_: ÉCONOMIE . Les emplois et la croissance au pilori Les choix budgétaires opérés par le gouvernement Raffarin ne répondent pas à la crise qui frappe l' emploi et le social en France . En pleine crise financière mondiale , Jean-Pierre Raffarin Raffarin et Francis Mer disent vouloir " réenchanter les Français " . Nécessaire quand Alcatel annonce la suppression de 10 000 emplois dans le monde d' ici la fin 2003 , HP-Compaq prévoit de se débarrasser de 1 400 emplois en France , quand aucun coup de pouce n' est donné au SMIC , qu' un dégraissage est en vue dans la Fonction publique , et que Vivendi s' apprête à compresser sa masse salariale sous la pression des marchés financiers ... Au-delà des bons mots , Francis Mer , ministre de l' Économie , a réaffirmé , lors de la présentation du projet de loi de finances rectificatives pour 2002 , les choix budgétaires affirmés par le Premier ministre . Baisse de l' impôt de 5 % dès cette année , un collectif 2002 qui accroît la dépense de 5 milliards d' euros , portant le déficit budgétaire à 46 milliards d' euros , et , comme unique perspective d' économie pour tenter d' équilibrer un peu les comptes , la menace de faire baisser de manière drastique le nombre de fonctionnaires sans préciser jusqu'ici où et quand ces coupes claires pourraient être opérées . En fait , le gouvernement Raffarin s' en remet à l' éventualité d' une croissance forte pour financer ses plans . Pourtant , il sait très bien que celle -ci doit être construite . Et les indices actuels ne prêtent pas à l' optimisme . Alors que le gouvernement Jospin avait bénéficié d' une croissance importante lors de sa législature , le chômage repart de plus belle depuis mars 2001 ( sans compter toutes les manipulations statistiques du chômage ) . L' INSEE note une " remontée du chômage des jeunes " et un " chômage des hommes de 25 - 49 ans en hausse " depuis juin 2001 . Le " ralentissement de l' emploi salarié marchand en 2002 " et la " poursuite des destructions d' emplois dans l' industrie " ne laissent pas d' inquiéter . Côté ménages , " l' inflexion des dépenses " qui a commencé à l' automne 2001 s' est poursuivie au début de 2002 . Les déterminants de la consommation , à savoir le revenu disponible et l' inflation , sont maintenant " moins bien orientés " note l' INSEE . En glissement annuel , la progression du revenu disponible brut des ménages ( RDB ) sera de 2 , 9 % en 2002 alors qu' elle se montait à 4 % en 2001 et à 5 , 9 % en 2000 . Les prix , quant à eux , augmenteront ( en glissement annuel ) au deuxième semestre 2002 , érodant un peu plus les revenus . La consommation , qui a été , avec les exportations , le principal moteur de la croissance et de l' emploi de 1997 à fin 2000 , souffre ainsi aujourd'hui d' une forte incertitude . De plus , le refus d' augmenter sensiblement le SMIC au 1er juillet et donc la chaîne des salaires faibles , enferme nombre d' individus dans des situations très précaires . Une occasion perdue de conforter la croissance par un encouragement à la consommation et donc par des débouchés plus importants pour la production . Pour relancer l' investissement et les embauches , le premier ministre n' a rien trouvé de mieux mieux que la sempiternelle baisse des charges sociales . Celle -ci non seulement dynamite les comptes de la Sécurité sociale ( qui repartent dans le rouge ) , mais elle s' avère contre-productive pour l' investissement et l' emploi . En lançant mercredi en Conseil des ministres son plan " jeunes en entreprise " ( voir l' Humanité d' hier ) , François Fillon fournit tout simplement aux entreprises de moins de 250 salariés une main d' oeuvre sous-formée très bon marché . A l' opposé des charges sociales , ce sont les charges financières ( c' est-à-dire les conditions de remboursement de leurs dettes financières ) de toutes les entreprises quelle que soit leur taille qu' il conviendrait d' abaisser . En effet , l' économie réelle est plombée par les conditions d' endettement catastrophique des entreprises et des États auprès des marchés financiers . Depuis 1991 , les États-Unis ont accumulé un endettement gigantesque qui explose aujourd'hui au rythme de 100 milliards de dollars par an . Dans ces conditions , les États-Unis et l' Europe se livrent une guerre monétaire ravageuse pour attirer les capitaux du monde entier afin de se financer . C' est dans ce cadre qu' il faut comprendre les mesures fiscales et les allégements de charges sociales de Jean-Pierre Raffarin : créer les conditions fiscales favorables à la rentabilité des capitaux ( diminuer l' impôt sur le capital et sur le patrimoine ) pour les attirer . Ce sont donc des fonds publics très importants qui seront utilisés par le gouvernement pour les capitaux , contre le social et l' emploi . A contrario , à l' exemple de ce qui a été fait par la Commission européenne en 1995 - 1996 ( voir l' Humanité du 26 mars ) , il conviendrait d' utiliser efficacement les fonds publics pour amorcer une politique du crédit à très faible taux d' intérêt . Ce type de crédit serait octroyé aux entreprises qui s' engagent à réaliser des investissements productifs créateurs d' emplois stables et correctement rémunérés . Par exemple , les bonifications d' intérêt sélectives ne seraient accordées aux entreprises qu' après vérification , à partir des fichiers URSSAF , de la réalité et de la pérennité des emplois créés . Le crédit des banques et le pouvoir de la Banque centrale européenne , sous contrôle démocratique , seraient utilisés comme un service public de la monnaie . Une monnaie utilisée pour l' emploi et le développement réel des populations et non pour les marchés financiers .