_: Pratiques . Les recommandations sur le récent rapport du Conseil économique et social ( CES ) . La chasse est -elle à réinventer ? Le texte adopté le mois dernier par le CES veut favoriser la cohabitation entre les chasseurs et les autres usagers du milieu naturel . Dans un rapport de 200 pages adopté à la quasi-unanimité le 11 décembre 2002 , le Conseil économique et social a voulu dépassionner le débat entre partisans et adversaires de la chasse tout en soulignant le besoin d' une évolution dans sa pratique comme dans la façon de la présenter au grand public . Le rapport produit par Victor Scherrer , au nom de la section de l' agriculture , nous rappelle d' emblée que la chasse remonte loin dans la préhistoire comme en témoignent les gravures rupestres sur les parois des grottes de Lascaux voilà 17 000 ans , puis celles de la grotte de Chauvet qui datent de 30 000 ans . Comme dans l' Antiquité , la chasse demeure quasi exclusivement une activité masculine ( 98 , 5 % ) , ce que le CES considère aujourd'hui comme une anomalie et un handicap en termes d' image et de communication . Surtout que ces dernières années ont été marquées par des conflits et des contestations portant généralement sur les dates d' ouverture et de fermeture de la chasse finissant généralement devant les tribunaux à l' initiative des associations opposées à la chasse . Le rapport Scherrer suggère que cette stratégie d' affrontement a été exacerbée par la création d' un parti comme Chasse , pêche , nature , traditions et par l' écologie politique investie de responsabilités en ayant la charge du ministère de l' Environnement . Le rapport note que " la pratique de la chasse en France régresse depuis 1975 , à un rythme très régulier de 2 à 3 % par an " . De 2 225 000 chasseurs en 1976 , on est passé à 1 384 000 en ce début de XXIe siècle tandis que l' âge moyen des porteurs de fusils est passé de 45 à 50 ans ces quinze dernières années . Mais , pour l' essentiel , il ne s' agit nullement d' un loisir de riches , puisque 75 % des chasseurs sont des ouvriers , des employés , des agriculteurs ou des retraités . Parmi les pratiquants , qui abandonnent la chasse , 37 % le font d' abord pour des raisons sociologiques : résidence en ville , mariage et naissances des enfants , regard critique de l' entourage sur la chasse . 29 % abandonnent en raison de la régression gibier et plus particulièrement du petit gibier sédentaire de la plaine . Le coût financier de la chasse n' est invoqué que par 7 % des personnes qui ne reprennent pas leur permis . La chasse a -t-elle un avenir en France ? Le rapport adopté le 11 décembre 2002 par le CES répond oui à condition que les chasseurs évoluent dans leurs comportements en faisant évoluer l' image qu' ils donnent de la chasse . " Les associations cynégétiques ne prennent pas suffisamment en compte qu' elles ne recueillent pas l' adhésion d' une majorité de Français , et que le poids de la chasse en Europe est plus faible qu' en France . Face à la dégradation rapide de la nature , les chasseurs n' ont réagi qu' individuellement , ou par des initiatives internationales peu relayées au plan national . Alors que se sont multipliées et diversifiées les associations de protection de la nature ou de l' animal " , note le rapport . Or , ces associations attaquent surtout les chasseurs parce que " la chasse est un symbole de l' emprise de l' homme sur l' animal et la nature " . Dès lors , le texte voté par le CES se devait d' examiner la chasse dans sa contribution trop méconnue aujourd'hui de régulation des espèces sauvages à commencer par les prédateurs . Cette régulation , indique le rapport , " doit être limitée dans le temps et dans l' espace , et faire l' objet d' une gestion aussi raisonnée que pour les espèces chassables , donc suivant des règles précises : absence de prélèvements sur des espèces à mauvais statut de conservation , vérification d' une année sur l' autre du maintien des espèces ( ... ) , mais il est inacceptable , dans les principes , de ne pas autoriser la régulation des prédateurs ... " Pour comprendre cette prise de position , il faut savoir que la chasse est quotidienne dans la nature en dehors de l' intervention des chasseurs . Renards , fouines , martres , belettes et putois se nourrissent de la chair ou du sang des lièvres , lapins , faisans , perdrix , canards , ces trois espèces ailées ayant la particularité de nicher au sol . Les oiseaux de la famille des rapaces se servent également dans les espèces chassables sans en faire l' exclusivité de leurs menus . Ainsi , il arrive souvent que les prédateurs soient en surnombre sur un territoire au regard des proies potentielles , au point de mettre en cause la survie de certaines espèces . Cette donnée , essentielle pour comprendre la vie toujours précaire en milieu naturel , est trop souvent occultée par nombre de défenseurs autoproclamés de l' environnement alors que la régulation des prédateurs est toujours la condition pour la survie d' autres espèces de mammifères ou d' oiseaux , chassables ou non . Cette observation vaut même pour la survie de nos reptiles ( couleuvres , vipères , orvets ) quand les rapaces sont trop nombreux , pour celle des poissons là ou existent des concentrations de cormorans en hiver . Le rapport adopté par le CES définit la chasse écologiquement acceptable comme une " exploitation raisonnable du gibier qui ne met pas en danger les populations exploitées ( ... ) . La chasse doit se réguler en examinant sans complaisance son impact sur la population chassée et sur la communauté biologique de son territoire ... " Pierre Daillant , ancien président de l' Union nationale des fédérations départementales de chasseurs , aimait dire que " la chasse n' a pas à être défendue , elle a à être expliquée " . Le rapport fait sienne cette idée et demande aux chasseurs un gros effort de communication en direction d' une société urbanisée , peu au fait de ce qui fait la vie et la mort dans le milieu naturel . " Cette chasse , parce qu' elle sera réinventée par les chasseurs eux-mêmes , sera mieux comprise , mieux acceptée et reconnue comme activité légitime , utile " , affirme le rapport en conclusion .