_: Altermondialisation . Fonds de pensions et carte à puce marseillaise Le forum social des Bouches-du-Rhône ( FSD13 ) a , entre autres , examiné le cas d' école de Gemplus ce fleuron de la microélectronique française en voie de restructuration tombé sous la coupe libérale d' un financier texan , la CIA n' étant pas loin . L' économiste Renato Di Ruzza , professeur à l' université d' Aix-Marseille , qui introduisait par une conférence sur les fondamentaux de l' économie capitaliste ces deux journées , vendredi et samedi , d' ateliers entre plusieurs centaines d' altermondialistes marseillais , a cette définition culinaire du libéralisme : " La promesse qu' une omelette est pour bientôt mais qu' en attendant il faut casser des oeufs . " Surtout , pour asseoir le pouvoir du chef , la recette de la dite omelette est de plus en plus sophistiquée jusqu'à en devenir incompréhensible . C' est ainsi qu' il donne à lire à ses étudiants un ouvrage sur l' OM dans lequel il est constaté que deux juges d' instruction et une vingtaine d' enquêteurs spécialisés n' ont pu venir à bout des montages financiers réalisés par Tapie lorsqu' il faisait la tambouille dans cette PME du football . Alors pensez donc avec une " boîte " comme Gemplus , numéro un mondial de la carte à puce , un milliard d' euros de capital , 7 000 salariés dans 50 filiales ! Il s' y met en place cette année un plan dit social de 483 suppressions d' emploi à Gemenos dans la " Silicon Valley " marseillaise qui abritait autrefois la " maison mère " de ce groupe créé par un ingénieur français en 1988 . Un plan qui s' ajoute , en France , avec la fermeture en 2002 du site de Sarcelles , à 416 départs volontaires . Le FSD 13 ( une quarantaine d' organisations avec le soutien d' une dizaine de partis politiques ) a voulu comprendre comment un tel désastre social et économique avait pu se produire dans cette entreprise high-tech où les dirigeants se font verser des salaires annuels qui se chiffrent en millions d' euros . Et partant , quel type de riposte pouvoir organiser , principalement sur le plan syndical . Ce sont d' ailleurs trois syndicalistes , Assia Tria et Frank Casaloni du syndicat autonome ( majoritaire chez Gemplus ) , René Chabrol de la CGT ( longtemps clandestine à Gemenos ) qui sont venus , avec l' aide de Laurent Thevenieau du comité d' organisation du forum , faire l' historique de cette entreprise . Au chapitre des ravages sociaux que peut provoquer le capitalisme financier , rien ne manque , du déménagement du siège social dans le paradis fiscal du Luxembourg à la création de filiales en Suisse pour échapper au droit du travail français en passant par la délocalisation de la production en Pologne et du secteur recherche et développement à Singapour sans omettre les mauvais choix stratégiques de dirigeants obnubilés , après l' introduction en Bourse de la société , par le cours de l' action . Tout cela s' est produit en quelques mois suite à l' ouverture du capital , au prétexte de conquête du marché américain , à un fonds de pensions américain , le Texas Pacific Group ( TPG ) qui , grâce à une alliance avec la famille allemande Quandt ( propriétaire de BMW ) , a pu imposer un nouveau PDG qui s' avère être un ancien dirigeant d' une firme états-unienne InQTel officiellement contrôlée par la CIA . De là à soupçonner qu' un pillage , par exemple , des systèmes informatiques de cryptographie dont Gemplus s' est fait une spécialité , est en cours , il y a un pas que bien du monde a franchi et notamment le sénateur communiste des Bouches-du-Rhône , Robert Bret , qui demande une enquête parlementaire sur l' ensemble du dossier de cette entreprise , sachant qu' elle a bénéficié pour son implantation et son développement de subventions publiques et d' avantages fiscaux conséquents . En attendant cette enquête officielle bien hypothétique - le gouvernement Jospin s' étant refusé à intervenir dans cette nébuleuse privée et le gouvernement Raffarin ayant vidé de son contenu la loi Hue de modernisation sociale - , les salariés continuent à ferrailler , mais le dos au mur . Parfois désemparés , les militants syndicaux déplorent que la préoccupation première des travailleurs , avant l' avenir de l' emploi à Gemenos , soit la " prime à la valise " qui s' avère pourtant être , selon d' autres expériences vécues , un véritable attrape-couillon . Le chacun pour soi aurait -il remplacé la lutte collective ? Un enseignant , militant marseillais d' ATTAC , se disait en tout cas frappé par le déséquilibre entre la délocalisation de Gemplus dans plusieurs pays européens et la localisation du mouvement revendicatif dans un petit coin des Bouches-du-Rhône . Il se demandait si , à l' instar des dockers qui de Marseille à Stockholm viennent de faire leur première eurogrève , il ne faudrait pas en venir à une mondialisation des luttes syndicales . C' est , parmi d' autres sur la guerre et la paix , l' un des messages forts que porteront les cent cinquante Marseillais qui grâce aux collectes réalisées en partie durant ce FSD 13 se rendront en car " mettre le feu au lac " Léman avant le sommet du G8 . Pour le déplacement du 31 mai au 1er juin à Évian avec le FSD 13 , renseignements et inscriptions au 04 95 05 10 10 ou 06 62 77 11 86 . Mél : g8-illegitime@voilà.fr