_: Raffarin en télégraphiste libéral de l' Élysée Assemblée nationale . Le premier ministre a présenté sa déclaration de politique générale . Le temps des estrades électorales a -t-il réellement pris fin mercredi à 15 heures lorsque Jean-Pierre Raffarin s' est adressé à la représentation nationale ? La veille , le message du président de la République s' était limité à une redite des quatre thèmes de la campagne électorale de Jacques Chirac - l' autorité de l' État , la sécurité , la compétitivité , la solidarité nationale - accompagnée de deux engagements : la décentralisation et une comparution suivie d' un vote chaque année du gouvernement devant les députés . Le premier ministre , hier , était chargé d' une explication de texte . L' ancien manager de pub , ex-giscardien reconverti dans la chiraquie a passé son grand oral . Les députés étiquetés UMP - on s' en doutait - l' ont trouvé " bon et percutant " , l' opposition - on s' en doutait aussi - pas du tout . Jean-Pierre Raffarin interprète une partition dont les principales portées sont écrites à l' Élysée . Il y met son savoir-faire en évitant les improvisations . Au-delà des mots généreux " lucidité , courage , espoir " , des appels au dialogue et à la concertation , des généralités sur l' humanisme ou encore la simplification de la vie , l' ancien président de la région Poitou-Charentes met en place le programme du président de la République sur " une route droite à la pente forte " . Un projet dans la forme radicale-socialiste , sur le fond terriblement libéral . Les rondeurs de style ne peuvent plus désormais camoufler l' essentiel : Jean-Pierre Raffarin a présenté hier un discours programme totalement aligné sur les exigences patronales et les décisions antisociales adoptées lors des derniers sommets européens . Le premier ministre annonce la modification de la forme juridique d' EDF-GDF " pour permettre une ouverture progressive de leur capital " , applicant ainsi les directives de Bruxelles . Il préconise une réforme de la loi de modernisation sociale comportant notamment un volet antilicenciements dont le MEDEF réclame l' abrogation . Il s' apprête à " assouplir " la loi des 35 heures ouvrant totalement la porte aux heures supplémentaires répondant ainsi à la demande d' Ernest-Antoine Seillière . Les impôts ? La " priorité " de la fiscalité est fixée avec la baisse de la taxe professionnelle et de l' impôt sur les sociétés . La santé ? " Une nouvelle gouvernance du système de santé et d' assurance maladie " va être mise en place avec comme première préoccupation " une plus grande clarté dans les financements de l' état , " c' est-à-dire une réduction des dépenses . Les fonctionnaires ? Les départs en retraite ne seront pas en partie remplaçés . Les retraites ? Les fonds de pension rebaptisés " revenus d' épargne " vont être mis en route tandis qu' est souhaité l' allongement de la durée du travail . Enfin , symbole parmi les symboles , le droit de grève est directement attaqué sous le vocable de " service garanti " . Jacques Barrot avait , par avance , qualifié le discours du premier ministre de " sursaut de volonté politique " . Le patron des députés UMP voyait juste . Le développé des objectifs présidentiels présentés par Jean-Pierre Raffarin se situe dans la droite ligne de ce qu' Alain Juppé avait tenté de réaliser de 1995 à 1997 . Cette fois , il s' agit d' aller dans le même sens fort des pleins pouvoirs concentrés par Jacques Chirac . Avec une consigne stricte : dans la douceur , avec modestie , avec humilité . En fait , avec une forte dose d' hypocrisie . Pour un même résultat espéré plongeant la France dans le " modernisme " une variante chiraquienne du mot " libéralisme " . Jean-Pierre Raffarin a levé le voile de la véritable politique que la droite entend mener durant les cinq prochaines années . Au nom de la libération des énergies , le patronat disposera de nouveaux cadeaux fiscaux , de moyens pour contourner les 35 heures . Au nom de la tranquilité de la vie des Français , les droits des salariés vont être attaqués . Le président de la République et son premier ministre affirment avoir entendu le message du 21 Avril . A l' écoute du discours programme de Jean-Pierre Raffarin on peut raisonnablement en douter . La droite veut sa revanche . Ce qu' elle n' a pas réussi à obtenir sous la pression populaire il y a quelques années , elle veut maintenant l' arracher avec le sourire aux lèvres et le poing rangé prêt à cogner . Jean-Pierre Raffarin affirmait hier qu' après le temps de la réflexion venait le temps de l' action . Le temps est surtout à la résistance et à l' action pour contrer les mauvais coups en préparation .