_: L' Europe de la défense en suspens L' accord annoncé il y a quinze jours à Naples contesté par Washington et les pays neutres . Alors que les blocages institutionnels menacent de faire capoter la CIG , les dirigeants des vingt-cinq pays de l' Union pourraient être tentés de sauver les apparences en annonçant une avancée sur l' Europe de la défense . C' est en tout cas la stratégie qu' avaient adoptée leurs ministres des Affaires étrangères il y a deux semaines à Naples . Sous la pression de Paris , Londres et Berlin , qui venaient de signer un accord tripartite sur le renforcement des capacités militaires de l' UE , la présidence italienne avait alors annoncé , de façon précipitée , un compromis entre les Vingt-Cinq sur trois points essentiels : la création d' une " capacité de planification et de commandement " européenne autonome , la mise en place d' une clause de défense mutuelle et la possibilité pour les pays souhaitant aller plus loin de mener des " coopérations structurées " . Depuis , le projet est remis en question par l' hostilité de Washington et les inquiétudes des pays européens neutres ( Autriche , Irlande , Suède et Finlande ) . Ces derniers rejettent l' automaticité de la clause de défense mutuelle qui les obligerait à " apporter aide et assistance par tous les moyens " en cas d' attaque contre un pays de l' UE . La présidence italienne a proposé cette semaine un compromis sous la forme d' un ajout protégeant le " caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres " . Ce qui reste insuffisant aux yeux des pays neutres , et ne satisfait pas non plus la France et l' Allemagne , qui ont prévenu qu' elles refuseraient un texte " dégradé " . La Grande-Bretagne concentre elle toute son attention sur la question de la " cellule de planification et de commandement " autonome , terme jugé moins polémique que celui d' " état-major " . Allié fidèle de Washington , Londres doit tenir compte de l' hostilité américaine sur tout ce qui pourrait ressembler à une émancipation européenne en matière de défense . Le gouvernement Blair a insisté pour que le texte de Naples précise que le renforcement des capacités militaires de l' UE reste " conforme aux engagements souscrits au sein de l' OTAN " , présentée comme le " fondement de la défense collective " européenne . Cela sera -t-il suffisant pour calmer les craintes américaines ? Tony Blair a intensifié cette semaine ses efforts pour obtenir le feu vert de l' administration Bush , dont le discours s' est récemment adouci . Sans doute la Grande-Bretagne sera -t-elle en mesure de présenter un compromis lors du Conseil de Bruxelles . Reste à savoir si ce texte ne rognera pas une nouvelle fois les ambitions du couple franco-allemand , qui estime avoir déjà fait d' importantes concessions .