_: Femmes libres d' Iran , du Maroc et d' ailleurs ... C' est en femme libre , sans le voile que la loi islamique l' oblige à porter en Iran , que Chirine Ebadi ira chercher son prix Nobel à Oslo . Il y a des dates qui , soudain , entrent dans l' histoire . Ainsi , il faudra désormais retenir celle du vendredi 10 octobre . Ce jour -là , deux nouvelles inattendues sont venues nous surprendre : l' attribution du prix Nobel de la paix à la militante iranienne Chirine Ebadi , et l' annonce faite par le roi du Maroc Muhammad VI d' une profonde réforme démocratique du Code de la famille dans son pays . Deux nouvelles réjouissantes , qui remplissent d' émotions toutes celles et ceux qui , dans le monde , luttent sans relâche pour les libertés et les droits à l' égalité . Chirine Ebadi est une combattante , une militante courageuse de ce qu' il est convenu d' appeler " les droits de l' homme " , ironie des mots qui portent encore le poids de toute une histoire de domination masculine . Chirine Ebadi , elle , ne choisit pas . Son combat est celui de tous les droits humains , dans un pays en butte à l' obscurantisme d' un pouvoir islamiste rétrograde . Cette avocate , qui dut renoncer aux fonctions de juge parce qu' en République islamique d' Iran une femme est considérée comme trop " émotive " , n' a jamais renoncé , qu' il s' agisse de défendre les prisonniers politiques , de réclamer l' interdiction de la lapidation ou de l' amputation des membres , de demander l' égalité des deux sexes ... Aujourd'hui , son prix est un encouragement , un message d' espoir qu' il faut saluer . Elle ira chercher son prix , à Oslo , sans porter le voile que la loi islamique l' oblige à porter en Iran , comme elle nous le déclare dans l' entretien qu' elle nous a accordé . Un voile dont une autre Iranienne , l' écrivain Chahdortt Djavann , contrainte à le porter durant toute son adolescence , nous disait récemment l' inhumanité : " Quoi de plus injuste , de plus aliénant , que d' infliger à une adolescente l' enfermement sous le noir et la honte de son corps parce qu' il est féminin ! " C' est donc en femme libre que Chirine Ebadi recevra son prix . Au moment même où cette annonce surprise était connue , une autre nouvelle , cette fois venue du Maroc , provoquait la joie parmi les femmes et les démocrates . Le jeune roi Muhammad VI annonçait devant le Parlement une révolution du Code de la famille , qui , à l' inverse de toutes les revendications islamistes , supprime " l' obéissance de l' épouse à son mari " inscrite dans le code actuel pour y substituer " la responsabilité conjointe des deux époux " sur la famille . Des piliers de la domination machiste , comme l' autorisation du père ou du frère pour se marier , l' âge légal du mariage pour les filles à quinze ans , la polygamie ou la répudiation , sont remis en cause . Là encore , comment ne pas saluer ce geste fort et courageux , dans un pays menacé par la montée du danger islamiste ? Quelques semaines après l' annonce de la vie sauve pour Amina Lawal , jeune Nigériane menacée de mort pour adultère , ces deux événements confortent le combat universel engagé , depuis la conférence mondiale de Pékin , contre toutes les violences faites aux femmes , pour l' égalité des droits sur toute la planète . Mais pour tenir leurs promesses , ces gestes émancipateurs en appellent d' autres . Au Maroc comme en Iran , un appui résolu et déterminé à toutes les énergies , toutes les forces démocrates , est nécessaire . Ces forces ont besoin de solidarité , non de tutelle occidentale qui dirait le bien et le mal . Pour lutter durablement contre l' obscurantisme , les peuples , les femmes et les hommes du Maroc , d' Iran et d' ailleurs n' ont pas besoin de modèles , mais de progrès social , de culture , et de libertés . De toutes les libertés .