_: Maroc . Agressions et meurtres de démocrates par des groupes islamistes , notamment dans les campus universitaires , ont émaillé les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix , auxquelles se sont ajoutées ces démonstrations de force dans les rues de Rabat , Casablanca durant les années 2000 - 2003 . Une menace islamiste venue de l' intérieur " Les kamikazes sont venus d' un État étranger " , sans préciser lequel , a affirmé Mohamed Boukhobza , ministre de la Justice marocain . Les attentats , qui ont frappé Casablanca , " sont l' oeuvre d' un réseau international contre lequel le Maroc est déterminé à sévir " , a renchéri le Palais royal . Le fait que le Maroc soit un pays de tourisme et que les cibles frappées soient des lieux fréquentés par des touristes ou qui appartiennent à la communauté juive marocaine , donnent corps à l' hypothèse d' actes téléguidés de l' étranger . Survenant dans la foulée des attentats kamikazes de Riyad en Arabie saoudite , et dénoncés par les partis islamistes marocains , ces actes accréditent , aux yeux des autorités marocaines , l' existence d' un lien entre les kamikazes marocains et Al Qaeda . En d' autres termes , pour les autorités marocaines ces actes terroristes n' ont pas un but de politique intérieure marocaine . L' enquête en cours , qui s' oriente vers les milieux islamistes radicaux marocains - trente personnes interpellées - , avec l' aide d' experts français et espagnols , tendrait donc à prouver l' existence d' un lien entre le groupe qui a organisé ces attentats et Al Qaeda . Les régimes arabes , de manière générale , ont souvent recours à la théorie du complot , voire de la main de l' étranger , pour se dédouaner à bon compte de leurs responsabilité . En effet , la classe politique marocaine a de tout temps sous-estimé la menace islamiste . La situation algérienne constitue " un repoussoir " , résumait un responsable politique marocain , ou pour reprendre l' expression de feu le roi Hassan II , " un laboratoire " , devant éviter au Maroc la tragédie algérienne . Quelles que soient les explications que fourniront les autorités marocaines , il n' en reste pas moins que les derniers actes terroristes constituent un défi à une classe politique longtemps murée dans une vision des évolutions qui veut que le Maroc , engagé dans une transition démocratique , constitue ce qu' elle appelle " une exception marocaine " . La réalité est tout autre . L' islamisme s' est installé dans le Maroc grâce au Makhzen , ce vrai pouvoir . Dès la fin des années soixante , pour contrer la gauche marocaine , encore sous l' emprise des thèses de Mehdi Ben Barka , qui aspirait à mettre fin au régime féodal , le Makhzen a instrumentalisé l' islam . D' abord par le biais des mosquées , ensuite en autorisant la création , dès 1969 , de la première formation islamiste du Maghreb , la Chabiba islamiya . Cette dernière , dirigée par Mustapha Moti , n' a pas tardé à faire parler d' elle , en assassinant en décembre 1975 , Omar Benjelloun , leader de l' USFP ( Union socialiste des forces populaires ) . Pour les autorités marocaines , les attentats de Casablanca sont l' oeuvre d' un réseau international L' apparition de groupes radicaux , tels la Salafia Djihadia et Assirat el Moustaquim , à la marge des deux plus grands mouvements islamistes , Adl oua el Ihasane ( Justice et Bienfaisance ) de Cheikh Yassine et du PJD ( Parti de la justice et du développement ) , troisième force parlementaire , n' est que l' aboutissement d' un travail en profondeur mené par l' islamisme dans la société marocaine . Le passage à la violence n' est que l' expression d' une radicalité qui puise ses raisons d' être dans un Maroc en proie à la pauvreté et aux frustrations sociales . Et dans ces conditions , Al Qaeda , dont il ne faut pas nier la responsabilité , constitue une belle diversion . En vérité , le Maroc est bel et bien confronté à un terrorisme islamiste d' essence nationale .