_: G8 . Les chefs d' État s' efforcent d' arrondir des divergences de plus en plus manifestes . Un sommet sans grand relief Crise boursière et Proche-Orient ont quelque peu troublé l' ordre du jour de Kananaskis sans que les contradictions réelles sur l' approche de ces dossiers ne donnent lieu à de vraies confrontations . Une timide première a eu lieu avec l' invitation de quatre chefs d' État africains . L' Afrique dont Jean Chrétien , le premier ministre canadien , voulait faire l' un des thèmes centraux de ce G8 n' a pas été totalement rejetée au second rang . Et l' invitation hier à la table des grands de quatre chefs d' État africains , Thabo Mbeki ( Afrique du Sud ) , Abdelaziz Bouteflika ( Algérie ) , Abdoulaye Wade ( Sénégal ) et Olusegun Obasanjo ( Nigeria ) , revêtait effectivement une allure inédite . Pour autant , le soutien effectif des grandes puissances au Nouveau partenariat pour l' Afrique ( NEPAD ) , une initiative africaine destinée à promouvoir le partenariat avec le Nord pour sortir le continent du tragique enlisement dans lequel il s' enfonce , reste redoutablement vague et surtout porteur de terribles ambiguïtés ( voir également ci-contre ) . Un Jacques Chirac en mal de se confectionner une image de " défenseur de l' Afrique " a promis plus de concret et " une nouvelle étape " au G8 de l' an prochain sous présidence française . Deux questions ont donné lieu à une approche plus consensuelle et donc plus précise : celle de l' intégration définitive de la Russie dans le G8 , qui devrait ainsi présider et organiser le sommet de 2006 , et celle de la lutte contre le terrorisme . On sait que depuis les attentats du 11 septembre les Huit ont décidé d' intensifier leur coopération ( rapprochement des polices , tentative de démantèlement des réseaux de financement ) . A Kananaskis , ils ont mis l' accent plus particulièrement sur la sécurisation des armes nucléaires , bactériologiques et chimiques présentes encore en Russie ou dans les anciennes Républiques soviétiques afin qu' elles ne puissent tomber en de très mauvaises mains . A propos du Proche-Orient , les chefs d' État n' ont certes pas manifesté un enthousiasme démesuré pour le plan de George W. Bush , mais le moins qu' on puisse dire est qu' ils n' ont pas fait non plus beaucoup de résistance . Tous , des Européens à Jean Chrétien , ont souligné les aspects positifs contenus dans le discours de George W. Bush quand il accède au principe d' un État palestinien , sans approuver ni critiquer ouvertement le chantage à l' éviction de Yasser Arafat . " Pour ce qui concerne le président de l' Autorité palestinienne , a souligné Jacques Chirac , il appartient naturellement au peuple palestinien et à lui seul de choisir ses représentants . " Les Huit se sont aussi efforcés de calmer les inquiétudes à l' égard des équilibres économiques . A l' ouverture du sommet , l' annonce d' un scandale qui touche le groupe WorldCom , présenté déjà comme un Enron des télécoms , a fait plonger de plus belle des marchés boursiers déjà passablement secoués . La compagnie a reconnu avoir dissimulé dans sa comptabilité quelque 3 , 85 milliards de dollars dans l' espoir de booster ses profits à court terme . Le cours de WorldCom a chuté de façon vertigineuse tombant à 20 cents dans la soirée de mardi ( il était à 64 , 50 dollars en 1999 ) . Ces reculs boursiers spectaculaires et l' accroissement de la défiance à l' égard de la gestion des grandes compagnies risquent de compromettre une reprise américaine qui s' annonçait de toute manière déjà très fragile . Du coup , la baisse contrôlée du dollar que semblaient s' efforcer d' obtenir les autorités monétaires américaines avec la complicité évidente de la BCE pourrait bien s' emballer . Et plus personne n' y retrouverait son compte . Les États-Unis , très endettés vis-à-vis du reste du monde à tous les niveaux et qui doivent coûte que coûte attirer des capitaux pour que leurs déficits restent supportables , seraient placés dans une position très difficile avec une trop forte baisse du billet vert . Quant à la croissance européenne , déjà très molle , elle serait fortement pénalisée par un euro symétriquement trop fort - ce qui implique des marchandises européennes plus chères . Les Huit ont eu beau garantir pour rassurer les marchés que les fondamentaux de l' économie étaient " bien orientés " affichant " un optimisme prudent mais réel " , selon un membre de la délégation française , on est loin d' en avoir fini avec ce type de secousses . Elles pourraient notamment relancer des mesures de guerre économique comme on l' a vu avec la taxation des importations d' acier ou la subvention des produits agricoles décidés par l' administration Bush . Pommes de discorde aussi superbement ignorées durant le sommet de Kananaskis que les réelles divergences euro-américaine sur l' Afrique ou le Proche-Orient .