_: Privatisation . La libéralisation à marche forcée dans les télécoms Le projet de loi concernant le secteur des télécoms passe aujourd'hui devant l' Assemblée nationale . CGT , FO et SUD ont appelé à une grève nationale . Direction et gouvernement veulent mettre France Télécom aux normes concurrentielles . Le secteur des télécoms est considéré comme juteux . Aller vite et passer en force , tels sont les préceptes d' une direction pressée d' en finir avec le statut public de France Télécom . Le projet de loi présenté aujourd'hui par le gouvernement à l' Assemblée nationale est modelé pour cet objectif . Il concerne l' opérateur historique pour deux aspects essentiels . L' une des dispositions phares du texte est le titre III : il permet à l' État de descendre sous la barre des 50 % dans le capital de France Télécom . L' autre disposition importante , concernant le caractère public de l' entreprise , est contenue dans le titre II relatif au statut des fonctionnaires de France Télécom . Après une mise en Bourse en 1999 , il ne restait plus à l' entreprise que d' en finir avec cette présence embarrassante de l' État . Jacques Chirac Chirac et Jean-Pierre Raffarin ont donc décidé d' y remédier , en allant au-delà des directives européennes , qui ne réclament pas forcément une privatisation . En réalité , la taille et les compétences d' un opérateur comme France Télécom sur un secteur en pleine expansion intéressent beaucoup de fonds de pensions ou d' autres grands opérateurs internationaux . Selon l' Agence de régulation des télécoms ( ART ) , le marché des télécoms a encore augmenté au deuxième trimestre 2003 ( + 6 , 5 % , c' est-à-dire 8 , 8 milliards d' euros ) et devrait atteindre 40 , 6 milliards d' euros d' ici 2007 . Dans un contexte où le nombre d' opérateurs réduit les parts de marché , il faut certainement attendre un mouvement de concentration du capital . Ici , la présence de fonctionnaires est donc considérée comme un " handicap " pour France Télécom face à des concurrents imposant des normes très flexibles des conditions de travail . Dès 1997 , l' entreprise a mis un terme à leur embauche . L' entreprise , qui compte 106 000 fonctionnaires pour près de 30 000 contractuels , devrait continuer à vivre pendant trois décennies avec ce double statut de contractuels-fonctionnaires . Marché juteux France Télécom , dont le but est de s' aligner sur les normes concurrentielles , a fait pression pour ne plus supporter les missions de service public . C' est le titre I du projet de loi qui autorise l' attribution des " composantes du service universel " par " appel à candidatures " aux différentes entreprises . Mais ce qui intéresse les opérateurs , ce sont certainement les segments qui rapportent beaucoup , telle la vente de gros . Avec le dégroupage de la boucle locale qui permet aux entreprises autres que l' opérateur historique d' accéder aux " clients domestiques " en bout de chaîne , certains auraient voulu récupérer la gestion des abonnements détenue aujourd'hui par France Télécom . Une clause allant dans ce sens , qui avait été introduite par les sénateurs de l' UMP , a été finalement supprimée par intervention de Francis Mer . La bataille dans le secteur est donc largement engagée . Mais le texte de loi présenté par le gouvernement vise à en accélérer le processus . L' ouverture du secteur des télécoms à la concurrence , après dix ans , est catastrophique . En termes d' emplois , le secteur des télécoms compte aujourd'hui , avec une dizaine d' entreprises , moins de salariés qu' en 1992 où France Télécom était le seul opérateur . Le type de gestion tend à être le même partout . La rentabilité exigée par les actionnaires pèse fortement sur l' emploi . C' est ce qui avait poussé la CGT , la CFDT , FO , la CFE-CGC , la CFTC et SUD à des actions unitaires le 21 octobre dernier lors du passage du texte devant le Sénat . Aujourd'hui , les syndicats CGT , SUD et FO appellent à une grève et un rassemblement devant l' Assemblée nationale pour signifier aux députés de droite que les télécoms sont un service public .