_: Russie . Jacques Chirac est en visite officielle du 19 au 20 juillet . Réchauffement franco-russe sous le soleil de Sotchi En froid avec la Russie pour l' avoir critiquée sur la Tchétchénie , la France veut tourner la page . Paris et Moscou souhaitent renouer des relations bilatérales de premier plan . Quel symbole ! Pour consacrer le réchauffement des relations entre la France et la Russie , la rencontre au sommet entre Jacques Chirac et Vladimir Poutine aura lieu dans la station balnéaire de Sotchi , au bord de la mer Noire , en plein été . Dans son message de félicitations adressé au président français à l' occasion du 14 juillet , le président russe a écrit qu' il comptait " réussir lors de ces entretiens à donner une nouvelle et importante impulsion aux relations franco-russes et à la coopération sur l' arène mondiale " . Le gouvernement français indique de son côté qu' il souhaite " écrire une nouvelle page des relations franco-russes " . Fortement critiqué par l' exécutif français pour les violations des droits de l' homme en Tchétchénie , Vladimir Poutine a longtemps boudé la France . Après son accession au pouvoir , fin 1999 , le président russe a attendu un an avant de se rendre à Paris , alors qu' il avait déjà noué des relations amicales avec le chancelier allemand Gerhard Schröder et le premier ministre britannique Tony Blair . Mais depuis le 11 septembre 2001 , la donne internationale a changé . La Russie et les États-Unis ont définitivement enterré la " guerre froide " . Washington tire prétexte de la lutte antiterroriste pour redéployer l' OTAN , renforcer son hégémonie planétaire , et Moscou joue une carte ouvertement américaine dans l' espoir de restaurer avec la bienveillance des États-Unis sa prédominance dans ce qu' il considère comme sa zone d' influence . Le sort des Tchétchènes a été jeté aux oubliettes . La France compte désormais mettre les bouchées doubles pour combler son retard sur Londres , Washington et Berlin . Comme l' a dit très clairement le ministre des Affaires étrangères , Dominique de Villepin , lors de sa visite à Moscou , début juillet , " la préoccupation de la France sur la Tchétchénie est grande , mais la France a aussi le souci d' avancer sur tous les sujets " . Autrement dit , le dossier tchétchène ne justifie pas le blocage de tous les autres , notamment les dossiers économiques . Avec seulement 3 , 7 milliards de dollars , les échanges franco-russes sont bien en dessous des échanges franco-allemands ( 20 milliards de dollars ) . La France vient de perdre une place : elle est le septième partenaire commercial de la Russie . Sur les 3 800 entreprises qui exportent vers la Russie , seulement 400 sont françaises . Signe du changement d' attitude du Kremlin à l' égard de France , la compagnie Aeroflot devrait signer au cours du sommet un contrat d' achat de 18 Airbus au détriment de l' américain Boeing . " La tâche la plus importante à laquelle la Russie fait face aujourd'hui est le développement de son économie et l' augmentation du niveau de la population . A l' époque de la globalisation , nous devons ouvrir les marchés . Pour cela , nous avons besoin de relations internationales utiles en liens directs avec le commerce international " , a résumé Vladimir Poutine , lors d' une récente conférence de presse , pour expliquer sa politique pro-occidentale . Lors du passage de Dominique de Villepin en Russie , un conseil de coopération en les deux pays sur les questions de sécurité a été créé . Ce conseil prévoit des rencontres tous les six mois pour aborder la lutte contre le terrorisme et la prolifération nucléaire . Il s' inscrit dans " l' instauration de nouveaux contacts intensifs entre la France et la Russie " . La question de l' enclave de Kaliningrad fera également partie des discussions lors du sommet de Sotchi . Coincés entre la Lituanie et la Pologne , les habitants ( un million ) devront être soumis à un régime de visas , ce que refuse la Russie . " Personne en Europe ne veut isoler le million de personnes qui y vit " , a assuré Jacques Chirac , avant de s' envoler pour Sotchi . Le réchauffement des relations franco-russe est aussi facilité par le revirement de Vladimir Poutine à l' égard de la Tchétchénie . Lors de sa conférence de presse annuelle , le 24 juin , il a déclaré que la guerre en Tchétchénie était une " tragédie " . " C' est le centre fédéral qui est coupable : l' État a été incapable de défendre les intérêts du peuple tchétchène et les extrémistes s' en sont servis " , a -t-il poursuivi . Il a dit aussi que les " zatchiska " , ces expéditions punitives dont sont victimes les civils , " devaient cesser " et qu' il fallait en finir avec " le mythe du Tchétchène ennemi " . Mais , sur le terrain , il n' est pas encore passé à l' acte ( voir l' article ci-dessous ) . Vladimir Poutine souhaite la normalisation ( adoption d' une nouvelle constitution par référendum ) de la situation en Tchétchénie d' ici à un an . Le remplacement surprise du procureur militaire , qui avait demandé l' amnistie pour le colonel Boudanov , accusé du meurtre et du viol d' une jeune Tchétchène , est peut-être un signe de la bonne volonté du Kremlin . A mi-parcours de son mandat , le président Poutine affiche un bilan contrasté qui a tout du verre à moitié plein ou à moitié vide . Servi par la hausse du prix du pétrole , Poutine a réussi un redressement économique spectaculaire , salué par de nombreux économistes . Les retraites ont été augmentées , les salaires tombent chaque mois , les investisseurs étrangers ont repris confiance après la crise financière de 1998 , les terres agricoles vont être privatisées . La Russie est désormais membre à part entière du club des " riches " du G8 , dont elle hébergera le sommet en 2006 . Mais tout cela s' est fait de manière autoritaire . Ce libéralisme martial est dénoncé par les associations de défense des droits de l' homme , qui déplorent la mainmise du pouvoir sur les médias et une justice aux ordres . L' espérance de vie ( 59 ans ) a reculé de quatre ans en dix ans à cause de la vétusté de services publics et de l' alcoolisme . Les détracteurs de Poutine lui reprochent de ne pas avoir réussi à réduire les inégalités sociales . Le salaire moyen est quatre fois plus élevé à Moscou ( 400 dollars ) qu' en province ( 100 dollars ) . Le rapport entre les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches est de un à trente . " Pour l' instant , les Russes ne tiennent pas rigueur à Poutine de tous les problèmes . Ils mettent ce qui va mieux à son profit , et ce qui ne va pas sur le compte du gouvernement " , expliquait récemment à l' hebdomadaire le Point le sociologue Iouri Levada . Et il ajoutait : " C' est justement maintenant que les choses vont un peu mieux , que leur subsistance est assurée , que les gens vont commencer à revendiquer . Le conflit social redevient possible " .