_: ETATS GENERAUX . La culture , un bien public Réunis au Zénith toute la journée de dimanche , artistes , techniciens du spectacle , chercheurs , enseignants ont débattu sur la place publique de la culture . Comme un coup d' envoi aux multiples actions qui vont se dérouler toute cette semaine dans le pays . Le cri d' alarme des intermittents cet été a révélé un malaise plus profond que le seul remaniement de l' assurance chômage des professionnels de la culture , suffisamment grave à lui seul pour provoquer inquiétude et colère . Il est apparu très vite que l' enjeu était au-delà des annexes VIII et X ; que la tentative de dégraissage massif de la population artistique - commanditée par le MEDEF et entérinée par le gouvernement - posait la question non seulement des métiers artistiques et de leur validité , mais pointait du doigt une réflexion jusque -là rarement envisagée sous cet angle , sur la notion même du travail et de sa définition . Pour les artistes mais pas uniquement ; tout comme celle de la place de la culture dans notre société , jadis évidente parce qu' émanant aussi d' une volonté politique jusqu'au plus haut sommet de l' État , aujourd'hui passée sous silence alors qu' il n' y a jamais eu autant de spectacles , de festivals et ... d' artistes . Face à un gouvernement resté inflexible jusqu'ici , personne n' est dupe : la suppression de plus d' un tiers des professionnels du spectacle vivant , du cinéma et de l' audiovisuel s' accompagnera inexorablement de la baisse de créations et modifiera le paysage de cette même création . Des assemblées générales , des débats qui ont accompagné ce mouvement , de nombreuses questions ont émergés , nombre d' inquiétudes et d' exigences aussi . De nouvelles orientations culturelles sont bel et bien à l' oeuvre : quelles seront par exemple les conséquences du mécénat sur les budgets publics ? Comment les musées dans le cadre de la réforme qui leur est appliquée feront -ils face à la nécessité de trouver des ressources propres ? On sait que le nombre des monuments historiques dépendants d' un financement d' État a déjà baissé . On se demande aujourd'hui s' il n' y aurait pas trop de théâtres . Les emplois-jeunes qui ont fait la preuve de leur utilité ont disparu , comme ont été supprimées les classes à projets artistiques et culturels . Enfin , et la liste n' est pas exhaustive , qu' en sera -t-il de la décentralisation et du lourd rapport des charges de l' action artistique et culturelle sur les collectivités territoriales , qui portent déjà la plus grande partie du financement de la culture en France . N' oublions pas les offensives américaines qui se multiplient pour faire entrer la culture dans le secteur des services négociables au sein de l' OMC . On comprend devant ce sombre tableau , dont toutes les lignes n' ont pas été dessinées ici , que les acteurs et les défenseurs de la culture se plongent dans une recherche active d' alternatives à ces menées néfastes . Malgré les jours écoulés , les tentatives - vaines - du gouvernement de calmer le jeu en bottant systématiquement en touche : organiser des assises alors qu' elles ont lieu en ce moment même ici , au Zénith , mais aussi partout , dans de nombreux théâtres , la mobilisation se poursuit , sous d' autres formes . Les actions spectaculaires dans un premier temps ont laissé place , aujourd'hui , à d' autres plus apaisées mais toujours aussi nombreuses . Et qui dit invisible ( au sens médiatique ) oublie que la pensée et la réflexion empruntent d' autres chemins que les seuls réseaux hertziens . Rencontres , prises de parole , projections de films abondent ça et là . Le Zénith organisé par les États généraux de la culture a eu l' audace et la pertinence de relever le défi , en faisant se rencontrer artistes , techniciens , philosophes , sociologues , enseignants , syndicalistes , archéologues pour créer - recréer - des passerelles " entre la société et le monde de l' imaginaire " , comme le disait si justement Jack Ralite dans un entretien accordé à l' Humanité , le 2 octobre dernier .