_: Une méfiance fondée ( Le collapsus sanitaire de l' été a joué le rôle de révélateur des impasses dans lesquels la droite au pouvoir nous conduit . ) " Tout va très bien , Madame la marquise " , assure Luc Ferry . Le seul fait que l' Éducation nationale ne soit pas paralysée par une grève dès la rentrée suffit à le combler au point qu' il n' a pas repéré que , mercredi prochain , une journée d' action est organisée par les syndicats de l' enseignement . Ces premiers jours de septembre sont bien moroses pour le gouvernement Raffarin . Aujourd'hui , les intermittents multiplient les actions . Hier , Jean-Pierre Raffarin assurait que ses choix budgétaires étaient arrêtés , mais il se gardait bien de les afficher en détails . De combien , en effet , baisser les impôts ? Ébranlé par les secousses des réalités économiques , le dogme libéral est contesté jusque dans les rangs de la droite où l' on ne se dépêtre pas des trois termes de la contradiction : si on baisse les impôts , le déficit budgétaire s' aggrave ; s' il se creuse , la promesse de Maastricht de le maintenir en dessous de 3 % est bafouée ; pour réduire le budget , il faut s' en prendre aux dépenses publiques et donc à une majorité de Français . Mauvais pour le moral des ménages , désastreux pour l' activité économique . Le collapsus sanitaire de l' été a joué le rôle de révélateur des impasses dans lesquels la droite au pouvoir nous conduit . La compassion tardive manifestée par le président de la République , hier , devant le carré des indigents du cimetière de Thiais , n' efface pas l' incurie ministérielle face à la canicule . Alors que Jean-François Mattei engage une réforme de l' assurance maladie et se penche sur la situation des personnes âgées , les Français sont fondés à craindre que ce soit pour le pire et non pour le meilleur . Là encore c' est d' une politique à l' économie qu' il est question - celle -là même qui s' est tragiquement mise en lumière dans les hôpitaux - , d' une logique de comptable qui fait bon marché des malades et transfère toujours plus sur les salariés des coûts qui augmenteront fatalement . Il est absolument illusoire , dans une société moderne , d' envisager de bloquer les dépenses de santé ou celles destinées aux personnes âgées . Ou alors , c' est d' un retour à la barbarie - celle du plus fort et du mieux portant - qu' il est question . Rien d' étonnant à ce que notre sondage CSA constate que la santé est le sujet le plus préoccupant pour les Français ( 55 % ) avec les retraites ( 43 % ) , dossier où ils ont pu mesurer récemment ce qui inspire la droite . Ils n' ont pas confiance en Jean-Pierre et son équipe " pour améliorer la situation sociale " ( 53 % contre 41 % ) et parient sur une multiplication des mouvements sociaux dans les mois qui viennent ( 80 % ) . Deux domaines font l' objet d' une méfiance particulière : l' emploi ( 62 % ) et le pouvoir d' achat ( 64 % ) . Inexorablement , la courbe du chômage s' élève - malgré les radiations par paquets - et les plans sociaux s' additionnent . Hier encore , Tati , 300 emplois dans la balance ; Palace Parfums et ses 47 salariés avec un patron qui s' est évanoui dans la nature en emportant les machines ; Futura France ( Singer ) et ses 700 salariés en redressement judiciaire ; STMicroelectronics - 456 salariés et 111 intérimaires - où le groupe franco-italien a tenté , hier lors du CCE , d' imposer un plan social ... Une nouvelle fois , et contrairement à ce que ressassent UMP et MEDEF , un rapport de la CNUCED montre que la France est un des pays qui attirent le plus les investissements étrangers . Mais , devenant un pays de bas salaires où les placements sont plus rémunérateurs que l' industrie , la France ne peut se réjouir de cet afflux de capitaux . Ils sont le plus souvent parasites . André Maurois écrivait : " les gouvernements ont l' âge de leurs finances , comme les hommes ont l' âge de leurs artères " . Dans ce cas , celui de Jean-Pierre Raffarin peut craindre les canicules sociales .