurs de manipulations , n' est pas nouvelle . La paternité en revient principalement à Lionel Jospin . C' est lui qui , en juin 2001 , a mis en place la commission Pandraud-Caresche ( respectivement député UMP de Seine-Saint-Denis et député PS de Paris ) , chargée de définir les contours d' un observatoire indépendant . Leur travail a été salué à gauche comme à droite . Et a servi de base au rapport que Jean-Marc Berlioz , directeur de l' Institut des hautes études de la sécurité intérieure ( IHESI ) , a remis , en avril dernier , à Nicolas Sarkozy . Outre les derniers arbitrages du ministre de l' Intérieur , les grandes lignes sont connues . L' observatoire devrait bénéficier d' un statut d' établissement public et serait composé de personnalités de tous horizons ( maires , universitaires , représentants des ministères concernés , de l' INSEE , des organismes HLM , des banques ... ) , comme preuve suffisante de son indépendance . Tout ce petit monde va s' installer à deux pas du Stade de France , à Saint-Denis , dans un grand immeuble qui accueillera également les nouveaux locaux de l' IHESI , un institut qui dépend directement du ministère de l' Intérieur . Pas de révolution Dans le détail , le calcul des statistiques de la délinquance ne devrait pas connaître de révolution . Plutôt quelques enrichissements . Depuis plus de trente ans , ces chiffres sont établis par les services du ministre de l' Intérieur qui se fondent sur le fameux " état 4001 " . Cette nomenclature , créée en 1972 et toujours inchangée , recense en 107 rubriques ( homicide , cambriolage , vol à main armée , etc. ) les infractions constatées par les forces de sécurité et transmises au parquet . Ce qui exclu , logiquement , tous les délits répertoriés dans les mains courantes des commissariats , les actes punis simplement d' une contravention , ou encore les délits routiers , fiscaux et économiques . Tout en conservant le " 4001 " , l' observatoire devrait donc prendre en compte , désormais , cette " zone grise " de la délinquance . Et la doubler , surtout , d' enquêtes de victimation , qui pourraient donner une idée plus précise de la délinquance réelle - le fameux " chiffre noir " . Culture du chiffre Le nouvel outil ne devrait pas , cependant , empêcher le gonflement artificiel des chiffres , comme le suggère la note interne publiée , mercredi dernier , par le Canard enchaîné ( lire par ailleurs ) . Écrit noir sur blanc , le directeur départemental de la sécurité publique de l' Hérault , département confronté à de mauvais chiffres de la délinquance , exige de ses services un nombre " minimum " de garde à vue , à réaliser " impérativement " ... " C' est les excès de la prime au mérite qui commence , soupire Xavier Beugnet , secrétaire général de FO police . On privilégie la quantité à la qualité . Et ça , les statistiques ne pourront pas le mesurer . D' autant plus que les syndicats et les gens de terrain ne siégeront pas dans cet observatoire . " À quand un observatoire du zèle et de la culture du chiffre ?