_: L' aiguille de la boussole ( En suivant les oscillations de la boussole de Matignon , on trouve confirmation que son point d' aimantation , c' est la France d' en haut ! ) Co-mmu-ni-quer ! Le premier ministre en vacances ne veut surtout pas se faire oublier . Il invite à dîner une journaliste , rédige une tribune pour un quotidien de province , rencontre la presse au pied des cimes ... Pour atténuer l' impact des " mesures sévères " qu' il programme pour la rentrée , Jean-Pierre Raffarin se multiplie . En plaçant sa politique sous le signe des quatre points cardinaux , dans la tribune qu' il a publié hier dans Sud Ouest , il confesse en quelque sorte cet objectif de propagande tous azimuts . Pour cela , le chef du gouvernement ne rechigne pas devant la démagogie . Ainsi présente -t-il son Sud comme celui " du cour , de la jeunesse dont l' ensemble de la société ne peut se priver " . Il ne veut tellement pas s' en priver , de cette nouvelle génération , qu' il entend la garder à l' ombre . Pendant six mois , quand un élève aura insulté un prof . C' est certes inadmissible , cela doit évidemment donner lieu à sanction , mais la disproportion de la peine encourue éloigne de toute ambition éducative . C' est ce que dénoncent dans nos colonnes les syndicats d' enseignants , les associations familiales et les lycéens . Ils sont à l' unisson de l' opinion qui rejette majoritairement cette chasse à l' enfant . La même hostilité du gouvernement à l' égard de la jeunesse s' exprime avec l' institution des centres fermés pour les mineurs délinquants . Les professionnels , des juges aux éducateurs , s' inquiètent également qu' au lieu d' aider ces adolescents à retrouver des repères solides , on les destine à l' enfermement carcéral , trop souvent " école du crime " . Mais , visiblement , Jean-Pierre Raffarin a décidé de faire vibrer les cordes populistes , de faire des jeunes dans leur masse les boucs émissaires d' une société plus inhumaine . C' est là border le lit d' une extrême droite qui avait fait son profit du discours sécuritaire des amis de Jacques Chirac . Comme si , pour faire plus reculer l' insécurité , il ne fallait bien plus d' efforts et dans des domaines plus variés , que l' usage aveugle du bâton ! En revanche , en suivant les oscillations de la boussole de Matignon , on trouve confirmation que son point d' aimantation , c' est la France d' en haut ! Baisse des charges patronales ou de l' impôt sur le revenu à destination des gros portefeuilles , réforme de l' État qui se traduirait par une réduction des dépenses sociales et une diminution du nombre des fonctionnaires , remise en cause des 35 heures , cadeaux somptueux aux marchés financiers avec l' annonce de la privatisation d' Air France , d' EDF et de GDF ... , la liste n' est pas close , c' est son aiguille qui vous le dit . Tout cela coûtera fort cher à la collectivité nationale et devra bien être payé . La croissance déjà anémiée et donc l' emploi en seront les premières victimes avec ces smicards à qui un coup de pouce sur les feuilles de paie a été refusé . Les ministres s' accordaient , pour leur part , une hausse de salaires comme nul autre n' en peut rêver , sauf peut-être à la tête des multinationales . Plus grave encore peut-être , c' est l' avenir qui réglera l' addition . En envisageant , par exemple , de réduire drastiquement les crédits destinés au ferroutage , en préparant l' abandon de la liaison Lyon-Turin ou d' axes ferroviaires rapides , le gouvernement hypothèque la vie des générations futures . Qui ne voit pourtant que la croissance sans frein du trafic routier et notamment poids lourds engorge nos routes , multiplie l' hécatombe , pollue aussi ? L' ambition d' un développement durable a déjà jauni au mur des promesses électorales du candidat Chirac . Ce n' est pas la seule ...