_: Une " supernana " généreuse et populaire Arts plastiques . Formidable rétrospective au Musée d' art moderne et d' art contemporain de Nice ( MAMAC ) de l' oeuvre de Niki de Saint-Phalle , dont certaines sculptures monumentales sont en outre installées sur la Promenade des Anglais . L' artiste franco-américaine , parce qu' elle a trouvé sa vocation sur la Côte d' Azur , a fait don de 170 oeuvres à la ville de Nice et au MAMAC , lequel invite le plus large public à explorer son univers poétique durant les beaux jours de 2002 . Gilbert Perlein est un directeur de musée comblé . Depuis que Niki de Saint-Phalle a fait à la Ville de Nice , le 11 octobre dernier , la donation de 170 pièces dont 63 peintures et sculptures - un trésor estimé à plusieurs dizaines de millions d' euros - , le MAMAC est devenu le principal pôle de référence français de l' oeuvre d' une artiste parmi les plus populaires de la planète . Et surtout , après les rétrospectives de Klein et d' Arman l' an dernier , celle d' une autre adepte du nouveau réalisme , ouverte depuis la mi-mars et jusqu'à la fin de l' été , a déjà été visitée par plusieurs dizaines de milliers de curieux et devrait conforter la réputation de dynamisme pédagogique du jeune musée niçois d' art moderne . Mais pourquoi la généreuse artiste , qui passe le plus clair de son temps à San Diego ( Californie ) , a -t-elle accordé sa confiance à Nice , dont le maire Jacques Peyrat a montré qu' il était plus enclin à faire apprécier à ses concitoyens la " musique " des traîneurs de sabre que l' humanisme de l' art contemporain ? Née à Neuilly-sur-Seine avant guerre , d' un père banquier français et d' une mère américaine , Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle est victime d' une grave dépression en 1953 après avoir connu quelques succès comme modèle et comédienne et mis au monde une première fille , Laura . Admise à l' âge de vingt-trois ans dans un hôpital psychiatrique de Nice , elle s' en sortira grâce à la peinture . Dès lors elle n' aura de cesse de se débarrasser de toutes les camisoles de force intellectuelles . Devenue " Niki " , la jolie et conformiste petite bourgeoise à la double culture , sans jamais s' engager politiquement sauf contre la guerre , épousera toutes les mouvements évolutifs de son siècle . Elle fut une femme en liberté et une féministe dans un milieu de génies masculins , voire machos : Picasso , Braque , Dali et ceux de l' école de Nice . Elle s' épanouit en tant qu' artiste en rupture et en recherche dans une sorte de no man's land humaniste entre le nouveau réalisme européen ( dont le manifeste signé notamment par Yves Klein est publié en 1960 ) et le pop art américain ( dont l' un des chefs de file était alors Andy Warhol ) , qui essaimera durant la guerre du Vietnam . Les 325 oeuvres ( c' est presque trop ! ) dont les 170 issues de la donation , présentées au MAMAC permettent de situer clairement ces évolutions et ces percées d' une artiste prolifique dans le brouillard de l' après-guerre où peintres et sculpteurs s' interrogent tous - sauf peut-être Picasso qui ne cherchait pas , lui , mais qui trouvait - sur le devenir des arts plastiques . Niki de Saint-Phalle , qui veut , comme le dit Gilbert Perlein , " créer , penser , aimer , vivre différemment " , commence dès la fin des années cinquante par des " assemblages " : elle pique dans les poubelles de la société de consommation des déchets du réel , qu' elle intègre dans le champ pictural issu de son imaginaire . La fin de cette période initiatique au réalisme se terminera par la création d' oeuvres toutes blanches , des entités uniques fabriqués à partir d' objets usuels les plus divers . Plus séduisante et intrigante sera par la suite la série des " tirs " , portant l' idée sous-jacente de faire " saigner la peinture " comme si le tableau était un être vivant . Niki de Saint-Phalle , admise de ce fait dans le cercle des nouveaux réalistes , dispose des poches de couleurs sur du blanc ( peinture ou plâtre ) , à coté d' aliments ( spaghettis , tomates ... ) , d' objets de récupération ( peignes , couvercles ) , ou quelquefois derrière des poupées souffrantes en habit de mariée , et invite d' autres artistes , tout autant que des béotiens - le premier tireur en 1961 sera le tenancier parisien d' une baraque foraine - , à faire des cartons à l' aide d' une carabine à plomb ou d' un pistolet . Viendront enfin , au sortir des guerres coloniales contre lesquelles l' artiste s' est dressée , avec notamment son Autel OAS 62 , des années de création plus optimiste , en tout cas accouchant d' oeuvres beaucoup plus colorées . Niki de Saint-Phalle invente , manifestement en jubilant , ses " Nanas " , êtres féminins à la fois obèses et aériens , archaïques comme des Vénus préhistoriques et modernes comme des modèles d' Yves Saint-Laurent . Viendront s' ajouter à celles -là des sculptures monumentales en hommage aux " minorités " que l' artiste , dont la renommée est devenue alors internationale , entend défendre : totems à la façon des Indiens des déserts américains , statues d' artistes noirs descendants d' esclaves . Dans le même temps , elle crée tout un bestiaire , collection d' étranges monstres tout droit sortis de contes et légendes d' Orient . Pour être exhaustif - mais était -ce possible avec un tel " sujet " ? - , le MAMAC aurait du installer l' un de ces jardins aquatiques peuplés d' étranges machines animales que Niki de Saint-Phalle avait réalisé avec son mari le sculpteur sur métal Jean Tinguely ( décédé en 1991 ) à Florence ou à Paris . Plus précisément devant le centre Beaubourg , où la dernière grande rétrospective en France des oeuvres de cette " supernana " , populaire mais peu exposée , avait été présentée juste avant l' élection présidentielle de 1981 . Jusqu'au 27 octobre 2002 . Au MAMAC de Nice . Promenade des Arts . Tél. : 04 93 62 61 62 . Ouvert tous les jours , sauf les mardis et jours fériés , de 10 heures à 18 heures . Entrée 3 , 8 euros , réduit 2 , 3 euros , visite guidée 3 euros . Remarquable catalogue abondamment illustré , en français et en anglais , préfacé par Gilbert Perlein et Pierre Restany .