_: Electronique . Les téléviseurs Thomson seront chinois Thomson a annoncé hier un " partenariat stratégique " avec l' entreprise chinoise TCL . Le groupe français finit ainsi de se débarrasser de ses activités de production . " Made in China " . Ce sigle , si familier sur les étiquettes des vêtements , va bientôt pouvoir s' inscrire aussi au fronton des télévisions achetés en France . Hier matin , le français Thomson , " grand " de la production de téléviseurs en Europe , a signé avec le chinois TCL , " géant " de la production multimédia et électronique en Asie , un " partenariat stratégique " concernant la fabrication et la distribution de téléviseurs et de lecteurs DVD . Charles Dehelly , PDG de Thomson , avait annoncé depuis neuf mois qu' il recherchait " un partenaire en Chine " - qui fabrique déjà un tiers des télévisions de la planète - , pour finir d' externaliser la production de ses " produits grand public " , jugés non rentables . Conséquence de l' adhésion de la Chine à l' Organisation mondiale du commerce , l' ouverture du marché européen aux produits chinois sera totale en 2007 . La direction du groupe Thomson vient donc de sceller le mariage avec TCL afin que la force de frappe de la nouvelle société , baptisée TCL-Thomson , puisse inonder le monde de quelque 18 millions de téléviseurs et de 3 à 4 millions de lecteurs DVD par an , soit une quantité équivalente aux concurrents Sony et Philips . " Nous serons les seuls producteurs , leader à la fois sur les marchés européens , nord américain et chinois , ce qui est un avantage essentiel " , a indiqué le directeur financier de Thomson Julian Waldron . Contrôle chinois à 67 % L' union prend la forme d' une co-entreprise qui devient leader mondial , avec un chiffre d' affaire de quelque 3 milliards d' euros . Le joint-venture réalisé prévoit que le partenaire chinois TCL contrôle 67 % du capital et la présidence de la nouvelle société tandis que l' actuel PDG de Thomson va s' asseoir dans le fauteuil de la vice-présidence . L' entreprise française , avec 33 % du capital , est minoritaire . Elle apporte au couple ses sites de production de téléviseurs mexicains , polonais et thaïlandais , son activité de lecteurs DVD et ses centres de recherche et développement . Thomson , qui engage 9 000 salariés dans ce pacs , devrait préserver " la propriété de ses marques , sa propriété intellectuelle et sa force de marketing " , selon le communiqué de la direction . Au-delà de ce partenariat , Thomson avoue espérer " profiter de sa présence en Chine pour saisir les opportunités offertes par ce marché en forte croissance pour les divisions composants , licences , contenus et réseaux " . Les deux groupes ont indiqué avoir l' intention d' introduire en bourse dans les 18 mois une partie de la co-entreprise , permettant à TCL de redescendre dans le capital tout en demeurant principal actionnaire , alors que Thomson en conservera 30 % . Par cette alliance , Thomson parachève la mutation industrielle du groupe . " Le profil d' activité et les perspectives de Thomson sont profondément modifiés par cet accord " , affirme Charles Dehelly . La Bourse a immédiatement réagi à ce que le monde des affaires prend pour une bonne nouvelle : se débarrasser , sans avoir à verser de cash , du métier premier , celui de l' électronique grand public , de la fabrication des téléviseurs , magnétoscopes et DVD . Brader la production industrielle a fait grimper l' action de 5 % dès l' ouverture hier . Entreprise sans usine Depuis 2001 , sous l' impulsion d' abord de Thierry Breton ( aujourd'hui PDG de France Télécom bientôt totalement privatisé ) , puis de Charles Dehelly , Thomson se restructure en profondeur et n' échappe pas aux mouvements opérés par tous les grands groupes industriels : délocaliser la production vers les pays à bas coût salariaux . Thomson ne fait qu' appliquer les préceptes libéraux qui prévalent et que le PDG d' Alcatel , Serge Tchuruk , a qualifié " d' entreprise sans usine " . En Europe , les principaux sites de production de téléviseurs se trouvent en Pologne et en France , à Angers , réunit hier en comité d' entreprise . L' intersyndicale CGT , CFDT , FO cherchait à obtenir des garanties concernant l' objectif affiché par le projet d' accord de faire évoluer le site du Maine-et-Loire vers un " pôle à haute valeur ajoutée " . Les quelque 1 100 salariés d' Angers , habitués à monter des téléviseurs ou fabriquer leur habillage vont être soumis à des mesures de reconversion , sans doute pour produire les écrans plats . L' alliance avec la société chinoise permet , en fait , à Thomson de changer totalement de métier , en misant sur le développement des services technique à l' industrie de l' audiovisuel , notamment la duplication de DVD ou la fourniture d' équipements professionnels pour les chaînes de télévision . Aujourd'hui , le groupe français est numéro un ou deux mondial sur tous ses métiers qui concerne la " chaîne de l' image " , sauf sur celui du téléviseur où il occupe seulement la neuvième place . Depuis trois ans , Thomson met donc tous ses oeufs dans le même panier des technologies numériques . En 2000 , l' entreprise a acheté Technicolor , spécialiste américain de traitement des films pour les studios d' Hollywood . En 2002 , elle s' est accaparé Grass Valley , société californienne spécialisée dans le numérique . Aujourd'hui , le pacte chinois finalise cette entreprise nouvelle , fidèle aux nouveaux critères de division internationale du travail de confier la production aux pays à bas coût salariaux . Mettre sur pieds un groupe technologique à haute valeur ajoutée , sans production , est pourtant un pari plus que risqué .