_: Élections israéliennes . Un scrutin sans passion qui ne devrait pas réserver de surprise . Confirmation de Sharon au poste de Premier ministre , émergence du shinoui , parti très laïque et recul des travaillistes , tel serait , selon les ultimes sondages , le verdict du scrutin d' aujourd'hui . À moins que les sondages ne se soient totalement trompés - ce qui , compte tenu de certains précédents en Israël n' est pas exclu - , les résultats des élections qui se déroulent aujourd'hui devraient être sans surprise . Tous les analystes politiques du pays annoncent une nette victoire du Premier ministre Ariel Sharon et de son parti , le Likoud . Selon les derniers sondages publiés hier , il obtiendrait 31 à 33 des 120 sièges de la Knesset ( où il n' en avait que 21 ) , bénéficiant du report d' une partie des voix qui étaient allées , en 1999 , au parti religieux séfarade Shas qui perdrait quatre de ses 17 sièges . Le Parti travailliste , lui , passerait de 25 à 19 ou 20 sièges , payant sa longue participation au gouvernement Sharon et les divisions internes qui le déchirent . Toujours selon les sondages , l' événement de ce scrutin pourrait être la progression spectaculaire du parti laïc de centre droit Shinui qui passerait de 6 à 14 sièges , mais aussi celle des partis d' extrême droite représentant les colons , opposés à tout État palestinien et dont certains prônent même ce qu' on appelle ici pudiquement le " transfert " , c' est à dire l' expulsion des Arabes . Le Parti national religieux d' Effi Eitam , l' Union nationale de Liberman et Israël B. Alya de Charansky gagnaient chacun un siège dans les sondages d' hier . Des inconnues demeuraient pourtant à la veille du scrutin : 19 % des électeurs se disaient encore indécis et l' on ignorait toujours quelle serait l' attitude des Arabes israéliens qui représentent 20 % de la population ( voir ci contre ) . Dans la précédente Knesset , les quatre partis arabes occupaient huit sièges sur 120 . Les sondages leur en attribuent un ou deux de plus . Le Haddash , Front démocratique pour la paix et l' égalité passerait de 3 à 4 sièges , compte tenu de l' intégration dans sa liste d' Ahmed Tibi . Mais quel que soit le résultat du scrutin et la répartition des sièges , une chose est certaine : c' est encore Ariel Sharon qui dirigera le prochain gouvernement d' Israël . Toute la question est de savoir avec qui il gouvernera . Le scrutin proportionnel intégral en vigueur en Israël aboutit en effet à un émiettement qui rend toujours extrêmement complexe la formation de coalitions , les petits partis dont l' apport est souvent indispensable pour former une majorité stable exerçant un véritable chantage et monnayant chèrement leur soutien . Aussi , Ariel Sharon a -t-il multiplié jusqu'au dernier moment ses appels au Parti travailliste pour former un nouveau gouvernement d' Union nationale auquel pourrait se joindre le Shinui , ce qui lui donnerait une majorité confortable et les mains plus libres face aux pressions de l' extrême droite . Les candidats du Likoud ont fait toute la campagne sur le thème de l' union nécessaire face aux dangers qui menacent Israël , notamment le terrorisme , appelant les électeurs à ne pas émietter leurs suffrages . On a même vu le député Likoud Yuval Steinitz affirmer dans ses meetings que " les seuls votes vraiment responsables sont ceux qui se porteront sur le Likoud ou le Parti travailliste , les deux grands partis qui ont dirigé Israël depuis sa naissance et construit le pays " . L' attitude des travaillistes après les élections sera donc déterminante . Amram Mitzna , leur chef de file , semble décidé à rester dans l' opposition pour " reconstruire une véritable alternative de gauche à la politique de Sharon " , en s' unissant à d' autres forces de gauche et en récupérant la gauche travailliste perdue . Une politique qui sans doute , redonnerait un peu d' espoir à un camp de la paix complètement désespéré , tant en Israël que dans les territoires palestiniens , mais dont il n' est pas certain qu' il soit en mesure de la conduire . Les mauvais augures affirment en effet qu' en cas de débâcle électorale , Amram Mitzna pourrait être contraint à démissionner . Les plus pessimistes estiment même qu' un éclatement du parti est quasiment inéluctable , qu' il décide ou non d' aller à nouveau gouvernement avec Sharon . Une situation extrêmement préoccupante et qui fait craindre qu' Israël ne s' engage dans une course à l' abîme que personne ne semble en mesure d' arrêter .